Artiste plasticien et designer, qui ne connaît pas Karim Sergoua et surtout son style? Sa patte est reconnaissable parmi mille! «Revisitées» est le titre de sa nouvelle exposition qui se tient actuellement au niveau de Artissimo Hub Créatif. Une exposition d'une quarantaine d' oeuvres entre ancienness et nouvelles, car l'artiste revisite, en effet, ses créations qu'il nous offre encore à (re) voir. Déclinée entre signes, et autres symboles identitaires, l'artiste qui se veut «témoin» de son temps à exhume son travail pour le présenter à nouveau à son public. Un travail déjà dévoilé par ailleurs dans d'autres espaces. Pour l'artiste, c'est sa façon à lui de dénoncer la «stagnation du marché de l'art» depuis plusieurs années, et qui «oblige les artistes à stocker leurs oeuvres». En effet, de prime abord pour beaucoup, ce ne sont pas des oeuvres inédites, mais que l'on peut redécouvrir autrement tant le style semi-figuratif et abstrait dont Karim Sergoua affuble ses créations nous permet inlassablement de voguer au déchiffrage de ses peintures, tant le mystère qui les entoure reste toujours présent. Une palette riche en couleurs En effet, les toiles de Karim Sergoua sont comme une mer dans laquelle on peut plonger pour en ressortir souvent avec de nouveaux éléments à décrypter. Les tableaux de Karim Sergoua sont inondés de silhouettes humaines aux visages étranges, de poissons et autres animaux tel le loup évoquant le danger ou la menace. Pour autant, le message iconographique que véhicule Karim Sergoua à travers ses tableaux se veut subtil. Aussi, dans l'ère de son temps, il est comme un marqueur, entre compassion, réminiscence et attachement à l'affectif lorsqu'il invoque «ses frères» ou passeur quand il s'attaque à ce passé pas si lointain en évoquant le Hirak et ces marches du 22 février à travers ces sculptures et curieuses installations où l'être humain se noie au milieu du crapaud-serpent et autres créatures rampantes... Des couleurs vives, solaires à celles très chaudes qui rappellent la terre en passant par le bleu apaisant ou encore le noir et blanc, Karim Sergoua a ce goût et le don pour l'expérimentation. Et cela est également discernable dans sa façon de créer des oeuvres d'art sur la base de la récupération, le collage et la peinture sur bois. Inventif, mais aussi bien intuitif, l'artiste donne à suggérer, plutôt qu'à voir. Ses oeuvres sont comme un gateau que l'on ne se lasse pas de savourer tant l'appréciation se déguste avec parcimonie. Il faut, en effet, prendre du temps pour consommer une oeuvre de Karim Sergoua. Ses tableaux marquent l'esprit, des spectres humains aux totems et autres visages aux faux airs d'extraterrestres attirent l'attention. Il faut aussi prendre le soin de lire les tableaux d'un Karim Sergoua en déchiffrant les strates et couches de ses peintures. C'est comme on lirait à travers les lignes d'un texte littéraire surréaliste ou nimbé de poésie. Universel, pour autant, le travail de Karim Sergoua témoigne de son attachement à la terre mère à travers ces segments qui rappellent la nature et ses éléments patrimoniaux. Par certain endroit, il nous rappelle un certain Denis Martinez dans l'art de la récupération et sa façon qu'a l'artiste de sublimer et rendre un plateau de fer complètement banal, un terreau d'expression artistique. Alerte, Karim Sergoua se plait à parler de son vécu, mais de son pays aussi, navigant entre «poissons»,»chiens» et «loups» qui entourent notre quotidien et notre société en général. La peinture de Sergoua est singulière à plus d'un titre. Il y a l'homme, mais il y a aussi la femme =à laquelle Karim Sergoua n'omet pas de rendre hommage à travers ses oeuvres nommées «Hizia». Pour accompagner cette jolie exposition, de nombreuses actions parallèles figurent au programme et que l'artiste a su bien concocter. À noter ainsi que le 21 juin, Karim Sergoua animera une conférence pour parler de son parcours. Le 23 juin, à partir de 10h à 18h, l'artiste animera un workshop sur la reprographie d'art (la photocopieuse au service de la création artistique). Le 06 juillet à 18h, sera animée une conférence sur la jeune création algérienne. Le 08 juillet à 16h30, le public est invité à une séance de projection de «Système K» (2020). Un très beau documentaire de Renaud Barret sur le système de débrouille des artistes contemporains engagés à Kinshasa. Il est, en effet, constitué de témoignages qui portent sur les conditions précaires de la condition artistique et de la vie en général à Kinshasa, capitale de la RDC. Le 13 juillet à 18h, place à un workshop «Street art» (Tkharbich'art). Un programme parallèle à l'expo Le 22 juillet se tiendra à partir de 16h le finissage de l'exposition qui sera poncuté par une conférence de l'artiste sur l'histoire du collectif d'artistes «Essebaghine». Il est bon de rappeler que Karim Sergoua est plasticien et enseignant à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts. Né en 1960, Karim Sergoua est diplômé de l'Ecole nationale des Beaux-Arts en 1985 et de l'Ecole supérieure des Beaux-Arts en 1989. Depuis, il a enseigné à Alger et à l'Ecole régionale de Tipasa. Il a participé à de nombreuses actions artistiques collectives expérimentales et de nombreux collectifs comme «Essebaghine». Il a exposé ses oeuvres en Algérie, en Italie, en France, au Koweit, au Portugal ou encore en Grèce et anime de nombreux ateliers de formation et résidences de créations. L'exposition «Revisitées» se poursuit au «Hub créatif Artissimo» jusqu'au 8 juillet prochain. A ne pas rater donc.