La Maison de la culture Mouloud-Mammeri a abrité hier et encore aujourd'hui une rencontre internationale sur le patrimoine bâti de la wilaya de Tizi Ouzou. Des conférences animées par des chercheurs nationaux et étrangers aborderont le thème sous ses différents angles. Une longue liste de communications très instructives est attendue au grand bonheur des étudiants et autres spécialistes du bâtiment. Seul bémol à signaler hélas: l'absence d'une grande réflexion sur l'avenir de la maison kabyle. Aujourd'hui, les pouvoirs publics à leur tête, la direction de la culture, travaillent sans relâche pour l'inscription et la sauvegarde du patrimoine bâti local, il n'en demeure pas moins que l'avenir de l'architecture locale n'est pas réellement pris en compte. En effet, l'état actuel donne déjà des prémices d'un avenir catastrophique. Aucun espace urbain nouvellement construit ne prend en compte dans son architecture la moindre des caractéristiques de l'architecture kabyle locale. Nos villes n'ont pas l'air d'être en Kabylie. S'il est admis que l'argent ne fait pas le bonheur, l'avenir nous prouvera qu'il est derrière bien des malheurs. Les 180.000 logements inscrits pour la wilaya de Tizi Ouzou sont une bénédiction mais pas uniquement. La tranche déjà construite participe à la défiguration dramatique du paysage authentique de la Kabylie. Aucun plan architectural n'a été élaboré en prenant compte des caractéristiques inhérentes à l'habitation traditionnelle de la région. Une ville nouvelle est en phase de construction à Oued Fali mais, des signes avant-coureurs annoncent la mort certaine de la maison kabyle. Au niveau des villages kabyles, la situation n'est guère meilleure. Bien au contraire, c'est un massacre qui est en train d'être perpétré. Les villages kabyles sont complètement défigurés par le ciment. Des villas poussent comme des champignons tuant les anciennes maisons. Même les maisons construites dans le cadre des aides à l'habitat rural n'ont pas pris en compte les caractéristiques architecturales anciennes. Aussi, la rencontre tombe à point nommé pour que la sonnette d'alarme soit tirée. A quoi sert de sauver une maison quand tout le village est massacré? Car, en effet, inscrire quelques maisons au patrimoine pour les protéger est un acte louable mais insuffisant pour sauver un élément de l'identité qui est le village kabyle. Enfin, pour les étudiants et autres, la rencontre sera l'occasion pour la présentation de plusieurs conférences telles que celle de M.Atek Samir, architecte, enseignant et chef du département d'architecture à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou qui évoquera «La Kabylie une région à promouvoir et un patrimoine à sauvegarder comme une affirmation d'une expression identitaire». Une autre communication, d'actualité justement avec le souci de sauvegarder l'architecture kabyle sera présentée par M.Mourad Mohand-Saïd, architecte et directeur général du conseil canadien de certification en architecture (Ccca). La conférence abordera l'architecture traditionnelle kabyle comme référence pour une conception architecturale et urbaine adaptée au système de valeur et de représentation des usagers.