Il était l'un des principaux invités de la délégation lors de la semaine culturelle égyptienne qui s'est tenue à Tlemcen du 4 au 7 juillet dernier. Célèbre poète égyptien, il nous livre ici ses sentiments sur la révolution de la place Tahrir et ses perspectives d' avenir. L'Expression: Vous êtes l'un des poètes phares qui ont subjugué l'assistance de Tlemcen. Un mot sur votre poésie, en quoi a-t-elle changé après la révolution du Printemps arabe? Zein Albdin Fouad: Ma poésie avant le Printemps arabe est la même, elle n'a pas changé. Elle préparait cette révolution et l'évoquait depuis 50 ans. Si vous écoutez mes poèmes y compris ceux sur l'amour, vous comprendriez que les sujets n'ont pas changé. Mon regard, ma vision artistique n'ont pas changé. La portée sociale et politique y demeurent incontestablement. Une partie du tissu n'est pas slogan, la révolution n'est pas un slogan, mais une incitation réelle à une meilleure vie, systématiquement présente dans ma poésie. Je ne suis pas du genre de personnes qui change de chemises au gré du vent. En tant que poète pensez-vous qu'on puisse changer le monde avec les mots. Est-ce véritablement une arme? Assurément. Les mots reflètent des idées. Les mots pas seuls mais l'art peut faire changer les idées. Les sentiments peuvent changer, évoluer. Le mot peut faire basculer les sentiments, pousser au mouvement, à la réaction et à la réflexion. Toute votre vie est consacrée à la poésie? Je travaille aussi avec les enfants. Avant j'enseignais la philosophie, la poésie est devenue une matière essentielle dans ma vie. Il y a un film sur ma vie que vous pouvez visionner sur Youtube que je vous conseille, il est intitulé Qui peut faire pendant une heure l'Egypte?, et ce, dans le cadre de la série «L'art de la résistance», vous pourrez avoir plus ample connaissance sur moi. Vous tapez aussi mon nom à côté, vous y trouverez six chapitres. Je vous invite à les visionner. Vous me connaîtriez un peu mieux. Quelle est la situation culturelle en Egypte actuellement. Eu égard à votre statut d'intellectuel souffrez-vous de la censure? Nous possédons énormément d'intellectuels et d'artistes dont les travaux sont proches du peuple. Que signife-t-il de chanter cheikh Imam ou cheikh Darwish au niveau de la place Tahrir dans ce cas? cela reflète bien une belle liberté d'expression. Nous avons aussi de multiples écrivains, des poètes, musiciens, pourfendeurs, très appréciés. Comment c'était, l'avant et l'après-Moubarek. Est-ce que la censure a été levée? Sûrement oui. Mais même avant on avait de nombreuses personnes intellectuelles qui n'avaient pas peur de la censure et qui exprimaient clairement leurs idées et qui restent dans nos mémoires collectives. Au niveau du cinéma, effectivement, on peut dire qu'il y eut des films avant-gardistes comme Microphone qui annonçaient cette révolution, n'est-ce pas? Certainement. Nous avons une cinématographie très riche qui reflète le vécu. Et qui a incité à la révolution de façon directe ou indirecte. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur l'Egypte actuelle? En résumé, je peux dire que la révolution égyptienne a réalisé ses plus importants projets, mais pas encore son programme. Une de ses importantes réalisations est que les citoyens égyptiens sentent enfin qu'ils possèdent un pays et qu'ils le dirigent ou qu'ils vont le diriger et exprimer leurs opinions. Ce sentiment existe depuis le 25 janvier. Ce qui reste est la réalisation du programme de la révolution avec lequel on peut être d'accord ou pas. Un programme en ce qui concerne la santé, l'économie les médias, la communication etc. C'est ce qu'on doit faire dans les prochains jours pour conforter nos idéaux en cette révolution, afin d' assurer notre avenir avec cette même conviction qui respire la liberté et le renouveau.