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Un équilibre social sans égal!!!
LA ZAKÂT SUR LES BIENS
Publié dans L'Expression le 17 - 05 - 2005

La Zakât est un droit sacré et non pas une aumône, au sens commun du terme. Elle revêt dans la philosophie islamique un caractère moral et impératif. C'est également un rite, un acte cultuel qui évoque l'idée de purification physique et spirituelle, comme l'explique avec éloquence le Saint Coran dans les Versets 103 et 104 de la Sourate dite: «Le Repentir»: «Prélève de leurs biens une aumône (la Zakât), par laquelle Tu les purifies et les bénis et prie pour eux. Tes prières leur sont apaisement. Allah est Audient, Omniscient. Ne savent-ils pas que Allah, Seul accepte le repentir de Ses fidèles et accueille leurs aumônes? Dieu Est l'enclin au repentir, le Miséricordieux.»
Par ces Versets coraniques, notre Seigneur, Gloire et Pureté à Lui Seul, demande à notre Prophète Mohammed Salut Divin Sur Lui, de prélever une quote-part sur les biens des musulmans en général et notamment, ceux qui ont reconnu leurs péchés, comme l'entendent certains exégètes avertis. Il y a également ici, incitation du Seigneur le Compatissant, au repentir et à l'aumône, du fait que l'un et l'autre dissipent les péchés et les anéantissent. Notre Prophète, à son tour, illustre cet acte cultuel en ces termes : «Dieu accepte l'aumône. Il la prend de la Main Droite et la cultive, comme le ferait l'un d'entre vous, en entretenant sa jument.»
Ceci implique que tout appartient au Maître des Mondes, Gloire à Lui Seul, Il attribue à Ses créatures des biens pour subvenir à leurs besoins, sans omettre, bien entendu, d'en prélever une quote-part, au profit des nécessiteux et des ayants droit d'une manière générale. Ainsi, l'homme dans tout cela n'est qu'un simple gérant auquel le Seigneur a confié la tâche de Le représenter ici-bas, par tout ce qui est louable. En prélevant sur ses biens l'allocation réservée à qui de droit, le croyant lucide ne fait que retourner au Seigneur une infime fraction des richesses que Dieu lui a données.
Par ailleurs, le donateur dépouillerait la Zakât de tout sentiment de générosité, si, oubliant son essence religieuse, il la transformait en un simple geste mécanique, sans en déceler ses véritables motivations spirituelles et humanitaires. Son utilisation en vue d'assister particulièrement ceux qui sont dans le besoin, de relever un tant soit peu, leur condition matérielle, ne serait-ce que pendant un temps très court, ne fournit à cet acte de piété, toute sa dimension que si la spiritualité l'emporte sur les considérations matérielles, la fraternité sur l'égoïsme et l'esprit communautaire sur l'individualisme.
Ainsi, une telle aumône, bénévole soit-elle ou obligatoire, purifie les fidèles généreux de toute souillure provenant de l'avarice, l'hypocrisie, la bassesse et la sévérité envers les pauvres et les misérables démunis. Elle les rend, par conséquent, plus nobles et plus vertueux par la pureté de l'âme qu'elle leur procure, les protège, par l'abondance des bienfaits qu'elle engendre, des aléas de la vie, leur accorde une sorte d'immunité contre les vicissitudes du temps et leur assure dans l'Au-delà, l'agrément du Seigneur.
La Zakât (impôt cultuel, obligatoire), qui se présente comme l'un des cinq piliers fondamentaux de l'Islam, reste liée à la Prière, eu égard à l'importance qu'elle revêt et aux effets bénéfiques qu'elle entraîne, dans quatre-vingt-deux Versets coraniques. Elle est érigée, d'ailleurs à juste titre, aussi bien par les instructions coraniques immuables que par les injonctions prophétiques et, à l'unanimité de toute la communauté musulmane, en un acte cultuel, curatif et régulateur pour les personnes et les biens.
