Hors temps, hors contexte, Ramdane Kacer choisit son totem, il choisit l'élément fondamental de sa démarche artistique «Aghandja», l'épouvantail, et nous emmène ainsi à sa suite sur « Les traces du rêve» à travers quelques 23 peintures aux référents assez marqués sur le voyage, la navigation, sur les compositions et notes colorées assez intéressantes à découvrir du 14 octobre au 2 novembre 2017. Entre des acryliques sur papier composées sur des petits et moyens supports, le papier se fait voile et se décline en plusieurs étapes subtiles qui font beaucoup de clins d'œil pertinents à cet épouvantail qui prend de nombreuses dimensions, ouvre ses bras décharnés pour laisser des vélums colorés nous emmener au gré du vent inspiré vers de nombreuses contrées parallèles, probablement ésotériques pour un œil non exercé, mais aussi familier pour ceux qui ont été élevés dans la tradition d'Anzar et d'autres rites liés à la terre et à l'eau. L'épouvantail d'origine lointaine, parfois magique, a traversé tous les temps. L'artiste Kacer, père, puisqu'il a constitué une filiation d'artistes avec ses enfants, est très tôt attiré par le fantastique puisé dans les sphères littéraires et cinématographiques. Comme dit plus haut, il prend à bras le corps ce symbole un peu fétiche et l'accueille comme élément essentiel, graphique dans ses œuvres à la fin des années 1990, et aussi sûrement pour son pouvoir tutélaire de protection. Ses œuvres peintes principalement sont peuplées par ce personnage étrange, qui évolue dans l'atmosphère animée de l'artiste qui a laissé libre cours à son imagination, attribuant à cette créature fantastique différents déguisements et rôles, parfois tragiques ou pleins d'espoir dans divers mouvements et compositions qui rappellent souvent l'univers grisant de la navigation maritime ou autre. Ramdane Kacer, est donc artiste plasticien et scénographe de théâtre, de pub et de cinéma qui né le 26 mai 1952 en Kabylie. Il intègre l'école des beaux-arts d'Alger dès 1968. Il va suivre trois années d'arts appliqués et cinq années de Beaux-arts où il obtient son diplôme national en juin 1976. Le voyage le rattrape et c'est ainsi qu'il suit différents stages à l'étranger notamment à l'Ecole des beaux-arts de Cuba en 1976, ensuite à la télévision Canadienne en 1986 et à la télévision Polonaise en 1993, quelques années avant cela, en mai 1971, il devient membre de l'UNAP (Union National des Arts Plastiques) et aussi du groupe des 35 peintres. En 1994, il est membre de la fondation Asselah. Son parcours riche en événements le mènera dans un parcours assez original fait d'expositions rares mais marquantes, en avril 1971, il est à la salle El Mouggar. En mars 1977, à la galerie l'UNAP. -En décembre 1999, il fait montre de son talent à la galerie « Samsom», dans une rétrospective allant de 1971 à 1999. En novembre 2005, il expose au Bastion 23 et participe à différentes expositions collectives en Algérie et à l'étranger. En 1977 et 1978, il encore présent à la Galerie de l'UNAP. Puis, en février 1993, à la galerie Palmeraie «au profit des enfants abandonnés». Le chemin artistique se poursuit en 2000 dans une exposition itinérante dans plusieurs villes de France et à Alger. Lors des années 1981, 1987,1993 et 1998, il signe des participations au concours de la ville d'Alger. Et se retrouve en mai 2017 au Salon du printemps à Lyon sous le générique «Artistes en liberté». Ramdane Kacer, artiste éclectique, partage sa passion pour la peinture avec sa profession de scénographe. En 1979, il intègre la Télévision algérienne comme Architecte Décorateur où il réalise les décors de plateaux de studio et de téléfilms. Il réalise également des décors de plusieurs pièces théâtrales. Au cinéma, il signe des décors d'une vingtaines de longs métrages avec les réalisateurs Hadj Rahim, Merzak Allouache, Belkacem Hadjadj, Abdelkrim Bahloul, Baya Kasmi, Sid Ali Mazif, Djamila Sahraoui, Dahman Ouzid, Costa Gavras, Paul Kieffer, Philippe Faucon, Laurent Herbiet, Charles Burnett et bien d'autres... Pour cette fois, « Sur les traces du rêve» dans son exposition atypique, le plasticien nous mène sur des pistes au style indéfinissable, ici le plasticien nous livre son côté face, son côté peinture, il reste classique dans ses engagements artistiques et construit un travail aux compositions semi abstraites, livrées sur des tableaux composés comme des viatiques aux secrets bien gardés, les graphismes ressemblent à des toiles tissées dans l'étoffe de nos traditions et mêlées à des attitudes plastiques qui rejoignent le monde de l'indicible juste sur des indices que seuls les «initiés» aux regards purs peuvent pénétrer. Une œuvre sans nul doute sincère à la démarche limpide mais dont la clé de lecture se trouve dans la connaissance indicible de ce «guide» qu'est l'épouvantail, quand il pose ses questions au vent qui passe et qui nous livre ses réponses, dans la peinture qui s'expose. Ramdane Kacer, un « navigateur» de l'impossible, à découvrir à la Galerie Ezzou'Art, pour le plaisir du voyage. Exposition «Sur les traces du rêve» de Ramdane Kacer, du samedi14 octobre, au 2 novembre 2017, à partir de 15h00 à Ezzou'Art Galerie du Centre Commercial et de Loisirs Bab Ezzouar, entrée libre.