Photo : Fouad S. C'est à l'heure ou le mouvement commence à prendre fin aux alentours du centre commercial de Bab Ezzouar et de la cité de jeunes filles, situés pas loin de la SIA, que celle-ci devient une véritable ruche. Même celui qui écoulera ses sandwichs et ses boissons dans cette ruelle, qui d'ailleurs, manque de toutes les commodités est déjà sur place. Il règle ses horaires sur ceux des travailleurs et techniciens attendant les versions électroniques des quotidiens. Les premiers arrivés sont les premiers servis. Les pages commencent à arriver une par une des deux lignes dédiées à la réception dès 17 heures. Elles sont sécurisées et disponibles. La Société d'impression d'Alger (SIA) entreprise autonome née en 1991 de la restructuration d‘Echaâb Presse, qui assurait alors avec El Moudjahid presse l'impression des journaux et revues. Près d'une vingtaine d'années plus tard, elle tire chaque jour 53 quotidiens et des magazines et hebdos en langue arabe et française. «Entre 750 000 et 850 000 exemplaires en moyenne» selon M. Hamlaoui, directeur technique à la SIA. Elle gère aussi une imprimerie à Ouargla de moindre capacité et s'apprête à réceptionner dans quelques mois celle de Béchar. Elle envisage également de se lancer dans l'édition. D'ores et déjà, elle assure l'impression des livres de l'ONPS dans un hangar distinct. GAIN DE TEMPS Nous sommes au service Prés presse dont le chef de service, M. Fouaniss nous présente le matériel qui nous permet explique t-il depuis 2003 «de frôler l'instantanéité en matière d'impression». S'il fallait quarante à cinquante minutes pour envoyer au tirage un journal, le temps a été réduit à sept minutes. Le recours à l'ordinateur et autres machines de traitement de l'image et de la couleur a réduit considérablement le temps de fabrication d'un journal. «Certains appareils ajoute M. Fouaniss sont le dernier cri de la technologie». D'anciens métiers comme les linotypistes ou photograveurs qui s'échinaient à user des lettres en plomb pour composer une page ont disparu. Ils se sont reconvertis pour maîtriser les CTP de grandes machines qui donnent sa première forme au journal en ayant sélectionné les couleurs et procédé au flashage des plaques des plaques. On découvre dans cette aile des techniciens perchés sur leurs écrans. «Le premier lit en quelque sorte la première version reçue dont il cherche à contrôler l'intégrité technique. Il cherchera à «rattraper» les erreurs en appelant au besoin les rédactions. «Seuls quatre ou cinq journaux sur la place d'Alger maitrisent cet aspect technique qui concerne notamment l'utilisations des couleurs. Nous avons certes un matériel dernier cri, mais nous ne maîtrisons pas la chaîne graphique qui commence dans les journaux» nous dit un technicien. Le journal qui à ce niveau sort sous forme de plaques a été visualisé sur écran au CTP puis au RIP. ENTRE ROTATIVISTES ET FICELEURS L'ambiance change brusquement dans ce vaste hangar. Les machines de production occupent le sol mais il faut lever les yeux car les lignes obstruant le toit forment un enchevêtrement métallique. Les rouleaux de papier sont visibles un peu partout. Le bruit est assourdissant et la sonnerie annonçant le lancement de l'impression d'un titre est un véritable répit. Si avant il n'y avait qu'une seule ligne, aujourd'hui, elles sont au nombre de cinq dont deux assurent le tirage de 45 000 exemplaires à l'heure. La SIA assure le tirage simultané de cinq journaux. Pas de répit pour ces travailleurs et pour surveilles les opérations, l'on trouve au pupitre des commandes, une sorte de vigie de verre, celui qui à la charge de «doser» les couleurs, contrôlant les pages, les déchets de l'ordre de 200 exemplaires pour un tirage de 2000. Un info système qui permet de tout contrôler. Une sorte de cerveau qui a l'œil sur tout. Le préposé à la tâche ne quitte son siège que lorsque comme des vagues les exemplaires tombent entre les mains des premiers lecteurs que sont ces rotativistes. Ils ne sont pas les seuls à arpenter les lieux. On découvre un métier qui parait anachronique dans cet univers ou la machine et l'électronique sont rois. Il existe encore des «ficeleurs» dont la mission est d'empaqueter les exemplaires, de les compter un à un. Un travail éreintant et surtout mal payé. «On peut concevoir une telle tâche pour un journal qui tire à deux mille exemplaires (ca existe) mais quand vous avez à compter plus de 200.000 exemplaires, c'est un travail fastidieux et éreintant» se plaint l'un d'entre eux. Un autre nous a affirmé qu'il est là depuis 1992. «J'arrive à 19 heures et je repars aux environs de deux ou trois heures du matin, une fois que les livreurs aient reçu les paquets. Je reçois 20.000 DA mais il y a des collègues qui touchent moins que le SMIG et qui ne sont même pas déclarés. Un autre surenchérit «Le directeur qui dirige un journal qui réalise des ventes importantes a résilié notre contrat et a cessé au passage de nous déclarer à un sous traitant». Une autre forme d'exploitation peu visible et ignoré. Vers minuit, les rotatives ont presque cessé de tourner. Les journaux sportifs ont été tirés mais une équipe de permanence reste sur place. Les alentours de la SIA deviennent de plus en plus fébriles. Une noria de camions et de fourgons chargent les paquets Bien avant les premières lueurs de l'aube, les premiers engins s'élanceront vers Djelfa.