Perdu de vue depuis son dernier film marocain, Nadir Moknache, le Pedro Almodovar algérien revient avec un film qui risque de faire polémique en Algérie. Car le film français (aucun producteur algérien) évoque la transsexualité. Lola est un Algérien transformé en femme que la mort de son ex-épouse a obligé d'affronter sa condition paternelle, lorsque Zino (Tewfik Jallab), le fils qu'elle a eu avec la défunte, vient frapper à sa porte. C'est le choc pour ce dernier. Depuis ses débuts, Nadir Moknache, connu pour ses penchants, avait flirté avec le genre. Que ce soit Le Harem de Mme Osmane (2000), Viva Laldjérie (2004) et Délice Paloma (2007), le réalisateur algérien a toujours placé la femme au centre de ses sujets. Zino, musicien qui vit en accordant des pianos, se rapproche de l'identité et de l'histoire cachée de son père. Mais elles ne s'incarnent jamais tout à fait. A cause d'un scénario qui emprunte les étapes les plus prévisibles de la lente et tardive réconciliation entre un parent et un enfant longtemps séparés. A cause peut-être aussi du choix de l'interprète principale. Avant d'être professeure de danse orientale dans le sud de la France, Lola s'appelait Farid. Dans sa première vie, Farid a aimé une femme. Et de cet amour est né Zino qui a grandi en croyant que son père l'avait abandonné. À la mort de sa mère, le fils apprend par le notaire, que Farid vit en France. Zino (joué par Tewfik Jallab) décide alors de découvrir qui est son pater. Parti à moto sur les routes de Camargue, le jeune homme arrive à l'adresse communiquée par le notaire et fait la connaissance de Lola. Comme pour tous ses films Nadir Moknache a choisi des divas pour interpréter les femmes dans son film. En l'absence de Biyouna qui a été zappée par le réalisateur pour la deuxième fois, le réalisateur a choisi la grande comédienne française Fanny Ardant, pour interpréter le rôle ô compliqué de femme transgénique. Son corps, sa chevelure et sa voix sont intimement liés au personnage du film. La danse du ventre reste comme dans tous ses films un choix cornélien. On retrouve dans ce film la comédienne algérienne Nadia Kaci, qui est devenue l'actrice fétiche du réalisateur originaire d'El Biar. Le réalisateur, à travers son film, voulait rendre un hommage à son père qui avait débarqué à 19 ans à Paris en 1946. Peintre en bâtiment, il meurt à 40 ans en tombant du haut de son échafaudage. Le cinéaste a toujours eu le désir d'évoquer ce père qu'il n'a pas connu, mais il n'avait pas le goût de raconter cette histoire tragique et la transformer à sa manière à son genre. Encore un film compliqué que les Algériens ne sont près de voir dans les salles. [email protected]