Jeudi dernier, il y a deux jours, a eu lieu à Alger, à l'hôtel Safir précisément, le premier congrès de l'Union générale des marchés de gros de fruits et légumes, la très peu connue UGMGFL. Jusque-là, aucun problème, il ne s'agit que d'un congrès, même si des fruits et légumes en congrès à l'hôtel Safir, ex-Aletti, paraît un peu déplacé. Mais bref, on voit bien des marchés de moutons sur les grandes artères des grandes villes. Sauf que dans le fax transmis aux rédactions des journaux pour cet extraordinaire congrès, il y avait cette référence, « sous le haut patronage du président de la République », comme un sceau de noblesse ou de soutien officiel du royaume. On connaissait la propension de la Présidence à se mêler de tout, du wali au simple agent d'APC, de la direction de l'APS ou de l'ENTV aux bibliothèques nationales et agences locales. Mais pourquoi une union des marchés de gros des fruits et légumes a-t-elle besoin d'un patronage présidentiel et pourquoi la Présidence a-t-elle donné son accord pour patronner un congrès de fruits et légumes ? Deux explications ont été proposées par les proposeurs d'explications ; d'abord, le marché des fruits et légumes est en forte hausse ces derniers temps et peut-être que la Présidence veut s'impliquer dans la régulation des prix, étant entendu qu'un Algérien qui ne mange pas ses courgettes ne peut pas voter dans le bon sens. Sauf que le congrès a dû être préparé bien avant la hausse des marchés, cette explication ne fonctionne pas. L'autre est beaucoup plus simple. En ces temps préélectoraux, il s'agit d'être partout, avec le FLN, le RND et le MSP, avec les militaires et les islamistes, les cordonniers et les bouchers, les unions générales et les organisations de masse. La présidentielle est un marché de gros. Il n'y a qu'à voir l'ENTV, version El Eulmi ou HHC, pour comprendre qu'on ne fait pas dans le détail.