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Benbouzid met le feu aux poudres
La grève des enseignants est reconduite pour une semaine
Publié dans Liberté le 20 - 11 - 2003

Alors que les deux organisations qui pilotent la protestation des enseignants du secondaire ont décidé de poursuivre leur grève, le ministre de l'Education les accuse de mettre l'école au service des “luttes politiques et syndicales”. Il approuve ainsi le refus que son collègue Tayeb Louh a opposé à la demande d'agrément de ces organisations.
Conférence de presse du CNAPEST, hier, à Alger
Mériane : “Nous irons jusqu'au bout”
La grève se poursuivra, donc, au-delà de l'Aïd el-Fitr. Les animateurs du conseil écartent pour l'heure la sombre perspective de l'année blanche. Difficile de le croire.
Le Cnapest reconduit la grève pour une semaine encore à partir de samedi. Le président du conseil, M. Mériane, l'a confirmé, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège du cnes à Alger. Ce syndicat, qui mobilise les enseignants dans plus de 44 wilayas, maintient son préalable qui consiste à être reconnu comme partenaire social à part entière pour toute négociation avec le ministre de l'éducation nationale. Ce syndicat veut, du moins pour le moment, une reconnaissance publique de son existence en tant que structure syndicale, en attendant d'avoir l'agrément. Lors de la conférence de presse, M. Mériane a souligné que sa structure est en conformité avec la Constitution, notamment dans son article 56 qui stipule : “Le droit syndical est reconnu à tous les citoyens.” Il reproche à M. Louh, ministre du travail, de chercher de fausses dispositions juridiques pour tenter de bloquer l'agrément. “Il fait une réserve sur l'article 77 dans nos statuts, qui interdit d'utiliser le syndicat pour des ambitions politiques. Lors du premier et du deuxième dépôt du dossier d'agrément, respectivement le 27 mai et le 8 septembre, cet article était considéré comme conforme à la loi. Pourquoi ce revirement ?” Pour le président de ce mouvement, il y a une volonté délibérée et une complicité des ministres de l'éducation et du travail afin de casser le mouvement. “Ils se trompent d'époque. Le ministre de l'éducation nous renvoie vers le ministère du travail, comme s'ils appartenaient à deux gouvernements différents”, remarque M. Mériane. Ce dernier estime que, par ce comportement, le pouvoir prouve qu'il ne veut pas voir se constituer des syndicats autonomes qui feront certainement de l'ombre à leur protégée l'UGTA, sans oublier la gestion de l'argent des œuvres sociales qui représentent 500 milliards de centimes pour le secteur de l'éducation nationale.
Le coordinateur de ce syndicat rappelle que dans les années 1980, le salaire d'un PES représentait 5 fois le Smig. La bipartite et la tripartite de l'UGTA ont ramené le salaire d'un professeur à 1,5 fois le Smig. “Aujourd'hui, l'enseignant est un smicard”, lance un professeur. En réponse à une question relative à une éventuelle année blanche, M. Mériane estime que, pour le moment, cette éventualité est à écarter même si les choses perdurent. Il sera effectivement très difficile de rattraper convenablement le temps perdu. Selon lui, cette situation ne dérange pas les décideurs, car leurs enfants sont à l'abri. “Il faut qu'ils sachent une chose. Nous ne ferons pas marche arrière. Nous continuerons la grève jusqu'à satisfaction de toutes nos revendications», déclare M. Mériane.
Ce responsable est certain que le CLA a été grugé par la tutelle. Pour cela, il exhibe le document cosigné par le secrétaire général de ce syndicat et un représentant du ministère à l'issue de la dernière rencontre.
Ce document ne porte même pas d'en-tête et n'a pas de cachet officiel. Le cosignataire du ministère n'est pas habilité à le faire, et juridiquement sa signature n'engage en rien le ministère de l'éducation.
Les animateurs de cette conférence ont dénoncé les intimidations et suspensions que subissent encore les professeurs et ce, malgré les directives du ministre de l'éducation.
Ils citent la wilaya de Tipasa, où des professeurs sont carrément empêchés d'entrer à l'établissement et la wilaya de Guelma où les services de police ont demandé les noms des délégués.
