Les électeurs mauritaniens se rendent samedi aux urnes pour choisir le futur Président de la République parmi cinq candidats en lice dont le chef d'Etat sortant Mohamed Ould Abdel Aziz donné favori. Les cinq postulants convoitent les voix d'environ 1.400.000 personnes inscrites sur le fichier électoral, actualisé pour les besoins de cette échéance. Outre M. Ould Abdel Aziz, les quatre autres candidats sont Boidiel Ould Houmeid et Ibrahima Moctar Sarr, présidents de deux petits partis politiques, en plus de deux indépendants: le leader antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, ainsi qu'une femme, l'ancienne commis de l'administration Lalla Mariem Mint Moulaye Idriss. Les bureaux de vote seront ouverts à 07H00 (GMT) et clos à 19H00 (GMT), tandis que les résultats devrait être annoncés samedi soir ou dimanche par la Commission électorale nationale et indépendante (CENI) qui supervise l'ensemble du processus électoral. Les membres des forces armées et de sécurité ont commencé à voter vendredi dans le but de se libérer pour assurer l'ordre dans les bureaux de vote, selon l'agence d'information mauritanienne (AMI). La campagne électorale a pris fin jeudi soir, après 15 jours de meetings et de rassemblements. Par ailleurs, une grande partie de l'opposition, regroupée autour du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU, opposition radicale) boycotte le scrutin du 21 juin qu'elle juge "sans garantie de transparence". Le FNDU englobe la Coordination de l'opposition démocratique (COD), une entité d'une dizaine de partis politiques, et un certain nombre d'organisations de la société civile et de personnalités indépendantes. Le FNDU qui menait une intense campagne de sensibilisation mise sur une faible participation de nature à traduire son poids sur la scène politique mauritanienne. A l'inverse, les partisans du président-candidat Ould Abdel Aziz s'efforçaient à mobiliser le plus grand nombre de votants, même s'ils sont suffisamment rassurés quant à la victoire de leur candidat au premier tour. Excepté les islamistes du parti Tawassoul, les membres de la COD avaient boycotté les élections législatives et municipales de novembre et décembre 2013 en Mauritanie. Ce qui n'avait pas empêché une participation de plus de 75% au premier tour et 72% au second tour, selon les chiffres de la CENI. Pour cette présidentielle, les islamistes, membres du Forum, font bel et bien partie des boycotteurs et s'activent sur tous les fronts pour dissuader leurs militants d'aller aux bureaux de vote. Un éventuel second tour est prévu pour le 5 juillet prochain au cas où aucun des candidas ne parvenait pas à obtenir la majorité absolue des voix. -- Présence importante d'observateurs africains et arabes -- La présidentielle mauritanienne du 21 juin sera surveillée par plusieurs observateurs internationaux, dont ceux de l'Union africaine (UA), dirigés par l'ancien Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi. Plusieurs délégations régionales et arabes sont d'ores et déjà présentes en Mauritanie pour participer à l'observation de ce rendez-vous électoral majeur. Selon l'AMI, une délégation du Regroupement des pays du Sahel et du Sahara est en visite depuis mercredi à Nouakchott pour participer à l'observation de l'élection présidentielle du 21 juin . Le Parlement algérien fait partie de la mission de la Commission de l'UA pour la surveillance de l'élection en Mauritanie, et est représenté par le vice-président de la commission de la Justice et des droits de l'Homme au Parlement africain Mohamed Guidji. Des observateurs de la Ligue arabe et de l'Organisation Internationale de la francophonie font également partie des observateurs internationaux. -- Un bilan "positif" du mandat du président-candidat -- L'ex-général, M. Ouel Abdel Aziz, qui est donné favori à cette élection, est arrivé au pouvoir suite à un coup d'Etat en août 2008, et a été ensuite élu pour un premier mandat de cinq ans en 2009. Parmi les principales priorités de son mandat qui arrive à terme figurent le redressement économique de son pays et le rétablissement de la sécurité face à la menace terroriste, en procédant à la "réorganisation des capacités de l'armée et des forces de sécurité". La Mauritanie a connu , avant l'arrivée au pouvoir de l'actuel président, des attentats et enlèvements commis par le réseau terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Selon Mohamed Fall Ould Oumeire, analyste politique et directeur du journal La Tribune, "le premier point sur lequel le succès d'Abdelaziz est indéniable est bien celui de la sécurité et de la stabilité du pays avec l'éloignement du spectre de la menace terroriste". Dans le domaine économique, la Mauritanie, vaste pays désertique de 3,8 millions d'habitants bordant l'océan Atlantique, riche en minerai de fer, aux eaux poissonneuses, a enregistré en 2013 un taux de croissance de 6%. Le président Ouel Abdel Aziz se targue en outre d'avoir fait baisser le taux d'inflation à moins de 5%. La Mauritanie est entrée en 2006 dans le club restreint des pays africains producteurs de pétrole avec l'exploitation du champ offshore de Chinguetti, au large de Nouakchott. Le secteur minier (fer, cuivre, or, phosphates, sel) représente entre 12 et 15% du PIB et 55% des exportations. Par ailleurs, environ 46% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Cependant, le président Abdel Aziz a affirmé, en mars dernier, que la Mauritanie était sortie du groupe des 50 pays les plus pauvres du monde pour devenir un pays à revenu moyen.