Vingt-cinq ans après la naissance d'une des pires épidémies de l'Histoire, la Conférence mondiale sur le sida, cette assemblée de 21 000 experts – la plus grande jamais réunie autour de la maladie – intervient à un moment-clé, alors que derrière de réels progrès apparaissent de nouvelles difficultés et la nécessité de renforcer la lutte contre le sida sur un très long terme. Les participants ont souligné que le risque de relâchement est réel alors que, pour la première fois, les statistiques font apparaître une stabilisation du taux mondial de contamination avec même un recul dans une dizaine de pays comme Haïti, le Kenya ou le Cambodge. Or ces chiffres cachent de grandes disparités. L'Afrique du Sud, avec 5,5 millions de cas, compte 18,8% d'adultes touchés. Le taux de progression est inquiétant en Inde (5,7 millions), en Europe de l'Est et en Chine. Au premier jour de la conférence, des grands-mères africaines ont ému aux larmes, dimanche, experts et militants en racontant leur combat pour élever leurs petits-enfants orphelins de parents tués par l'épidémie. Une Rwandaise de 48 ans, prend soin de ses cinq petits-enfants, âgés de 3 à 5 ans. Elle-même séropositive après avoir été violée, Mme Mukamurangwa est seule. Ses deux enfants sont trop malades pour s'occuper des petits, son mari a été tué lors du génocide de 1994 qui a fait 800 000 morts. De son côté, le couple de milliardaires américains Bill et Melinda Gates a réaffirmé son engagement contre la maladie, «priorité numéro un» de sa richissime fondation. Ils ont indiqué avoir passé «la plupart du mois de juillet en Afrique pour en apprendre plus», juste quelques jours après l'annonce de leur don de 500 millions de dollars au Fonds mondial contre le sida. Il faut rappeler que chaque année, le nombre de porteurs du virus augmente : la planète en comptait 38,6 millions fin 2005, et dans les pays en développement, seuls 20% des malades recevaient un traitement approprié. Quelque 4,1 millions de personnes ont été contaminées en 2005.