Le dialogue national en Tunisie piétine en raison de divergences sur le régime politique à consacrer dans la future Constitution du pays et la loi électorale à mettre en place. Des divergences qui ont amené le parti Al-Joumhouri à suspendre sa participation au dialogue national emboîtant ainsi le pas à Nidaa Tounès qui a suspendu provisoirement sa participation il y a quelques jours. Alors que les forces d'opposition prônent un régime semi-présidentiel, le mouvement Ennahdha, actuellement à la tête du gouvernement provisoire, s'accroche au régime parlementaire. Un régime qui confère au chef du gouvernement les pleins pouvoirs, estiment les forces d'opposition. Les divergences portent également sur le projet de loi électorale avec l'attachement du mouvement Ennahdha à une loi électorale fondée sur le scrutin à la proportionnelle avec la prise en compte des taux moyens les plus élevés en lieu et place du scrutin privilégiant les plus forts restes comme ce fut le cas pour les élections du 23 octobre 2011, réclamé par les autres partis participant au dialogue. Plusieurs parties, à savoir l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Al-Massar, le Front populaire et le Parti des patriotes démocrates unifié, n'ont pas pris part au dialogue national lancé il y a plusieurs jours. Le parti Al-Joumhouri et Nidaa Tounès ont, quant à eux, décidé de suspendre provisoirement leur participation au dialogue. Ces partis appellent à adhérer à l'initiative de l'UGTT, lancée en octobre 2012, pour garantir la participation de toutes les forces politiques et les composantes de la société civile en vue d'un consensus national autour des points de divergence. Certaines formations politiques ont accusé la Troïka au pouvoir d'avoir lancé le dialogue actuel pour faire capoter l'initiative de la centrale syndicale. Par ailleurs, des organisations et des syndicats des médias ont estimé que l'avant-projet de la Constitution "comporte plusieurs dispositions qui sont diamétralement opposées aux principes de la liberté d'expression et aux standards internationaux dans ce domaine". "Ces dispositions visent à compromettre le principe d'indépendance des instances constitutionnelles en charge des médias et de la magistrature", ont-ils averti. Ils ont en outre mis en garde contre "les tentatives répétées d'entraver la réforme du secteur de l'information et de l'exploiter à des fins propagandistes", ajoutant qu'"il s'agit là d'un danger sérieux pour le processus de transition démocratique et une menace de retour de la dictature". Le dialogue national, initié par le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, vise à aplanir les divergences entre les différents partis politiques sur la future Constitution du pays.