Les pays arabes ne sont pas parvenus à faire de la Ligue arabe l'instrument de leur mise à l'abri des menaces extérieures. Ils ne sont pas parvenus non plus à faire chacun individuellement de sa diplomatie l'instrument de sa mise à l'abri. Ils ne sont pas parvenus chacun individuellement à faire de sa politique de défense l'instrument de sa mise à l'abri de la menace extérieure. Nous sommes bien dans une situation où s'avère l'impossibilité pour tout pays arabe de se conférer une autonomie stratégique en matière de défense. Une autonomie stratégique ? Pourrait-elle exister cette autonomie quand il y a une totale dépendance en armement de l'extérieur? Lorsqu'elles organisent un défilé en exposant toutes leurs quincailleries, les armées arabes font de la publicité pour les pays fournisseurs. Peut-être leur aurait-il fallu créer et adopter le concept (arabe) de défense arabe collective pour mettre en place une industrie arabe d'armement, mais cela est loin d'être le cas. Même si existe dans la charte de la ligue une disposition qui rend solidaires militairement et politiquement l'ensemble des pays arabes de tout membre agressé de l'extérieur, elle est une disposition inapplicable, peut-être pour la raison que pour nombre de pays arabes, leur responsabilité en matière de politique extérieure et de défense est transférée vers celle des grandes puissances. Par contre, les pays du golfe et les pays arabes sont forcés à tirer les leçons de l'expérience irakienne et la leçon que les Américains ont voulu leur adresser, consiste à leur recommander de faire de leur diplomatie, l'instrument de leur mise à l'abri d'une telle menace, ce qui implique la soumission des pays arabes aux Etats-Unis. De plus en plus, les populations dans les pays dits du monde arabe (certains appellent ça la Nation arabe), ne croient plus que la démocratie descendra du ciel comme s'il s'agissait d'une révélation. Il y a une classe politique " dirigeante " dans des pays arabes qui parlent de démocratie comme s'ils pouvaient en être les modèles et qui perçoivent (c'est ce qu'ils disent) que la démocratisation soufflera sur le monde arabe dès lors que le fonctionnement de la ligue aura été démocratisé ; Faudrait-il encore et pour longtemps que les populations arabes continuent à croire aux discours portant sur la volonté affirmée de leurs dirigeants d'asseoir la démocratie dans tout l'espace arabe et à terme d'aboutir à la formation d'une entité arabe ? Cela fait depuis longtemps que de tels discours n'engagent personne. Mais, certainement qu'ils seront repris pour tenter de mieux mobiliser ou de mieux se légitimer. A l'heure de l'internet, de la parabole, les populations puisent leurs repères dans les pays occidentaux. Elles se comparent au monde extérieur, comparent également leurs dirigeants à ceux qui sont extérieurs au monde arabe, et ne réagissent plus en fidélité aux slogans qui avaient bercé et berné le monde arabe. Elles y croyaient quand leurs pays étaient fermés sur l'extérieur et quand l'extérieur était fermé sur leurs pays. Il y a même un ministre ambassadeur connu comme un homme de culture qui avait osé affirmer lors du dernier sommet arabe qui s'était tenu à Alger que dans cinq année au plus tard, la ligue fonctionnera sur le modèle européen. Le parlement arabe réussira à fonctionner comme le Parlement européen. Comme le Parlement européen ? Allons donc. Forte conviction ? L'idée d'une réorganisation du Parlement arabe dans l'objectif du renforcement de son rôle sur le modèle avancé de celui de l'Union européenne ne doit pas mettre l'impasse à la fois sur la démocratisation des pays arabes, sur l'homogénéisation des systèmes politiques et sur l'exigence d'un rapprochement des positions, notamment en ce qui concerne les questions de défense commune, de sécurité collective et de politique extérieure. Depuis ce qui est appelé le printemps arabe, la Ligue arabe devra chercher où puiser les éléments de sa revalidation. Elle semble pour le moment devenir l'instrument qatari de l'exécution des politiques américaines.