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Le berbérisme ou la fabrique du mensonge
Publié dans La Nouvelle République le 30 - 06 - 2019

Alors que le «Hirak» est un mouvement pacifique dans sa forme de protestation, national dans son contenu exprimé par sa revendication essentielle (Système dégage !), le berbérisme, principalement kabyle, l'instrumentalise comme une plate-forme de réalisation de son exacte inversion. Contre le pacifisme, il introduit la provocation (avec la bannière de l'Académie Berbère de Saint-Denis) et l'intolérance dans ses slogans (Pouvoir assassin !) pour avancer son programme.
En opposition au caractère national du «Hirak», le berbérisme propose son agenda régionaliste lorsqu'il n'est pas ouvertement séparatiste, appelant à la reproduction anti-démocratique de la configuration du bloc au pouvoir d'hier, dans l'alliance intéressée qu'il formait avec les officiers francophones laïques désormais défaits, au temps béni de la cooptation de ses élites partisanes au très fermé Club des Pins. Au moment où le «Hirak» impose à l'État un nouveau rapport à la culture du fait même de sa composante estudiantine qualitative, promesse d'une rénovation démocratique profonde car elle embrasse le champ social tout entier pour de nombreuses années à venir, ce mouvement sociétal d'une ampleur inédite dans l'histoire du mouvement national saura inéluctablement mettre le berbérisme à la place qui lui sied, celle d'un courant raciste qui fait la promotion de l'idée de la Nation sur une base ethnique. Le berbérisme donne ainsi à voir une vision culturaliste fasciste du monde, largement dérivée des travaux des anthropologues idéologues, du colonialisme français.
Dans cet article, nous ne parlerons pas de l'imposture du culturalisme folklorique (le culturalisme est une doctrine anthropologique qui considère que la culture explique les comportements individuels et sociaux) contre l'encouragement des cultures authentiquement populaires de notre peuple, ni du culturalisme littéraire qui se fait jour dans une certaine littérature nationale tellement en vogue outre-mer et nous éviterons, autant qu'il se peut, de réfléchir le culturalisme politique tel qu'il est pratiqué par le RCD, le FFS, le RPK, l'UDS qui forment, plus que jamais, une alliance objective, dans une division savante des rôles avec le MAK qu'ils ne condamnent jamais explicitement.
Nous allons tenter de circonscrire notre propos sur l'essentiel, c'est-à-dire sur la sociologie culturaliste berbériste pour en comprendre les ressorts profonds et montrer en quoi elle travesti la réalité sociale et politique qu'elle entend décrire mais aussi pourquoi elle sera défaite par le «Hirak». Il nous faut dans ce cadre dresser un premier constat. Le berbérisme tient son argumentation première du passé, de l'histoire, dans une interprétation singulière de son déroulé.
A la suite de l'ethnicisme colonial, dont Laurent-Charles Féraud était l'un des porte-drapeaux (pour lui les berbères descendaient en droite ligne des Vandales), la vision berbériste de l'histoire oppose «berbères» et «arabes» en tant qu'ils seraient deux races différentes, l'une ayant plus de légitimité que l'autre car l'ayant précédé dans ce qui n'était pas l'Algérie mais une Ifriqiya sous domination byzantine. Suivant cette logique, il y aurait donc des algériens plus algériens que d'autres sous prétexte de primo habitants de cette région d'Afrique.
A ce rythme, que dire alors du singe-magot des gorges de la Chiffa ? Devrions-nous lui décerner, une carte de super identité nationale au titre de précurseur de… Tous les algériens, y compris des Gétules antiques ? En plus de la catégorisation en races, cette vision ethnologique, empruntant à l'anachronisme historique une démarche scientiste caractéristique des élites françaises du XIXème siècle - qui fera dire au théoricien du nazisme Alfred Rosenberg que les «berbères blonds» portaient en eux des ascendances aryennes - oppose un mode de production sédentaire agricole qui serait celui de l'Afrique du Nord de cette époque reculée contre les nomades éleveurs venus d'Arabie.
C'est bien entendu faire peu de cas des éleveurs touarègues du Tassili N'ajjer et de ceux berbères du Nord constantinois, attestés par l'archéologie mais selon l'historiographie coloniale, c'est ce rapport à la terre qui ferait ressembler les «berbères» et par un glissement hasardeux les «locuteurs berbérophones» et conséquemment les «kabyles» aux bons paysans gaulois. C'est donc ce passé qui fournirait les fondations morales et symboliques de «cet être berbère», cet «homme libre».