En effet, la Zakât, prescrite en l'an II de l'Hégire, est obligatoire pour toutes les personnes aisées, lesquelles doivent prélever sur leur surplus, soit en argent liquide ou en nature (céréales, bestiaux, valeurs commerciales) un pourcentage, déterminé d'ailleurs et pour chaque espèce, par les instructions du Prophète, Salut Divin Sur Lui, et ce, une fois que s'écoule chaque année pour toutes les valeurs à l'exception des céréales, dont l'opération s'effectue à chaque récolte comme le précise le Saint Coran dans la Sourate dite: «Les Bestiaux» ou dite «Al-An'âm» (Verset 141): «C'est Lui qui a créé les jardins, treillagés et non treillagés ; ainsi que les palmiers et la culture aux récoltes diverses ; (de même que) l'olive et la grenade, d'espèces semblables et différentes. Mangez de leurs fruits, quand ils en produisent ; et acquittez-en les droits (la Zakât), le jour de leur récolte respective. Et ne gaspillez point, car Il n'aime pas les gaspilleurs.»
Avec cet acte d'adoration en l'occurrence la Zakât, l'Islam, religion de paix, de tolérance et du juste milieu, a su joindre l'utile à l'agréable, en protégeant les riches des méfaits de la domination servile de l'argent qui, en s'accumulant entre les mains d'une minorité, risque de provoquer des déséquilibres socio-économiques, de créer des frustrations dans le monde des déshérités et par la suite, une anarchie généralisée, aux conséquences irrémédiables.
Le système de la Zakât protège donc, le citoyen dans sa liberté et son droit au travail et au gain licite et préserve du même coup, à la société, ses droits à la solidarité et à la contribution du citoyen aisé. Ainsi, se trouve consacré le principe islamique fondamental en matière d'économie, qui consiste en ce que le citoyen s'acquitte de ses devoirs envers sa société et jouit de ses droits, de même que celle-ci à son égard.
Durant sa période mecquoise et une partie de sa période médinoise, le Saint Coran ne cessait d'inciter les croyants à dépenser au service de Dieu (pour venir en aide aux nécessiteux et contribuer aux oeuvres d'utilité publique), sans leur en préciser les modalités. Il se contenta de faire appel à leur foi et à leurs sentiments de croyants sensibles à la fraternité et à l'entraide. Par deux fois, les croyants demandèrent au Prophète, Salut Divin Sur Lui, ce qu'ils doivent dépenser, et par deux fois, le Saint Coran se contenta seulement de les inviter à être charitables et généreux, sans pour autant leur préciser envers quelle frange sociale faudrait-il destiner cet impôt, ni la quote-part à prélever sur leurs biens.
Le Saint Coran relate cette évolution par deux Versets de la Sourate dite «La Vache» ou «Al Baqarah» que voici : «Ils T'interrogent : «Que doit-on dépenser (en charité) ?» Dis: «L'excédent de vos biens.» (Verset 219). «Et ils T'interrogent : «Qu'est-ce qu'on doit dépenser?» Dis: «Ce que vous dépensez de biens, devrait être pour les père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres et le voyageur dans le besoin. Et tout ce que vous faites de bien, vraiment Dieu le sait.» (Verset 215). Le Saint Coran continua ainsi à inciter les croyants aux dépenses, sans préciser le mode ni la quantité, jusqu'au jour où ceux-ci s'installèrent à Médine et où ils constituèrent une communauté homogène, ayant sa propre vision des choses et ses propres objectifs à atteindre.
D'ores et déjà, la communauté se trouva prête psychologiquement à la prescription de la Zakât en tant qu'institution impérative. Et c'est ainsi que le Messager de Dieu détailla cet élément de la foi sur le plan structurel et restrictif, de façon à préserver les intérêts du citoyen et de la communauté.
La Zakât devint alors, un des fondements de la religion et l'une de ses principales obligations. Elle fut comparée, de par son importance, à la Prière et au Témoignage de l'Unicité divine et fut considérée par le Saint Coran comme le troisième critère d'entrée en Islam et l'une des conditions de la fraternité entre les croyants.
En effet, dans la Sourate dite «Le Repentir» ou «At tawbah», le Verset 5 énonce: «Si, ensuite ils (à propos des mécréants), se repentent, accomplissant la Prière et acquittant la Zakât ; alors, laissez-leur la voie libre, car Dieu est Pardonneur et Miséricordieux.» Le Verset 11 de la même Sourate ajoute quelques précisions : «Mais s'ils se repentent, accomplissent la prière et acquittent la Zakât, ils deviendront alors, vos frères en religion.»
