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Abdelmoumène Khalifa : «L'argent d'El Khalifa Bank n'est pas chez moi»
Au deuxième jour de son audition par le tribunal criminel
Publié dans La Tribune le 09 - 05 - 2015

Peut-être une carte de réduction pour les cadres de la banque et c'est normal, il s'agit du même Groupe». Le juge Menouar décide face à négation des faits par Abdelmoumène, de lui rafraîchir la mémoire : «Le défunt Tayeb Benouis a bien bénéficié d'une carte bancaire Platine et d'une carte de voyage gratuite, Zermoum, Tchoulak ou encore les 850 milliards de la CNR déposés par Abdelali Meziani ... et bien d'autres». L'ex-P-dg reste sur ses déclarations «en ce qui concerne le défunt Benouis, c'est normal, il était P-dg d'Air Algérie et c'était un échange d'amabilités entre des compagnies aériennes, mais pour le reste, il ne s'agit que de réductions et c'était la politique de l'entreprise. Cela a été le cas avec l'Entv, les journalistes et bien d'autres». Le président de la séance tente de se répéter sans énerver : «Le tribunal fait la différence entre une réduction et une gratuité et nous vous parlons de voyager sur les lignes de Khalifa Airways ‘‘batal (gratuitement)''. Des avantages offerts en contrepartie du dépôt par ces personnes de l'argent des entreprises publiques». L'accusé réplique de go : «Cet argent ne nous a pas été donné, mais il a été placé dans la banque.» Le juge dit : «Mais à un moment donné, l'argent parvenait comme un déluge dans les caisses de la banque El Khalifa.» «Et l'argent d'El Khalifa bank était placé dans les caisses de la banque d'Algérie ! », réplique à nouveau l'accusé avant d'ajouter: «Je ne suis pas au courant pour les gratuités. Il y a des dépassements de la politique de la compagnie. De toutes les manières, l'argent déposé par le client peut être retiré à n'importe quel moment.» Le président Antar Menouar rappelle alors à l'accusé que «les responsables des entreprises publiques, de mutuelles et de caisses sociales sont inculpés parce qu'ils ont bénéficié de privilèges du Groupe en raison du dépôt de l'argent». «Il n'y a jamais eu d'incidents de paiement jusqu'à ce que je parte», répond Khalifa en contournant la question. «C'est faux !», rétorque le juge expliquant à Khalifa que si c'était le cas, il n'y aurait pas autant de partie civile. Le juge Menouar prendra le temps de citer un témoin qui a été derrière le rejet du dépôt de l'argent de Sonatrach dans les caisses d'El Khalifa Banque : «Il a refusé de mettre dans votre banque parce que vous avez été incapable de lui fournir le bilan». «Il y des millions d'Algériens qui ne l'ont pas fait», dit l'accusé qui commence à être déstabilisé. «Sauf que les événements, dira le juge, ont donné raison à Sonatrach puisque la banque est en faillite». «Il faut prouver qu'il y a eu faillite», répond Khalifa ajoutant que «la liquidation n'est pas terminée». Après avoir débattu quelques minutes avec l'accusé sur l'inexistence d'une banque dans le monde qui aurait accordé ce genre d'avantages tout en citant l'exemple de Pierre Bérégovoy qui s'est suicidé parce qu'il ne pouvait pas rembourser un petit crédit, le juge Antar demande à Khalifa : «Pourquoi persistez-vous à nier les faits depuis le début de cette audition ? Vous devriez en débattre avec objectivité», avant de lui lancer : «Libre à vous. Dites moi seulement pourquoi avez-vous fui vers les Etats-Unis pour 48 heures avant de rejoindre Londres. N'est-ce pas pour tenter de vous installer dans ce pays?». «Je n'ai pas fui. J'avais un projet là-bas que je devais terminer. Je ne peux pas en parler maintenant. Il s'agissait d'un grand projet connu en Algérie et je devais rencontrer mes partenaires pour les prévenir que je ne pouvais plus continuer en raison des problèmes que j'ai eu.» «Vous étiez bien en fuite, il y avait un mandat lancé contre vous», relance le juge. Khalifa s'embrouille «J'ai été arrêté fin 2006 et je n'avais aucun mandat d'arrêt avant 2008 donc je n'étais pas en fuite». L'accusé, rappelons-le, a été interpellé pendant le procès de 2007 à Blida.