Les berbéristes ont maquillé jusqu'au sens que ce mot pouvait avoir dans la société esclavagiste d'antan qui différenciait les hommes «libres» qui vivaient au sein de la tribu et suivaient l'ensemble de ses règles souvent très contraignantes, des esclaves destinés aux travaux forcés et dans le meilleur des cas aux tâches domestiques. La liberté en question n'avait bien entendu aucune relation, dans le mode de production d'alors, avec une quête de la démocratie sans relâche qui veillerait particulièrement à une préservation des libertés telles que nous les connaissons aujourd'hui, sous des formes modernes du fait de la complexification et des différentiations à l'œuvre dans les sociétés contemporaines. Mais les berbéristes n'en sont pas à un amalgame près.
A menteur, raciste et demi…
En réalité, les berbères, si on devait se résoudre à une discussion triviale d'ordre génétique suivant les polymorphismes et ADN mitochondriaux qui ne sauraient en aucun cas se confondre avec l'identité du peuple algérien issue d'un long processus de nature historique - indéniablement arabo-islamique et non pas d'une évolution raciale- sont des mélanges de peuples ibériques, mauritaniens, carthaginois, arabes ainsi qu'eurasiatiques.
La belle affaire ! A quoi devrait donc ressembler notre Etat si nous devions suivre une telle pente de la bêtise berbériste? La seconde catégorie d'argumentation d'ordre idéologique portée par les berbéristes est de se moquer de l'Etat algérien dans sa dimension bureaucratique au prétexte qu'il serait l'exact reflet de «l'administration des arabes» oubliant au passage que l'Etat central en Algérie est essentiellement aux mains des kabyles pour des raisons historiques (en raison des spécificités du mouvement national révolutionnaire) et géographiques (proximité de la Kabylie de la capitale) sur lesquelles il est inutile de revenir ici.
Ce serait donc des traits de la culture arabe et islamique, du caractère arabe etc. qui feraient l'inefficience de l'administration en Algérie comme si les traditions de l'Etat algérien en termes de gestion et de rapports aux populations n'empruntaient pas ses modalités d'action au seul Etat dont elles aient encore la mémoire, à savoir l'Etat colonial. Une analyse rigoureuse de l'Etat colonial mettrait clairement en évidence la culture des passe-droits qui étaient légions en faveur des colons, le recours systématique aux intermédiaires (les Juifs excellaient, depuis le décret Crémieux dans ce rôle entre les indigènes et les colons), le mépris à peine caché vis-à-vis des administrés analphabètes dans leur immensité en raison d'une colonisation qui semait l'ignorance, enfin les spoliations démesurées de ses terres et de ses sous-sols au profit de la métropole et aujourd'hui au bénéfice des Khellil, Ouyahia, Haddad, Rabrab, Tahkout qui ressemblent comme deux gouttes d'eau aux Borgeaud, Blachette, Faure, Durand et Schiaffino d'hier. Mais au lieu de s'en prendre à la France et ses legs néocoloniaux que nous trainons jusqu'à ce jour comme des boulets, les berbéristes préfèrent la mystification de leur compatriotes «arabes» dont on peut se demander la relation avec le phénomène du colonialisme, un fait européen émanant de ses rapports intimes avec la philosophie promue par «le siècle des lumières» et les «encyclopédistes».
Le comportement de la bureaucratie algérienne vis-à-vis de ses administrés ne procède donc pas d'une culture arabo-islamique méprisée par les berbéristes souvent dans l'ignorance crasse des fondamentaux de cette grande civilisation universelle, mais d'un rapport culturel à l'Etat, sanctionné par la faiblesse d'une société civile postcoloniale vidée de sa substantifique moelle dans le cours du combat à mort qu'elle a livré pour la libération nationale mais dont les modalités changent radicalement, deux générations plus tard, avec l'émergence salutaire du «Hirak».
pLe «Hirak», le mouvement social de la défaite du berbérisme politique
S'il y a trente ans, le fonctionnaire de l'Algérie indépendante pouvait se prévaloir d'une instruction au-dessus de la moyenne de ses administrés, à l'image du fonctionnaire colonial français gérant ses douars peuplés d'illettrés, ce rapport s'est aujourd'hui inversé. C'est cette nouvelle relation à la culture entre une société civile jeune, en émergence, massivement alphabétisée en langue arabe et diplômée sinon qualifiée, qui fonde la démocratisation de notre Etat et donc sa modernisation avec son corollaire inéluctable en raison de l'arabisation massive, je veux parler de son ancrage naturel islamique dans ses dimensions populaires et de justice sociale.