D'ailleurs, c'est dans cette optique qu'il faudrait situer la recommandation de notre Vénéré Prophète, Salut Divin Sur Lui, à son noble compagnon de lutte Mo'adh Ibn Djabel, que Dieu agrée son âme, lorsqu'Il l'envoya en qualité de gouverneur au Yémen. «Tu vas, lui dit -il, vers un peuple faisant partie des gens du Livre. Appelle-les au Témoignage de l'Unicité divine, s'ils acceptent, dis-leur que Dieu leur a prescrit une quote-part, que leurs riches et personnes aisées doivent prélever sur leurs biens, au profit des pauvres parmi eux ; s'ils acceptent, laisse- leur la jouissance de leurs biens et évite d'en prendre les mieux cotés. Prends garde des invocations de l'opprimé, car Dieu les accueille sans un moindre voile.»
En outre, le Verset 71 de la Sourate dite «Le Repentir» ou «At tawbah» stipule : «Les croyants, hommes et femmes sont solidaires les uns des autres, ils encouragent au bien et déconseillent le mal. Ils sont assidus à la Prière, acquittent la Zakât et obéissent à Dieu et à Son Messager, Dieu les accueillera dans le sein de Sa Miséricorde.» Ceci signifie que la communauté bénie par Dieu et comblée par Sa Miséricorde, est la communauté qui met en valeur ses convictions profondes vis-à-vis de la Divinité Suprême ; une communauté dont les membres sont solidaires les uns des autres, tel un corps indivisible, par la piété, l'amour, le respect de l'autre, le sacrifice et l'entraide. Oui, une communauté qui ne cesse de prêcher le bien et d'interdire le mal ; elle entretient avec son Seigneur des liens vertueux d'adoration et de soumission, grâce à l'accomplissement assidu de la Prière et à l'exécution de la Zakât.
Une telle communauté est non seulement admise parmi les élus du Seigneur dans l'Au-delà mais, également, d'ici-bas. Elle jouit, en effet, de la part du Tout-Puissant, d'un bienfait sans égal à savoir : vivre sur terre en consolidée, noble et puissante, honorée et respectée par tous ; une communauté à laquelle le Saint Coran rend hommage en ces termes : «Allah prend la défense de ceux qui croient. Allah n'aime guère tout traître et ingrat.» (Verset 8 de la Sourate dite «Le Pèlerinage» ou dite «Al hadj». Plus loin, le Verset 41 précise: «Ceux qui, si en leur donnant puissance sur terre, accomplissent la Prière, acquittent la Zakât, ordonnent le convenable, et interdisent le blâmable. Cependant, c'est à Allah que revient la finalité des choses.»
De même, notre Vénéré Prophète, Salut Divin Sur Lui, rapporte-on de sources authentiques, a dit d'après Ibn Kebcha El Anmâry : «Je jure par trois vérités ; je vous en parle pour les apprendre à savoir : jamais une somme d'argent n'a été diminuée par l'aumône, tout individu, accueillant une quelconque injustice avec endurance, Dieu lui offrira noblesse en récompense, et tout individu tendant sa main pour s'enrichir de la mendicité, Dieu lui ouvrira une issue vers la pauvreté.» Cette injonction prophétique met en évidence que la mendicité se présente comme un fléau social, autant que le sont la thésaurisation et l'accumulation démesurée du capital, au détriment de l'investissement et de l'épargne. On ne peut guère s'enrichir par la mendicité ni promouvoir le développement d'un pays par une politique de consommation ni par les mentalités dégradantes du hasard et du laisser-aller.
Les Versets 34 et 35 de la Sourate dite «Le Repentir», mettent en garde tous ceux qui s'engouffrent dans la matière, tous les cupides aveuglés par le désir immodéré des richesses, contre les effets néfastes de ces fléaux. Ces Versets disposent en effet : «Ô vous qui croyez, plusieurs rabbins et moines, dévorent injustement les biens des gens, et obstruent ainsi le chemin d'Allah. A ceux qui thésaurisent l'or et l'argent et ne le dépensent guère dans la voie d'Allah, annonce-leur un châtiment douloureux, le jour où (ces trésors) seront portés à l'incandescence dans le feu de l'Enfer et qu'ils en seront cautérisés, fronts, flancs et dos : voici ce que vous aviez thésaurisé pour vous-mêmes. Goûtez de ce que vous thésaurisiez.»
