Obstacle n La considération du port de poche de stomie comme un tabou social entrave la bonne prise en charge des malades, a révélé hier à l'APS le président de l'Association des stomisés d'Algérie (ASA). Rachid Zergui a expliqué que cette pratique médicale qui s'impose à certaines patients suite à des actes chirurgicaux ou certaines maladies, (cancers colorectaux et viscéraux ou la maladie de Crohn), est «tabouisée» par les malades qui refusent de s'afficher et par conséquent de se faire aider. «Les patients que nous prenons en charge à la clinique des stomisés Mohamed-Boudiaf de Tizi Ouzou, mise en service en 1993, ne se présentent pas personnellement et préfèrent envoyer des tierces personnes pour leur procurer des poches», a-t-il fait savoir, signalant que d'autres réservent un refus catégorique à toute proposition d'aide pour éviter de se faire connaître. Il a affirmé que l'association distribue à titre gracieux des poches à un millier d'usagers, mais ce chiffre est, selon lui, loin de refléter la réalité sur le nombre de malades stomisés existants, sachant que beaucoup d'entre eux préfèrent prendre leur mal en silence et recourir à des moyens de bord (les sachets de lait pasteurisé) pour gérer leur situation, qu'elle soit chronique ou temporaire. L'ASA œuvre depuis sa création en 1987 à l'accompagnement de cette frange sociale sur tout le territoire national à travers l'installation de bureaux locaux et l'approvisionnement en moyens médicaux. Un objectif qui se heurte à l'inconscience des malades et leur refus d'adhérer à la démarche, a-t-il regretté. Il existe une dizaine de structures actuellement opérationnelles sur le territoire national, notamment dans les wilayas de Saïda, Mostaganem, Sidi Bel-Abbès, Tlemcen et Mascara, a signalé M. Zergui. Dans la perspective de sensibiliser et d'informer les malades concernés (des cancéreux dans 90% des cas), l'ASA prépare une caravane nationale de sensibilisation, qui sillonnera toutes les wilayas du pays à partir de septembre prochain. «Nous voulons nous rapprocher de cette catégorie de personnes et leur expliquer que le port de ces pochettes est loin de constituer un tabou et qu'ils doivent s'organiser dans des bureaux locaux pour faciliter leur prise en charge et leur dotation en exigences matérielles, surtout que les poches ne sont pas accessibles à tous les malades vu leur cherté et les pénuries occasionnelles», a soutenu M. Rezgui. Le président de l'association a mis l'accent sur d'autres contraintes qui entravent la bonne prise en charge des patients, en l'occurrence les ruptures d'approvisionnement en poches de stomie importées de l'étranger, indiquant que toute pénurie est vécue comme «un véritable cauchemar pour les concernés, contraints de recourir à d'autres pratiques qui mettent leur vie en danger».