Le scénariste de "Zabana !" déplore "les pressions et interférences de proches et même de personnes complètement étrangères au sujet" subies par les réalisateurs de fictions historiques algériennes, reconnaissant que la réalisation de ces films restait "encore très difficile" en Algérie. Lors d'une rencontre, mercredi à Alger, dans le cadre des 3èmes "Journées cinématographiques d'Alger" (JCA) sur le thème "Le cinéma et la guerre de libération", Azzedine Mihoubi a regretté "les réserves infondées émises par certaines parties", dans une allusion à peine voilée aux critiques de l'ancien président de l'Association des anciens condamnés à mort à propos de certaines séquences du film. Le scénariste qui préfère s'en remettre à l'appréciation des cinéphiles, a tenu à rappeler le "long travail de recherche" effectué pour l'écriture du scénario ainsi que le "visa de la commission de la lecture", accordé pour le tournage de cette fiction sur le premier militant de la cause algérienne à être exécuté par les tribunaux militaires dans l'Algérie sous occupation. De son côté, le réalisateur de "Zabana !" s'est défendu, en tant que cinéaste, de prétendre être le "détenteur de la mémoire", prétention qu'il qualifie d' "usurpation" de l'histoire. Le film n'étant pas un documentaire historique, l'équipe du film, insiste-t-il, "estime de son droit de créer une œuvre de fiction sur un fait ou un personnage historique", pour peu qu'une "certaine vérité (historique)" soit respectée. Estimant que le public est le meilleur baromètre du succès d'un film, Ahmed Bedjaoui, critique de cinéma, a déploré l'absence du public dans les salles obscures, alors que celui-ci est le "meilleur défenseur" d'une œuvre cinématographique, en même temps que le premier pourvoyeur de fonds pour le cinéma. Dans les années 70, le public était d'abord considéré comme générateur de ressources financières pour la production cinématographique que l'Etat ne prenait pas (encore) en charge, a-t-il dit, rappelant que "L'opium et le bâton" d'Ahmed Rachedi avait à lui seul totalisé plus de 2 millions d'entrées. Invitée à présenter son documentaire "Post 9/11", la réalisatrice algéro-canadienne, Nadia Zouaoui, s'est, elle, étonnée de l'absence du public aux Jca "alors que l'accès est libre". Comparant son expérience de tournage aux Etats-Unis, la réalisatrice considère que le cinéma algérien, historique ou autre, avait "besoin d'une démocratisation de l'image et de l'histoire" et regrette que la réalisation, en Algérie, d'un film sur un personnage historique soit "soumise au contrôle des institutions". La réalisatrice a appuyé ses propos par la "facilité" qu'elle a eue, "en tant qu'étrangère" pour tourner son documentaire aux Etats Unis, alors que son film "dénonce les institutions américaines". Sur les mêmes lignes que ses confrères présents, Yamina Chouikh a, elle aussi, relevé le "rapport complexe" entre les "vérités historiques" et les "approches cinématographiques". "Soumettre le cinéaste à la surveillance des historiens, +gardiens de la véracité et dépositaires de la mémoire+", nuit à la créativité et à la création artistique, a tranché la réalisatrice de "Rachida".