De même le Verset 180 de la Sourate dite «de la famille de Imrân» abonde dans cette idée préventive : «Que ceux qui gardent avec avarice ce qu'Allah leur donne par Sa Grâce, imaginent que cela est bénéfique pour eux. Au contraire, c'est fort désastreux pour eux, au jour de la Résurrection ; où on leur attachera autour du cou, ce qu'ils ont gardé avec avarice. C'est Allah qui possède l'héritage des Cieux et de la Terre. Et Allah, Est parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.»
Cette négligence quant à l'acquittement de la Zakât est également consacrée par plusieurs instructions du Prophète, Salut Divin Sur Lui, et entre autres : «Selon Abou Huraïra, compagnon du Prophète, que Dieu agrée son âme, le Messager de Dieu a dit, en réprimant toute négligence de la Zakât : «Tout homme riche, n'acquittant pas la Zakât de sa fortune, subira le Jour de la Résurrection les supplices de celle-ci qui se transformera en un serpent, chauve, entaché de deux points noirs, au-dessus de ses yeux. Ce reptile l'étranglera alors et le prendra par ses deux mâchoires en lui disant : «Je suis ta fortune, je suis ton trésor.» Le Prophète, Salut Divin Sur Lui, récita alors le Verset 180 sus-cité en guise de confirmer le châtiment que subiront dans l'Au-delà les cupides et les avares. Ces éclaircissements étant donnés, il va falloir se pencher à présent et d'une manière peu exhaustive sur les modalités régissant cet acte cultuel et voir à quelles franges sociales est-elle destinée, conformément aux instructions du Saint Coran et de la Sunna du Prophète.
En effet, cette institution unique permet aux personnes nécessiteuses d'avoir droit à un partage du pain de leurs frères riches sans que ces derniers ne subissent un quelconque préjudice. Sur ces biens en espèces, s'élevant à vingt dinars (en or) ou à deux cents dirhams (en argent), est prélevé après un an suivant leur dépôt, 1/40e ou 2,5% au profit des pauvres ; le même taux étant applicable pour les sommes plus élevées. Les vingt dinars (en or) dont il s'agit pèsent 85g. Si, par exemple, la valeur d'un gramme d'or est de 1390 DA comme c'est le cas en Algérie en 2005, celle des 20 dinars sera donc de cent dix huit mille cent cinquante dinars algériens. En deçà de ce minimum légal, la «Zakât» n'est point imposable.
De même, lorsque le nombre de têtes de moutons atteint quarante, celui des bovins, trente, celui des camelins cinq, une part déterminée par le législateur en est prélevée pour être distribuée aux nécessiteux et ayants droit.(1)
Par ailleurs, le Saint Coran prescrit dans le verset 60 de la Sourate «Le Repentir», les principes qui régissent le budget des dépenses de l'Etat islamique, que voici : «Les Sadaqat (ou recettes de l'Etat), ne sont destinées que pour les pauvres, les indigents, ceux qui y travaillent, ceux dont les coeurs sont à gagner,(à l'Islam), au profit de la libération des esclaves, les lourdement endettés, pour toute entreprise dans le sentier de Dieu, (ou oeuvre d'utilité publique) ainsi que pour le voyageur en détresse. Telle est la prescription d'Allah et Allah reste Omniscient et Sage.»
Les huit titres de dépenses, qui couvrent pratiquement tous les besoins d'une collectivité, nécessitent quelques éclaircissements que voici :
A l'âge d'or de l'Islam, le terme «Sadaqat» qui se traduit ici par «recettes de l'Etat» comprend toutes les taxes payées par les musulmans à leur gouvernement, en temps normal : taxe sur l'agriculture, les mines, le commerce et l'industrie, les troupeaux d'élevage, les épargnes, etc. En sont exclus les impôts provisoires des temps exceptionnels, les revenus prélevés sur les non-musulmans, sujets ou étrangers, ainsi que toute contribution non obligatoire. La littérature juridique de l'Islam de cette époque-là, surtout les nobles et éloquentes instructions de notre Vénéré Prophète, Salut Divin Sur Lui, ne laissent aucun doute sur l'emploi du terme «Sadaqat» en ce sens. Il ne s'agit point d'aumônes; les aumônes ne sont ni obligatoires ni déterminées quant à la quantité ou à l'époque de l'acquittement; (on les appelle «Infaq fi Sabil Allah», dépense dans le sentier de Dieu ou «Tatauwa», charité volontaire).