Mourad Belaïdi
CEM Amar-Yacef (El-Madania)
Une enseignante agressée par le directeur
On pensait que la violence scolaire concernait uniquement les élèves, mais des enseignants en sont également victimes. Le cas de cette enseignante d'éducation physique du CEM, Amar-Yacef, d'El-Madania (Alger) est très éloquent. Dans cet établissement où le directeur passe pour être un véritable caïd, la grave agression dont le professeur D. O. a été victime, il y a deux semaines, n'est pas inédite. En effet, avant elle, d'autres enseignants ont subi ses assauts intempestifs. Le jour de l'incident, D. O. était avec ses élèves dans la cour du CEM. Les adolescents effectuaient un exercice d'échauffement quand le directeur surgit pour leur demander d'interrompre la séance. Il bouscule quatre garçons et leur ordonne de retourner en classe. Face à cet abus intolérable, l'enseignante réagit. Elle s'insurge contre ce dépassement et fait valoir sa responsabilité sur les élèves. En guise de réponse, le responsable lui administre une gifle mémorable. Ses élèves veulent la secourir. En vain, l'agresseur tente de rééditer son acte et la poursuit dans une salle où elle court se réfugier. Outre les élèves, une collègue assiste à l'agression. Aussitôt, un vent de rébellion s'abat sur le CEM. Ses occupants grands et petits décident d'une action de protestation et interrompent les cours.
De son côté, la victime porte plainte au commissariat. Le médecin-légiste lui délivre un certificat d'incapacité de quinze jours. Instruites, les autorités de l'éducation se saisissent également de l'affaire. Mais n'en font rien. à ce jour, aucune sanction n'est décidée contre l'agresseur.
Pis, les services de l'inspection académique ont voulu étouffer le scandale en proposant à la victime une mutation dans l'établissement de son choix. Le tribunal d'Alger rendra son verdict dans cette affaire le 29 novembre prochain.
S. L.
Le CLA l'a reconduit, hier
Le débrayage des lycées se poursuit
Le Conseil des lycées d'Alger décide de reconduire le mouvement pour une septième semaine.
C'est la énième fois que les syndicats autonomes reconduisent la grève pour une autre semaine, le mouvement de protestation des enseignants du secondaire semble se radicaliser et les enseignants sont décidés à durcir le ton.
C'est ce qui a été décidé, hier, par le Conseil des lycées d'Alger, lors de la conférence de presse qui a suivi le rassemblement général. La base du syndicat considère que les enseignants doivent maintenir la pression sur le ministère jusqu'à l'aboutissement de leurs revendications et l'ouverture des véritables tractations. “Il demeure toutefois qu'une sortie de crise passe par des négociations entre les deux protagonistes et non par des faux-fuyants et manipulations comme l'a illustré la politique de communication du ministre de l'éducation nationale, qui a présenté les primes variables et de qualification comme étant une augmentation nominale du salaire”, déclare le responsable du Conseil des lycées d'Alger. Selon lui, l'assemblée générale a rejeté en bloc la décision de l'octroi d'une indemnité de qualification qui a été fixée sans négociation avec les représentants du mouvement de contestation. “L'augmentation des salaires faite de l'institution d'une indemnité de qualification reste nettement dérisoire, notre rémunération a progressé plus lentement si on la compare à l'évolution du niveau de vie. Signalons que le salaire de l'enseignant a chuté cinq fois en espace d'une décennie. Et durant cette période, le Snmg est arrivé à 1.8”. Il ajoute aussi : “Cette baisse est plus dramatique si nous la comparons à l'évolution des rétributions dans les autres secteurs d'activité. Une femme de ménage ou un agent de sécurité de la Sonatrach touche l'équivalent d'un professeur ayant plus de 15 ans d'expérience dans l'éducation.”
Concernant les autres doléances, à savoir le statut particulier du professeur du secondaire et la retraite après 25 ans de service, M. Redouane Osmane considère que les commissions de travail sont sans aucune obligation d'échéance et de résultat.
Sur la question de l'année blanche, l'orateur estime que le syndicat autonome a prévu une stratégie de rattrapage du retard causé par la grève. “Nous avons perdu quatre semaines pédagogiques mais qui sont rattrapables. Nous envisageons d'apporter des modifications concernant le système d'examen, lesquelles seront étudiées par un conseil pédagogique.”
Rappelons que la base du Conseil des lycées d'Alger réaffirme sa disponibilité au dialogue avec les pouvoirs publics pour l'aboutissement des revendications des enseignants. “Nous maintenons la pression sur les pouvoirs publics jusqu'à l'aboutissement de nos revendications. Notre combat est de modifier la vision unilatérale de la tutelle sur les négociations afin d'arriver à de nouvelles relations de travail, et si le ministère a changé de ton et tente, imparfaitement, d'appeler au dialogue, c'est le résultat concret de la pression du débrayage”, conclut le responsable du Conseil des lycées d'Alger.
Nabila Afroun
Formation professionnelle
Grève après l'Aïd
L'Union nationale des fonctionnaires de la formation professionnelle (Unffp), affiliée au Snapap, a confirmé, hier, le maintien de son mot d'ordre de grève générale pour après l'Aïd. Dans un communiqué rendu public, le syndicat de ce secteur tire à boulets rouges sur l'UGTA, qui a annoncé dans certains journaux que les salaires des travailleurs de la formation professionnelle allaient être augmentés au même titre que ceux de leurs homologues de l'éducation.
