Le ministre de la Communication, Hamid Grine, n'en finit pas de cafouiller. Après s'être répandu en déclarations sur l'inopportunité, à ses yeux, d'une autorité de régulation de la presse écrite, le voilà qu'il mange son chapeau en annonçant lundi, depuis Tipasa, que, finalement, cette autorité sera bien installée le mois de septembre prochain. Bonne nouvelle, dans la mesure où le gouvernement semble être décidé à respecter ses propres lois. "Toutes les conditions sont réunies pour la création d'une autorité de régulation de la presse écrite", a annoncé, en effet, le ministre, balayant ainsi d'un revers de main toutes ses insistantes déclarations sur l'inutilité d'une telle instance, car un décret n°11-216, du 12 juin 2011, fixant les attributions du ministère de la Communication, conférait à la tutelle des attributions dont celles de l'autorité de régulation de la presse écrite. C'était ce même décret que le ministre a brandi pour justifier sa substitution à l'autorité de régulation de la presse écrite le 3 mai dernier, lors d'une conférence tenue à El Moudjahid. Mais, depuis 2011, une loi organique relative à l'information est promulguée moins d'une année après ce décret, soit en janvier 2012, et elle reste l'unique source et référence juridique à laquelle la tutelle et le monde de la presse doit se conformer. C'était en référence à cette même loi organique que le ministre avait affirmé en juin 2015 à partir de Mila, alors en visite, que "l'élection de l'Autorité de régulation de la presse écrite ainsi que celle du Conseil d'éthique seront organisées entre les mois de septembre et d'octobre" de l'année écoulée. Cela dit, avant l'affaire El Khabar, le ministre Grine pensait à se conformer à la loi organique de janvier 2012 relative à l'information qui a consacré dans son titre III au total 18 articles à l'Autorité de régulation de la presse écrite. Le premier stipule qu'"il est institué une Autorité de régulation de la presse écrite, autorité indépendante, jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie financière". Sauf que, entre-temps, le gouvernement, par la voix de Hamid Grine, a décidé d'enfreindre la loi qu'il a lui-même promulguée et a fini par lui tordre le cou. L'autre justificatif de Hamid Grine pour donner du crédit à son cafouillage est le fait, selon lui, que 99% des journalistes du secteur sont "identifiés", grâce "à la carte de journaliste professionnel". Pour le ministre, "c'est une force humaine apte à organiser des élections et installer une autorité". Le ministre a, néanmoins, estimé, selon le compte-rendu de l'APS, que "des efforts restent à faire en bénéficiant des expériences des autres pays en la matière, et en s'accordant sur une formule définitive pour cette autorité". "Doit-on créer un Conseil déontologique pour la profession ou un Conseil d'éthique pour la presse ?", s'est, par ailleurs, interrogé le ministre. Mohamed Mouloudj