Beaucoup reste à faire car tout se passe comme s'il n'y a pas encore de solidarité inter-africaine, de solidarité sud-sud, de partage des biens, sauf pour ce qui concerne les aspirations. Les entraides sont plutôt émotionnelles et pas matérielles. Transfert de technologies, aides au développement ? Il est plus facile au congrès américain de voter une rallonge de plusieurs dizaines et même de centaines de milliards de dollars pour ramener des pays dont l'Irak et l'Afghanistan à l'âge de pierre qu'à aider au développement des pays qui en ont terriblement besoin. Se dépêcher de courir le risque (plus qu'un risque) d'entrer dans l'OMC, en sachant que nous sommes très très loin de réunir les conditions du succès, brouille la lecture que nous devons faire des motivations de ceux qui sont ultra pressés de nous y envoyer. Pourquoi cet empressement alors que nous n'avons pas encore les moyens de rendre nos produits concurrentiels. Nous n'avons peut-être même pas de produits à «produire». Quel consommateur accepterait d'acheter «bladi», de remplacer la qualité par le sentiment national ? Nous comprenons fort bien où se situe l'enjeu mais la qualité c'est la qualité. Il ne faut pas se tromper de calcul. De tels pays devraient être aidés à protéger leur marché intérieur. Plutôt une zone africaine de libre échange des produits importés d'ailleurs et vendus sur le marché intérieur africain et non pas des produits fabriqués en Afrique même. Il n'y aurait ainsi que les pays en développement à ne pas protéger leur marché intérieur. Par rapport aux implications sur notre économie, il y a de quoi pour les entrepreneurs nationaux d'en appeler à la sauvegarde du marché national en mettant celui-ci à l'abri des importations. Supposons que les cours du pétrole continuent à faire une réelle et durable dégringolade ? La solution a été vite trouvée par feu le guide libyen qui annonce la constitution des futurs Etats-Unis Arabes (USA). L'ouverture du marché intérieur aux produits à bas prix concurrencerait ainsi les produits fabriqués localement, amènerait la fermeture ou la délocalisation des entreprises locales, ferait augmenter le chômage local. La mondialisation portée par une concurrence sans pitié provoque la ruine et la fermeture des entreprises des pays en développement alors qu'une guerre sur le plan militaire provoque la destruction des entreprises industrielles. L'effet est donc pratiquement le même.