Parmi les bénéficiaires des dépenses de l'Etat, les deux premières catégories mentionnées : «fuqara et massakin» , (besogneux et pauvres) qui sont presque synonymes, ont donné cours à une divergence d'opinions. C'est ainsi qu'il ressort de la noble parole et la vertueuse pratique du second Calife Omar Ibn El khettab, que Dieu agrée son âme, «les fuqara» sont les pauvres parmi les musulmans, tandis que «massakin» , désigne les pauvres parmi les ressortissants étrangers, domiciliés en terre d'Islam, ou les citoyens de confession différente : juifs, chrétiens...
Le célèbre juriste, l'imam Chafiiy, que son âme repose en paix, a pensé que c'étaient-là, des termes tout à fait synonymes, et que Dieu, en Sa bonté, avait désigné les pauvres sous deux vocables différents, pour qu'on leur consacrât davantage de dépenses. D'après lui, les huit catégories doivent recevoir, chacune, un huitième des revenus et les pauvres en recevraient, par conséquent, deux huitièmes. Quoi qu'il en soit, le but premier des recettes de l'Etat converge vers l'idée que tout le monde, en terre islamique, a le droit de jouir d'une vie paisible et décente, à l'abri de tout besoin de quelque nature qu'il soit.
Dans cet ordre d'idées, le Saint Coran définit, avec une précision exemplaire, cette frange sociale comme suit : «Aux nécessiteux qui se sont confinés dans le sentier d'Allah, ne pouvant pas travailler pour subvenir à leurs besoins, et qu'on croit, par ignorance, fort aisés, car ils ont honte de mendier ; Tu les reconnaîtras d'ailleurs à leur aspect, ils n'importunent personne en mendiant. Et tout ce que vous dépensez, Allah le Sait parfaitement.» (Sourate dite «Al Baqarah» ou dite «La Vache» Verset 273). Il convient de souligner avec insistance que, dans cette frange de la société, l'amalgame est grand entre les vrais pauvres et les charlatans et autres parasites qui font de la mendicité un métier. Ces personnes-là ne sont que des spécialistes de l'imposture et de la duplicité qui sont en porte-à-faux avec la communauté des musulmans dont l'unité et la fraternité sont basées sur la dignité, la vertu et le travail.
Ce type de personnes dénuées de scrupules a proliféré, de nos jours ; de même, son ingéniosité à tromper les gens en exploitant leurs sentiments n'a plus de limites. C'est ainsi qu'on voit certains d'entre eux, boiter ; d'autres, feindre d'être aveugles ; d'autres se courber en marchant se faisant passer pour handicapés, alors que d'autres n'ont pas trouvé mieux que de prétendre être sortis de l'hôpital et n'avoir rien à manger, pour dormir ou prendre le train et autres prétextes encore, et autres visages à démasquer...
En vérité, cette populace reste une marque de déshonneur dans le corps de la société musulmane, et c'est pourquoi, il incombe aux réformateurs et à ceux qui sont investis d'un pouvoir de décision, à ceux qui ont à coeur de préserver la dignité de la société, de mettre un terme aux agissements de ces parasites dans les rues, les stations de bus et de trains, les tombeaux de saints et autres lieux publics. Avec cette action de salubrité publique, ces réformateurs verront que la majeure partie de ces pseudo mendiants, peuvent être utiles à la communauté, en leur offrant des chances de travailler dignement et de gagner leur vie par la sueur.