Antar Menouar hausse le ton «Vous pouvez nous dire où est parti tout l'argent alors ?». Calmement Abdelmoumène Khalifa répond «il n'est pas chez moi».
Le juge Menouar passe à un autre point, celui du financement des clubs sportifs et il demande à l'accusé comment il a eu l'idée de se lancer dans cette opération. Ce dernier explique que le premier club qui a été sponsorisé est son club fétiche le NAHD «après je recevais des appels des autres présidents de clubs pour me reprocher de ne les avoir pas aidé. Et comme Khalifa Bank était une entreprise sur tout le territoire national, on a décidé de dégager un budget spécial sponsoring et on a mis deux responsables, Maamar Djebbour et Mekedem. Nous avons également aidé le Mali dans son organisation de la Coupe d'Afrique en 2002 et pourtant ce pays n'a pas voté pour nous dernièrement, mais pour le Gabon. Et voilà comment il nous récompense !». La salle éclate de rire. Le juge tout en souriant «vous êtes bien à jour». «Je suis en prison alors je regarde la télévision à longueur de journée et je sais que si Raouraoua avait fait son travail...», dit l'accusé provoquant à nouveau un éclat de rire des présents et ce ne sera pas le dernier. Abdelmoumène Khalifa semble inspirer et cherche à faire tomber la pression «Je ne sais pas la nature de l'aide qui a été apporté aux Maliens, il faut voir avec Djebbour. Personnellement je n'ai effectué qu'un seul déplacement au Mali pour rencontrer le président qui m'a plus parlé de la France que de son pays. Certainement parce que son épouse est française!».
Le juge reprend les choses en main et relance l'audition de l'accusé en lui demandant s'il avait une idée sur le montant du préjudice causé par le scandale et la faillite de la banque El Khalifa. Abdelmoumène Khalifa ne s'égare pas dans ses réponses et maintient : «On ne peut pas parler encore de préjudice. La liquidation est toujours en cours. Dans cette affaire, nous avons tous soufferts. Moi, j'ai perdu 12 ans de ma vie : j'ai été emprisonné, humilié, insulté... Tout cela parce qu'il y a eu des décisions illégales contre ma banque.» Antar Menouar hausse le ton : «Vous pouvez nous dire où est parti tout l'argent alors ?». Calmement Abdelmoumène Khalifa répond : «Il n'est pas chez moi». Et d'ajouter «Les comptes ne sont pas encore certifiés. A l'époque M. Djellab que je respecte beaucoup, était administrateur». «Pourquoi vous vous êtes enfui alors ?» demande le juge. «C'était le meilleur choix» se répète l'accusé avant de tenir des propos qui sous entendent bizarrement un ‘‘deal'' «si j'ai été extradé en Algérie, c'est parce qu'il y a eu des assurances diplomatiques que j'allais être rejugé sur la base uniquement de ce dossier dont 90% fait état de la faillite. Chose qui n'est pas prouvée et qui doit être supprimée. Moi, j'ai des chiffres validés par la banque d'Algérie de ce qu'il y avait dans les caisses d'El Khalifa bank en 2002. Je suis devant vous aujourd'hui et j'ai confiance en la justice algérienne».
«si j'ai été extradé en Algérie, c'est parce qu'il y a eu des assurances diplomatiques que j'allais être rejugé sur la base uniquement de ce dossier (...) Je suis devant vous aujourd'hui et j'ai confiance en la justice algérienne».
Le juge Menouar ne réplique pas et demande à l'accusé à nouveau «Raouraoua a dit qu'il y a eu une convention avec la FAF pour le transport des joueurs. Vous lui avez donné des voitures ?». «Oui. Sept véhicules», précise Khalifa. «Et les crédits pour les employés ?» demande le président. «El Khalifa bank a accordé des crédits car il y avait le programme de l'Aadl» a expliqué Abdelmoumène. A la question de savoir si une évaluation a été faite sur les risques de ces crédits à l'exemple de Dahmane qui a pris 250 millions de centimes sans dossier et sans avoir de compte, l'accusé a expliqué que ce dernier avait des problèmes sociaux «ce n'est pas la banque qui lui a donné, mais Khalifa Airways».