L'État est mis en demeure de faire sa mue en raison de la puissance du mouvement social et il n'a d'autres choix pour y parvenir que de systématiser l'arabisation dans ses enseignements supérieurs, projet national essentiel, combattu de toutes ses forces par la France, qui a compté au sein des gouvernements algériens qui se sont succédés depuis le décès de feu Houari Boumediene, des partisans zélés à l'image de l'équipe des berbéristes entourant l'ex-ministre de l'Education Nationale Benghebrit, aux fins de permettre à l'Enseignement supérieur de jouer un rôle inavoué de reproduction de classes dirigeantes qui resteraient in fine véritablement francophones.
Dès que nous aurons pris la décision fondatrice de réaliser l'ensemble de nos enseignements supérieurs en langue arabe, nous aurons alors réalisé l'essentiel du projet de l'État National et le berbérisme pourra exercer son influence dans les chaires spécialisées qui lui seront consacrés à l'université d'Alger car l'Académie Berbère de Saint-Denis n'aura plus d'objet.
Ceci n'est bien entendu pas une vue de l'esprit. Les écoles militaires du pays, sans exception enseignent en langue arabe et produisent des résultats tout à fait honorables, ce qui n'empêche aucunement les étudiants capables d'acquérir des langues étrangères aussi bien la belle langue française que d'autres langues du fait de leur statut scientifique comme l'anglais ou le chinois d'élargir le champs de leurs connaissances culturelles. Cette expérience dans l'ANP mérite maintenant, car les temps y sont propices depuis que le «Hirak» s'est débarrassé des projets idéologiques d'une Présidence de la République adossée à l'influence française, d'être mis en œuvre dans la sphère civile et ce dans les meilleurs délais.
Enfin le berbérisme militant conçoit l'arabité sous la forme du prisme idéologique de l'occident et de son avatar sioniste. Il ne voit pas l'Irak ou la Syrie mais des chiites, des sunnites, des kurdes et des yazidites, soit des confessions, soit des ethnies. C'est pour cette raison d'ordre idéologique qu'il reconnait Israël, un Etat Juif, mais ne se résout pas à admettre les dimensions culturelles pourtant largement présentes aux quatre coins du pays de l'arabité.
Dans un effort d'ethniciser les débats, dans la droite ligne des idéologies dominantes faisant du choc des civilisations le moteur de l'histoire, les berbéristes font de tout locuteur en langue arabe, c'est à dire l'écrasante majorité du Peuple algérien, des hilaliens en puissance. Ces efforts seraient décidément risibles s'ils ne rencontraient pas cette fâcheuse habitude des familles algériennes de s'inventer des arbres généalogiques qui remontent aux parentés du Prophète (QSSL), entrainant des débats là ou veulent les mener les tenants d'une vision raciale de l'histoire.
Le Peuple algérien n'en demeure pas moins attaché à son arabité qu'il a lui-même cultivé durant des siècles pour ce qu'elle lui a apporté d'ouvertures philosophiques, scientifiques, spirituelles sur le monde jusqu'à en établir une expression particulière dans sa manière de réaliser sa propre calligraphie, ses mosquées à l'architecture à nulle autre pareille, sa récitation coranique spécifique et bien entendu en adoptant un rite malékite correspondant au caractère entier de son âme berbère.
L'arabité est avant tout une identité qui s'est forgée grâce à l'Islam, sur de très larges territoires, présentant à de vastes populations l'opportunité historique d'un rapprochement favorisant les synergies et les démarches convergentes en lieux et places des divisions, dont le berbérisme est l'une des nombreuses variantes, que nous propose l'impérialisme. L'arabité appelle à la dignité les Peuples de l'ère arabo-islamique dont le Peuple algérien pour entreprendre de manière ordonnée mais sure le renouveau que les Peuples de la région sont en mesure de réaliser maintenant qu'ils se savent en butte aux mêmes maux et en confrontation d'avec les mêmes ennemis.


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