Le syndicat de la formation professionnelle suggère que cette déclaration de la Centrale syndicale est une manœuvre visant à casser le mouvement qu'il prévoit de déclencher juste après la fête de l'Aïd. Et pour cause, l'Unffp impute la responsabilité du recours à la protesta au “refus” du ministère de tutelle de satisfaire les revendications exprimées. En effet, il est souligné que le ministre de la formation professionnelle a refusé de prendre en charge les doléances posées par les quelque “250 cadres syndicaux” ayant observé un sit-in, la semaine dernière, devant le siège du ministère.
Plus grave encore, l'Unffp accuse l'actuel responsable de ce département de faire la sourde oreille à sa plate-forme, sous prétexte que son syndicat serait “la création de l'ex-ministre FLN Abbad”. C'est pourquoi, prenant acte de l'absence d'une volonté de dialogue du côté de la tutelle, le syndicat de cette corporation a décidé d'emboîter le pas à ceux de l'éducation, en paralysant les établissements de l'enseignement professionnel après l'Aïd. Sentant certainement un coup fourré du syndicat rival, le STFP affilié, lui, à l'UGTA qui se prépare à négocier avec le ministère, pour, d'une part, court-circuiter le mouvement de grève, et d'autre part, le discréditer aux yeux des fonctionnaires, l'Unffp prend l'opinion publique à témoin et persiste sur l'option d'initier une grève générale. “Une grève générale est prévue juste après l'Aïd, et ce, quels que soient les résultats de la réunion de la honte des membres de la coordination du syndicat d'entreprise, dont les visées se découvrent devant l'opinion”. Il est à rappeler que les travailleurs de ce secteur réclament, dans leur plate-forme de revendication, entre autres l'augmentation de l'ordre de 100% des salaires de base en faveur de toutes les catégories de la corporation, l'arrêt immédiat des procédures de centralisation des œuvres sociales, faire la lumière sur les promotions exceptionnelles (3 924 postes) et le respect du pluralisme syndical.
C'est dire qu'au moment où les troupes du syndicat sont sur le pied de guerre, le STFP s'apprête, lui, à jouer le rôle échu à la FNTE dans le secteur de l'éducation, à savoir casser la grève, moyennant quelques acquis sociaux usurpés à l'autre syndicat.
H. M.
Dans une lettre ouverte
Benbouzid provoque les enseignants
Le ministre de l'éducation sème le doute sur les véritables motivations des initiateurs de la grève des lycées.
Suite à sa prestation télévisée, mardi soir, le ministre de l'éducation nationale a adressé, hier, une lettre ouverte aux enseignants, les exhortant à reprendre les cours. Presque mot à mot, Boubekeur Benbouzid a reproduit par écrit le discours conciliant et paternaliste dont il s'est fondu devant les caméras de l'unique. “J'en appelle à l'esprit de responsabilité des enseignants qui ont su, pendant les années les plus douloureuses du pays, préserver l'école pour qu'ils se dressent encore une fois contre toute tentative d'impliquer l'institution éducative dans des luttes syndicales ou politiques”, préconise le représentant de l'exécutif. Dans sa missive, il demande aux grévistes “de faire preuve de vigilance et de perspicacité” et prévient contre “une dérive dangereuse, à laquelle nul ne peut être indifférent”. “La gravité de la situation doit nous interpeller et susciter en chacun de nous des interrogations, quant aux motifs réels de cette crise”, souligne le ministre.
Selon lui, les revendications salariales des syndicats initiateurs de la grève des établissements secondaires en cours depuis la rentrée scolaire et la demande d'agrément de l'un d'eux, le Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), en l'occurrence, sont uniquement un paravent. Si l'on s'en tient à ses propos, elles cacheraient des motivations extraprofessionnelles ou syndicales. D'ailleurs, le locataire du département de l'éducation nationale ne manque pas de les expliciter, en avertissant contre “la politisation de la grève”.
A ce sujet, l'auteur de la lettre ouverte brandit un argument de taille. D'après lui, rien ne justifie la poursuite du débrayage dès lors que l'exigence salariale est satisfaite. “J'en appelle la conscience de chaque enseignant en grève, pour qu'il évalue, en son âme et conscience et sans interférence aucune, la mesure et la portée des décisions concrètes prises par le ministère de l'éducation nationale en accord avec le gouvernement pour la prise en charge effective des préoccupations des enseignants”, écrit Benbouzid. Avec force détails, il met en relief l'importance de la revalorisation consentie sous la forme d'une indemnité de qualification à plus de 400 000 fonctionnaires du secteur. Le ministre réaffirme, à ce propos, que cette nouvelle prime est non seulement “fixe et permanente”, mais sera aussi comptabilisée pour le calcul de la pension de retraite.