Le juge n'insiste pas et passe à une autre question, demandant à Khalifa la date de l'achat de la villa de Cannes. «C'est une acquisition de Khalifa Airways en fin 2001». «Juste avant les usines de dessalement», demande à nouveau le juge. «Oui» confirme l'accusé précisant que les bénéfices de la compagnie cette année là étaient de l'ordre de 105 millions d'euros. Le juge demande alors la raison de recourir à un transfert d'argent auprès de la Banque d'Algérie alors que la compagnie aérienne avait assez de liquidités. Abdelmoumène Khalifa explique alors que 90% des bénéficies de Khalifa Airways devaient être rapatriés en Algérie dont 40% étaient obligatoirement changés en monnaie locale. «Il vous reste donc au moins 50 millions d'euros en devises. Expliquez nous la procédure de transfert que vous avez effectué ?», renchérit le juge Menouar. «C'est sur le compte devises de la compagnie» dit Khalifa avant de s'énerver. «Le blanchiment d'argent dont je suis accusé est relatif à un acte commis en France et non pas en Algérie en plus de cela c'est une affaire jugée et j'ai été innocenté par la justice française qui a statué que l'argent de la villa de Cannes n'a pas de lien avec les transferts des 51 millions d'euros de l'achat des stations de dessalement». Le juge Menouar réplique calmement : «Il ne s'agit justement pas de 51 millions, mais plus de 81 millions d'euros transférés». Le juge décide de ne pas approfondir ce point et arrête son audition ouvrant la voie aux questions de la partie civile.
«Nous avons financé des projets, dont celui de la construction du siège du ministère des finances (...) Nous n'avons pas acheté de grosses cylindrées pour la présidence, juste assurer le transport»
La parole est alors donnée à Me Meziane, l'avocat représentant la liquidation d'El Khalifa Bank. Ce dernier revient sur les actes d'hypothèque et demande : «Si vous n'avez aucun lien avec cet hypothèque pouvez-vous nous dire si vous avez reçu de l'argent versé par la BDL Staouali dans votre compte ?». Khalifa ne répond pas exactement à la question et déclare : «Il n y a pas eu de crédit, j'ai reçu des facilités de caisse contre des bons de caisse». «Le montant était bien de 9 milliards de centimes ? C'est l'équivalent de l'hypothèque porté sur les deux actes» demande à nouveau l'avocat et l'accusé réplique «Non et j'ai donné 10 milliards de bons de caisse». Me Meziane tient par la suite à éclaircir un point très important «dîtes-nous, quel est le statut juridique de Khalifa Airways et l'origine de son capital ?». «A moi uniquement, c'est une Eurl. Ses fonds sont le fruit des activités de KRGPharma», répond l'accusé. L'avocat et à travers ses questions démontrera par la suite que Khalifa Airways qui détient plusieurs comptes de Khalifa Bank est endetté de 85 milliards de dinars. Sur les transferts des grandes sommes d'argent sous prétexte de l'achat des stations de dessalement, Me Meziane décortique les opérations. Il démontrera à travers le jeu des questions-réponses qu'El Khalifa Bank a transféré plus de 51 millions d'euros à la BIA en France où El Khalifa Bank est domicilié. L'entreprise qui devait vendre 3 stations de dessalement au Groupe Khalifa a reçu deux virements dont le montant total est de 29,5 millions d'euros sur un prix de vente total de 39,5 millions d'euros. Il déstabilisera Abdelmoumène Khalifa lorsqu'il lui dira qu'il a tenté de revendre la villa de Cannes, achetés à 33,5 millions d'euros pour la modique somme de 17 millions d'euros et cela par le biais de l'accusé Chachoua. Me Meziane brandira un document montrant bien qu'un chèque de 3,3 millions d'euros a été remis à Khalifa Airways. Abdelmoumène Khalifa tentera d'expliquer qu'il avait donné l'ordre d'hypothéquer la villa, mais que la justice avait refusé. Ciblant les questions à travers lesquelles il allait démontrer les malversations, Me Meziane reviendra ensuite sur l'actif d'El khalifa Bank en 2002 et affirmera qu'à cette date, il y avait plus de 100 milliards de dinars d'actifs et même si l'accusé prétend avoir laissé 97 milliards de dinars dans les