Que nos décideurs s'imprègnent de cette vérité, et se dépêchent sans tarder pour éliminer tous les sous-emplois par la résorption du chômage et ce, en offrant aux jeunes les facilités de se constituer en groupes de travail pour exploiter et mettre en valeur toutes nos terres restées depuis des décennies et jusqu'à présent en jachère, de s'informer et de se former au diapason des besoins du pays, en leur évitant ainsi de se voir livrés à eux-mêmes, à la fin de leur scolarité ou à la fin de leur cycle universitaire, par manque de postes de travail, en adéquation avec leurs formations respectives et avec les besoins des secteurs vitaux d'une manière générale. Ce fléau de mendicité sous toutes ses formes, est secrété par une politique de consommation et de gaspillage, par la sous-culture des générations montantes, auxquelles on enseignerait comment manger, boire, danser et, au besoin, comment quitter son pays pour des miettes à l'étranger ; générations auxquelles on ôterait tout amour du prochain, tout amour patriotique, tout amour du risque, tout amour de recherche, tout amour de se sacrifier pour nos valeurs et vertus ancestrales ; des générations réduites à assouvir exclusivement leurs besoins bestiaux.
Viennent ensuite les traitements des fonctionnaires : les encaisseurs, les comptables, ceux qui sont chargés des dépenses, de l'apurement, du contrôle, etc. A vrai dire, cette catégorie comprend toute l'administration aussi bien civile que militaire et diplomatique de l'Etat. L'historien Baladahuriy nous a conservé dans son ouvrage «Al Ansâb», un document où le Calife Omar demanda à son gouverneur de la Syrie : «Envoie, chez nous (à Médine) un expert grec pour mettre en ordre les comptes de nos revenus.» On n'a pas besoin d'une meilleure autorité pour dire que non seulement les non musulmans peuvent être employés dans l'administration de l'Etat musulman, mais aussi qu'ils peuvent bénéficier des «Sadaqat» prélevées uniquement sur les musulmans. La catégorie de ceux dont les coeurs sont à gagner concerne, on le comprend facilement, les dépenses secrètes de l'Etat. Le juriste Abou Yala al Farrâ précise : «Quant à ceux dont les coeurs sont à gagner, ils sont de quatre catégories :
- Ceux dont les coeurs sont ralliés, afin qu'ils aident les musulmans ;
- Ou qu'ils s'abstiennent de faire du mal aux musulmans;
- Ceux qu'on veut inviter à embrasser l'Islam et ceux par l'intermédiaire desquels on invite leurs clans et leurs familles à se convertir à l'Islam. Il est licite de dépenser pour chacune de ces catégories qu'il s'agisse d'un musulman ou d'un polythéiste.»
Par 1e terme «libération des esclaves», on a toujours compris surtout, qu'il existe deux espèces de dépenses : la libération des esclaves et le rachat des prisonniers de guerre aux mains de l'ennemi. Selon la loi islamique, tout esclave a le droit de racheter son émancipation en payant sa valeur à son maître; et il a le droit, pour gagner l'argent nécessaire, d'obliger son maître à le laisser travailler pour son propre compte. Ainsi, l'Islam n'encourage guère l'esclavage, il interdit par contre, toute forme d'exploitation de l'homme par l'homme, mais il gère cependant, un phénomène vécu durant les périodes païennes et préislamiques et incite à cet égard à la libération des esclaves en tant que moyen d'expiation des péchés commis ou comme acte cultuel, agréé et fort récompensé par le Seigneur.
En outre, c'est le devoir du gouvernement islamique de consacrer chaque année dans son budget une somme pour venir en aide aux esclaves qui cherchent à racheter leur libération. Un document du Calife Umaiyade Omar lbn Abdal Aziz, que Dieu agrée son âme, nous apprend le paiement, par le gouvernement musulman, des rançons destinées à la libération de sujets non musulmans, faits prisonniers par l'ennemi.
La catégorie de ceux qui sont lourdement endettés et chargés d'obligations, montre selon les pratiques des temps classiques, toute une série d'applications : on venait en aide aux sinistrés des calamités naturelles telles que l'inondation, le tremblement de terre, etc. Il ne s'agit ici nullement des pauvres, qui sont déjà mentionnés dans le début de la disposition coranique sus-citée, mais des gens aisés ayant subi une quelconque déchéance, ou encouru des obligations anormales au-delà de leur pouvoir, ou devenus aussitôt nécessiteux par un cas de force majeure, c'est-à-dire imprévisible et inévitable, ou catastrophe quelconque. Ce seraient des chefs d'entreprises auxquels l'Etat accorde des prêts à court, moyen ou long terme, afin d'éviter un lockout éventuel, une compression d'effectifs, un chômage technique et
autres fléaux sociaux qui en découlent.