Faisant valoir, à cet égard, l'effort financier accompli par le gouvernement, son représentant précise que ce relèvement des traitements a coûté à l'état 26 milliards de centimes. “C'est la première fois depuis l'indépendance qu'une augmentation aussi substantielle est accordée”, s'en est enorgueilli le ministre lors de son intervention télévisée.
En somme, le gouvernement n'est plus redevable de quoi que ce soit. Si les enseignants persistent dans leur action de protestation, c'est tout bonnement parce qu'ils sont manipulés par des meneurs aux desseins inavoués.
Tel est le message de Benbouzid. Loin d'être un appel à la raison, il sonne comme une provocation.
SAMIA LOKMANE
Agrément des syndicats autonomes
La raison des plus fous
On déplore souvent chez nos ministres une grave incapacité à communiquer. Et quand, acculés, ils sont contraints à parler, c'est souvent pour mettre les pieds dans le plat. Benbouzid, dont le secteur est livré à une grève sauvage depuis plus d'un mois, confirme cette calamiteuse règle.
Sa prestation pathétique, mardi et à une heure de grande écoute, a eu le chic de sortir de leurs gonds les professeurs de lycée. C'est en tous cas ce que nous avons pu constater, hier, lors de la rencontre des délégués du CLA. “Il a essayé de jouer sur la fibre patriotique, avec un air faussement grave”, déplore Ali Boudouaou pour qui “ce type de discours, à force d'être rabâché, ne produit plus aucun effet. Nous aurions souhaité l'entendre nous inviter à la table des négociations”. Négociation est un maître-mot qui prend une dimension particulière à ce stade du conflit. “Pendant la Guerre de libération, le général De Gaulle n'a pas cherché d'autres interlocuteurs, il a négocié avec le FLN, car c'était lui le maître d'œuvre de la Révolution”, commente, pour sa part, Soraya, membre du bureau du CLA qui renvoie la balle à Benbouzid. “Puisqu'il a voulu nous court-circuiter, en tant que syndicat porteur de la grève, il n'a qu'à demander à sa FNTE d'appeler à la reprise des cours !” Même récriminations de Redouane Osmane, qui avait bien du mal à contenir sa colère, au moment où il a interrompu l'assemblée générale des délégués pour animer un point de presse. “Si c'étaient nous qui avions négocié, nous aurions pu convaincre nos collègues à reprendre les cours, même si on n'avait obtenu que mille dinars”. En clair, ce que revendiquent les syndicats grévistes, c'est le statut d'interlocuteur, en tant que représentant de la majorité des professeurs des lycées.
L'organisation de Redouane Osmane n'exige même pas le préalable de l'agrément, comme c'est le cas pour le Cnapest. “Que Benbouzid accepte de discuter avec nous, en tant que collectif, nous avons des choses à lui dire de vive voix en notre qualité d'animateurs du mouvement de grève dans les lycées de la capitale”, martèle-t-il en rejetant la responsabilité du pourrissement sur les pouvoirs publics. C'est donc la non-ouverture de la négociation directe avec les meneurs de la protestation qui constitue, à l'évidence, le blocage.
Dans ce cas, on ne se demandera jamais assez de savoir pourquoi les pouvoirs publics s'arc-boutent sur leur refus à délivrer ces satanés agréments. “Ce n'est pas moi, c'est le ministère du travail”, a tenté de se justifier Benbouzid. Ce qui est du reste vrai. Mais ce qui est encore plus vrai, c'est que sur cette question précise de la reconnaissance des deux syndicats, nous assistons à un jeu politique malsain.
Tout le monde aura compris que le pouvoir veut réserver l'exclusivité de la représentation syndicale, dans les milieux enseignants, à la FNTE dont il a voulu redorer le blason terni par des années d'à-plat-ventrisme, en faisant croire que les indemnités obtenues sont l'aboutissement de son combat. Un combat, bien singulier, en cela sans que personne ait croisé le fer.
Le ministre de l'éducation est peut-être fondé à soupçonner le Cnapest et le CLA de faire de la politique, quand bien même la quasi-totalité des professeurs réduits, aujourd'hui, à négocier leur dignité, se fichent de la politique, comme de leur dernière chemise.
Mais lui aussi et son collègue, Tayeb Louh, font exactement pareil en bloquant l'agrément. à moins que ce qui est permis pour l'un, ne le soit pas pour l'autre.
Que cette grosse hypocrisie, cesse une bonne fois pour toutes. Il y va de l'intérêt des milliers de lycéens que personne n'a le droit de sacrifier.
N. Sebti


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