Pourquoi les responsabilités sont-elles désindividualisées au point où tout ce qui se fait n'est imputable à personne ? Personne n'est responsable, personne n'est coupable, même pas les institutions. Quand on dit système, c'est abstrait, c'est personne. Ce ne serait de toute façon pas suite à ce constat que s'est exprimée en partie la nécessité de réviser la Constitution Pourquoi alors la révision de la Constitution ? C'était tout de même suite à un constat que le Président avait décidé de la nature des réformes à mener. Quel constat ? On ne le sait pas pour manque de débat. Il y a eu d'abord l'observation selon laquelle les émeutes n'avaient pu être ni apaisées par les partis au pouvoir, ni récupérées par les partis de l'opposition, ni prévues par les autorités locales concernées, ni donc maîtrisées par l'administration locale. Les relations triangulaires «administration, partis, société civile» n'étaient pas caractérisées par des relations de franche collaboration ou de franche coopération. Quant aux députés, ils étaient absents de cette relation triangulaire. Quand on dit partis, administration, c'est personne et tout le monde à la fois. Quand on dit députés, c'est la masse car c'est personne. Un grand déficit donc, à commencer par les parlementaires puis les élus locaux et enfin l'administration locale, un déficit plus grand du côté des élus qui prouvaient ainsi l'absence de leur enracinement populaire. Serait-ce dû en partie à la faiblesse de l'étendue du champ politique? A la faiblesse de légitimité des partis ? Ceux-là s'en défendent et plaident non coupables. Qui doit être le plus enraciné au sein des populations, les partis en tant que notion abstraite ou les élus sur lesquels on ne met ni visages ni noms ? Ni les élus ni les partis. Un parti est une entité abstraite alors les élus ne font pas particulièrement leur boulot selon les appréciations des populations. Les députés ne peuvent pas être enracinés car c'est la liste qui est présentée aux élections et non pas les candidats à la députation. Ce ne sont pas les électeurs qui choisissent mais les partis politiques qui placent au haut de la liste ceux qu'ils voudraient voir élus. On vote, mais on ne choisit pas. Ouvrir alors le champ politique ? Pourquoi pas ? Y organiser des débats par des face à face ? Pourquoi pas ? Revoir le mode de scrutin pour y introduire le scrutin nominal au niveau des circonscriptions électorales ? Cela au moins rétablira la représentativité populaire du parlementaire. Ainsi, la conscience du député sera libérée et c'est le député qui aura la primauté sur le parti.