Le Calife Omar, que Dieu agrée son âme, organisa une section spéciale du Trésor public pour prêter de l'argent sans intérêt à ceux qui en avaient un besoin temporaire, et qui fournissaient les garanties nécessaires de remboursement ; le Calife lui-même y eut recours pour des besoins privés. Il va de soi que la nationalisation du prêt sans intérêt était le concomitant, nécessaire de l'interdiction par l'Islam, du prêt à intérêt. Le même Calife prêtait de l'argent public même aux commerçants, pour des délais déterminés, et le Trésor partageait avec eux un certain pourcentage de leurs gains (jouant ainsi le jeu du risque et du profit éventuels). Cette même catégorie de dépenses publiques avait encore une application : elle pouvait constituer une sorte d'assurance sociale, comme nous pouvons l'appeler de nos jours...
En effet, si quelqu'un se rendait capable d'un homicide involontaire, et s'il était incapable par ses propres moyens de payer le prix légal du sang, le gouvernement lui venait en aide, sous ce titre du budget, comme en témoigne la pratique de notre Prophète Mohammed, Salut Divin Sur Lui, à maintes reprises.
L'expression «dans le sentier de Dieu» s'entend, dans la terminologie islamique, d'abord pour la défense militaire et s'applique aussi bien au personnel qu'à l'équipement, etc. Mais le terme s'étend en réalité à toute oeuvre de bienfaisance, depuis l'aide aux étudiants jusqu'aux entreprises religieuses, comme la construction de mosquées, ou autres à caractère social profitant à l'ensemble de la collectivité.
Dans la catégorie de ces dépenses, on fait entrer tout ce qui peut améliorer le sort du voyageur en détresse, peut importe pour nous, qu'il soit commerçant, homme d'affaires ou simple touriste, ainsi que toute oeuvre d'utilité publique : construction et entretien de ponts et chaussées, entreprises touristiques : hôtels, restaurants ; service de sécurité et d'hygiène, entreprises de transport ; et, en général, tout ce qui a trait au confort des voyageurs en transit, y compris, dans la mesure du possible, l'hospitalité gratuite. Cette hospitalité, qui montre le degré de la foi en Dieu de chaque fidèle, se pratiquait fréquemment aux âges d'or de l'Islam, pour un séjour de trois jours dans un endroit, simplement entre individus sans aucune injonction de l'Etat. Pour apprécier la valeur de ces dispositions, il faut se rappeler qu'elles datent du début de l'Islam, voila déjà plus de quatorze siècles. Il y aurait peu de chose à y ajouter pour les appliquer même de nos jours dans un Etat progressiste et soucieux du bien-être de ses sujets.
A noter que les «Sadaqat» étaient les seules taxes gouvernementales, au temps du Prophète, Salut Divin Sur Lui, et des Califes orthodoxes, que Dieu agrée leur âme vertueuse. Aux époques postérieures, à l'occasion de besoins extraordinaires, les juristes ont admis la possibilité légale d'imposer des charges supplémentaires, mais strictement provisoires, pour faire face aux exigences des circonstances qu'on appelle «nawaib» (calamités).
En Islam, on ne paie point le «tribut» au chef de la cité pour son luxe ou pour sa gloire; on paie des droits à la collectivité, surtout en faveur des besogneux, toujours dans le but de croître en grâce et de se purifier, comme l'explique éloquemment le Verset 103 de la Sourate dite : «le Repentir»: «Prends sur leurs biens un impôt par quoi tu les purifies et les purges, et penche-toi sur eux. Oui ton penchant leur est un repos. Et Dieu entend, Il sait.» Le Prophète, Salut Divin Sur Lui, a dit : «Le chef d'un peuple est, en fait son serviteur.» Pour démontrer la véracité de cette noble citation et le désintéressement absolu avec lequel il avait assumé la direction de son peuple à la fois comme guide spirituel et chef de l'Etat, il avait formellement déclaré que les revenus de l'Etat musulman provenant des musulmans (Sadaqat) Lui étaient interdits à Lui et à tous Ses proches. Si le chef de l'Etat n'abuse pas de la confiance publique, ses subordonnés n'en seront que plus scrupuleux dans l'acquittement de leurs devoirs.
