Les appels à la démission du ministre de l'Intérieur français, Bruno Retailleau, se multiplient dans le pays après la défaillance avérée de son département dans la protection d'un jeune Français musulman, tué froidement dans une mosquée. Ainsi, la député du groupe Ecologiste et Social, Sabrina Sebaihi, a appelé Bruno Retailleau à démissionner "sans délai de son poste", soulignant que son départ "est la seule issue décente pour lui". "Vendredi dernier, Aboubakeur Cissé a été massacré, poignardé dans une mosquée d'une cinquantaine de coups de couteau pendant qu'il priait, tué parce que musulman. Face à cet attentat terroriste islamophobe: où était le ministre chargé de protéger tous nos concitoyens quelle que soit leur confession ?", a déploré Mme Sebaihi dans son intervention devant l'Assemblée française. Rappelant qu'il a fallu attendre deux jours pour que Retailleau réagisse et deux jours pour qu'il se déplace, non pas sur les lieux du crime ou auprès de sa famille, mais juste à la sous-préfecture d'Alès, "loin des regards, loin du réel", la députée a signifié au ministre de l'Intérieur présent dans l'hémicycle qu'il est aussi ministre des cultes et qu'en agissant ainsi, il a "non seulement failli, mais a trahi sa charge". "Pourtant vous êtes aussi ministre des cultes ! Mais vous avez trahi votre charge, vous avez failli ! Votre silence, votre mépris, votre désertion ne sont pas une simple faute politique, c'est une faute morale! C'est le signe que pour vous la vie d'un citoyen musulman vaut moins que celle d'un autre", s'est-elle indignée. "Alors je n'ai qu'un seul message pour vous : La République mérite mieux que vous, la République exige mieux que vous! La seule issue décente pour vous monsieur Retailleau : c'est votre démission. Les Français ont besoin d'un ministre à plein temps pour les protéger, allez-vous-en !", a-t-elle lancé en direction du ministre, estimant que l'assassinat de ce jeune est la conséquence des nombreuses campagnes de haine lancées par Retailleau à l'encontre des musulmans. La position de la députée est partagée par le sénateur socialiste, Alexandre Ouizille, qui a déploré l'attitude de Retailleau, lequel s'est "laissé aller à des propos d'estrade disant qu'il fallait mettre à bas la pratique cultuelle de centaines de milliers de femmes musulmanes" en France. Ce membre du parti socialiste a tenu, à l'occasion, à rappeler le contexte de l'assassinat d'Aboubakar Cissé, marqué par un "conditionnement de la société française à la détestation des musulmans" et "favorisé par des éditorialistes, des influenceurs, des essayistes et des ministres", tout en relevant leur "immense" responsabilité dans la montée de la haine contre les musulmans en France. Le parti "La France insoumise" (LFI) avait réclamé, lui aussi, le limogeage du ministre de l'Intérieur, qu'il accuse d'"orchestrer" et d'"alimenter quotidiennement" l'islamophobie en France. Le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, pourtant soutien de Retailleau, a affirmé avoir rappelé à ce dernier qu'il était "aussi le ministre des cultes", ajoutant être "intimement convaincu qu'il fallait y aller aussitôt".