caisses, le compte d'ordres représentait «de 30 à 35% du budget». Me Lezzar, l'avocat du principal accusé sentant son client acculé, n'arrêtait pas de faire objection. Le juge Menoaur finit par s'énerver et demande à l'avocat de Khalifa de ne plus intervenir lui rappelant qu'il y avait la police d'audience. Me Meziane cède sa place et un autre avocat de la partie civile s'est avancé. Ce dernier a demandé si Khalifa a acheté du foncier pour le compte de l'Etat algérien ? «Nous avons financé des projets, dont celui de la construction du siège du ministère des finances et nous avons octroyé des crédits», répond Khalifa. «Vous avez acheté de grosses cylindrées pour la présidence?», renchérit l'avocat. «On a assuré uniquement le transport des véhicules pour la présidence», a déclaré, l'accusé. «Avez-vous acheté des biens mobiliers et immobiliers pour des personnalités proches du président de la République ?», insiste encore l'avocat. Le juge rejette la question. L'avocat termine en demandant «avez-vous financé la production d'une pièce théâtrale de Adel Imam ?». «La banque n'a été qu'un moyen, chaque ministère avait son compte». Ce sera ensuite au ministère public d'interroger Abdelmoumène Khalifa.
Le PG a évoqué les milliards donnés à Boukadoum, le paiement de 20 milliards de dinars à Idjerouiden pour la vente d'Antinéa d'El Khalifa Bank, les 5 milliards que le frère khalifa a pris ou encore la facture des hôtels de 56 milliards de centimes ...
En prenant la parole, le procureur général, Zargaras a commencé par dire à l'accusé : «Vous avez tout nié depuis le début. Donnez-nous la nature juridique de toutes les sociétés ?» L'accusé explique que seule Khalifa Bank était une SPA. «C'est une obligation légale», répond le PG avant de préciser que l'ensemble des autres entreprises était des EURL. Il demande ensuite à l'accusé la raison pour laquelle, il a changé le statut juridique de Antinéa qui était SPA. «Pour des raisons objectives de sécurité et de responsabilité», répond le prévenu. Et le procureur de commenter : «N'est ce pas que vous vouliez avoir tout en votre nom». Après la suspension de l'audience pour une pause déjeuner, le parquet a repris son audition en revenant sur les actes d'hypothèques falsifiés. Il posera des questions afin de démontrer le lien entre les accusés et les choix opérés afin de mener leurs malversations. Il commencera par souligner que le père de Guelimi, l'un des accusés au box, et qui était actionnaire dans El Khalifa bank avait une relation avec le domaine financier puisqu'il a été fonctionnaire aux finances. Avant de sous-entendre que ce fait est lié aux bons de caisses en posant juste après cette question : «Les bons de caisse sont anonymes ?» L'accusé répond par l'affirmatif. Le procureur Zargaras rappellera que Nawel, la sœur d'une des accusés à savoir Ladjlet Lylia, a été gratifiée en lui donnant la direction de Khalifa couture parce qu'elle était chargée d'études des dossiers à la BDL. Il évoquera les postes occupés par Issir Idir dans le Groupe Khalifa, l'ex-patron de l'agence BDL Staouali. Toujours à travers ses questions, le PG soulignera que les taux d'intérêts opérés par la banque El Khalifa n'étaient pas les mêmes d'une agence à une autre. Une manière de démontrer que les agences où ont été pratiquées les malversations ont été choisies ainsi que leurs responsables. Le procureur demandera ensuite à Abdelmoumène Khalifa pour quelle raison il avait nommé deux DGA (directeur général adjoint) pour la comptabilité : «N'est-ce pas, parce que si l'un ne suivait pas vos instructions vous faites appel à l'autre». Le parquet s'étonne également du poste de DGA pour la caisse principale. En réalité le PG s'étonnera à chaque fois en citant des nominations de cadres à des postes de responsabilités alors qu'ils n'avaient aucune qualification à l'exemple de Guelimi qui était clerc du notaire Rahal et qui s'est retrouvé à gérer Khalifa TV. Abdelmoumène Khalifa n'avait qu'une seule réponse : «Le poste de responsabilité est un poste politique. Et puis, il existe bien des ministres sans portefeuille».