Loin d'être une aumône, la «Zakat» constituait et constitue encore jusqu'à la fin des temps, un impôt civil, une taxe obligatoire, dont les modalités d'acquittement sont fixées par la tradition du prophète, taxe appuyée par des sanctions et par la force publique contre les récalcitrants.
Pour mieux inculquer aux esprits des croyants l'importance de ces paiements, notre Prophète, Salut Divin Sur Lui, les déclara «devoirs religieux et prescription divine», donc assortis, pour les récalcitrants qui sont fort nombreux de nos jours, d'un châtiment dans l'Au-delà, au même titre que la croyance à Allah, Dieu Unique, Maître des mondes, les offices de prière, le jeûne du mois de Ramadan ou le pèlerinage à la Mecque, comme nous l'avons souligné dans les développements précédents.
Les Versets 75, 76, et 77 de la Sourate dite «Le Repentir» font état, dans une anecdote, du malheureux sort d'un avare: ce fut Tha'laba, jadis compagnon du Prophète, mais que l'avarice a aveuglé et qui a entraîné pour lui un châtiment exemplaire dans l'Au-delà:
«Et parmi eux, il en est qui avaient pris l'engagement envers Allah : «S'Il nous donne de Sa Grâce, nous acquitterons la Zakât, et serons du nombre des gens de bien. Mais, lorsqu'Il leur donna de Sa Grâce, il s'en montrèrent avares et tournèrent le dos en faisant volte-face. Il a donc suscité l'hypocrisie dans leurs coeurs et cela jusqu'au jour où ils Le rencontreront pour avoir violé ce qu'ils avaient promis à Allah et pour avoir menti.» Que nos décideurs réfléchissent sur l'érection de la Zakat en une institution étatique, à l'instar de plusieurs pays frères, et fassent en sorte qu'elle soit acquittée par tous ceux qui sont imposables, sans distinction aucune, selon les instructions prophétiques, depuis nos milliardaires dont les fonds, enfouis et en fuite çà et là, profitent pour la plupart aux banques étrangères, jusqu'à nos hauts fonctionnaires et hauts cadres de la nation, auxquels on permet de s'enrichir davantage par des subterfuges juridiques, au détriment des classes moyennes, auxquelles on permet, par la même baguette magique, de s'enfoncer de jour en jour dans le besoin. Ce qui permettrait ainsi, à une minorité «pensante», l'enrichissement sans cause légitime et provoquerait au sein des populations des malaises sociaux sans fin.
Si la croyance en Dieu l'Unique est un devoir spirituel libérant la personne humaine des jougs du paganisme et de toute forme d'athéisme ; si la Prière, le jeûne et le pèlerinage sont des devoirs à la fois corporels et spirituels, la «Zakat» reste un impôt versé par les personnes aisées à celles se trouvant dans le besoin. C'est donc un devoir monétaire qui assure, s'il est bien acquitté et rationnellement réparti, un équilibre social, au sein de la communauté, sans égal!!!
Site :
Mail : si—tahar—badaoui @hotmail.com
Références bibliographiques :
- Initiation à l'Islam du professeur Mohammed Hamidullah
- Illumination de la foi à travers la vie du Souverain des Messagers du Cheikh Mohammed El Khodari Back.
- Traductions du Saint Coran par :
- Le professeur Mohamed Hamidullah.
- Le professeur Sadak Mazigh.
- La Présidence générale des directions des recherches scientifiques, islamiques, de cccccccccccc l'ifta, de la prédication et de l'orientation religieuses.
- Islam, dogme et législation du Grand Imam Mahmoud chaltût. (traduit de l'arabe par le professeur Messaoud Boudjenoun).
- L'interprétation du Saint Coran de l'Imam Ibn Kathir ( traduit en français par le professeur Fawzi Chaaran).
- Les règles de la législation islamique éclairées par la tradition prophétique de l'Imam Sayed Sabiq (traduit par les professeurs : Imane Ali Lagha et Rawya Burhane Naji).
1 - Voir en détail «la Rissala» ou «Epitre» de l'imam Abou Zeid EL Keirawani. Traduction du professeur Kawsar Abdesalam El Beheiry.


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