Le procureur finit par dire : «Le changement récurrent des cadres, n'est-ce pas pour éviter la traçabilité ?» «Non» répond l'accusé. «Est-ce qu'il est normal que l'agence d'Oran transfère de l'argent vers Alger par avion alors que la banque centrale existe ?», demande encore le représentant du ministère public. L'accusé tient à avoir réponse à tout et dit : «Les quatre premiers mois, l'agence n'avait pas encore de compte à la banque centrale à Oran.» L'audition se poursuivra toute l'après-midi et le procureur Zargaras reviendra sur les usines de dessalement, leurs achats par crédit documentaire et poussera Khalifa à se contredire en répondant que la compagnie faisait rentrer des devises au pays alors qu'il avait soutenu devant le juge que Khalifa Airways a acheté les stations sur sa part des devises. Enfin et avant de clôturer son audition, le PG citera plusieurs biens acquis par les accusés au moment des faits. Il évoquera des villas acquises pour eux et leurs familles, les voitures et autres biens. Mais pour l'accusé, il s'agit «de crédits logement accordés aux employés». Même en ce qui concerne les retraits effectués par l'accusé Réda Abdelwahab dont il a fait part dans ses aveux, Abdelmoumène Khalifa a continué à affirmer qu'il s'agissait des salaires de ses employés à la maison sur une période de 4 ans. Le PG lui rappellera alors que ses employés étaient payés par chèque chaque 28 du mois. «J'étais un homme d'affaires possédant un Groupe, je me devais de donner des primes et ça été pris sur mon compte personnel», a répliqué l'accusé. De question en question, le PG évoquera la lettre anonyme faisant état de l'anarchie qui régnait dans la banque retrouvée chez Chachoua, l'argent donné à Boukadoum qui a été chargé, selon l'accusation, de récupérer l'argent des entreprises publiques. Il reviendra sur les contrats de financement avec les clubs sportifs, le retrait de l'agrément de l'activité de commerce extérieur, le retrait par Idjerouiden, l'ex-patron d'Antinéa, d'une somme de 20 milliards de dinars d'un compte ouvert à Chéraga, la destruction de la mémoire de la machine Swift, les 5 milliards que le frère khalifa a pris ou encore la facture des hôtels de 56 milliards de centimes ... Les questions du parquet vont mettre mal à l'aise le prévenu et le juge interviendra pour demander au procureur de ne pas revenir sur les questions posées par le tribunal.
Dès que la parole est donnée aux avocats de la défense et en prenant la parole, Me Khaled Bourayou, l'avocat de Issir Idir provoquera un incident qui amènera le juge a suspendre la séance. L'avocat lira un PV de l'audition de Abdelmoumène Khalifa en 1997 dans une affaire où a été inculpé son client et relative aux crédits accordés par la BDL. Dans ce PV, l'accusé Khalifa avait bien parlé de 79 millions de dinars, puis de 20 millions de dinars de ‘‘crédits'' accordés par la BDL à Khalifa Pharma après avoir cédé les actions à un certain Bouhadja. Me Lezzar se lève et crie : «C'est un scandale, il y a un manque d'éthique !». L'avocat de Khalifa crée alors l'incident d'audience en disant à son confrère qu'il n'a pas le droit de porter des accusations contre son client et de lire un PV dans une affaire jugée. Le ton monte, le président suspend la séance pour que les esprits s'apaisent. Me Bourayou s'excuse et reprend : «Est-ce que les crédits de la BDL étaient au profit de la création de la banque ?». Khalifa répond: «Non c'était pour KRG pharma». «Etiez-vous client de la BDL ?», demande l'avocat. «Oui. En tant que personne morale.» «Quand avez-vous déposé les bons de caisse ?» demande l'avocat et Khalifa répond : «En 1992». Cela semble suffire à la défense Issir Idir pour démontrer son innocence lors des plaidoiries.
Le président annonce la suspension de l'audience jusqu'à demain dimanche.
H. Y.


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