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Violente répression à Haouch El Makhfi
Marche des anciens de l'ANP
Publié dans El Watan le 24 - 09 - 2018

Le mouvement des retraités, des invalides et des radiés de l'ANP et leurs ayants droit revendique une régularisation de leur situation administrative, la revalorisation de leur pension de retraite, l'indemnisation des blessés et des radiés et une prise en charge médicale effective des invalides.
Regardez, on dirait Felloudja !» Notre guide, appelons-le Khaled, résume ainsi le climat de guerre qui régnait ces derniers jours à Haouch El Makhfi, localité de la commune de Ouled Heddadj, daïra de Boudouaou, dans la wilaya de Boumerdès.
La petite ville, constituée principalement d'habitations inachevées et aux rues bordées de palmiers, était comme en état de siège hier. Des centaines de gendarmes ont été déployés pour déloger les membres de la Coordination des retraités, des invalides et des radiés de l'ANP, qui se sont mobilisés par milliers et ont pris leurs quartiers à Haouch El Makhfi depuis mercredi dernier, avant d'en être violemment chassés ce dimanche.
En y pénétrant hier, vers la mi-journée, Haouch El Makhfi, rebaptisée Haï Mohamed Boudiaf, arborait encore les stigmates des derniers événements. Des amoncellements de pierres et de gravats ayant servi durant les affrontements étaient encore visibles au bord des trottoirs.
Mais ce qui saute immédiatement aux yeux, c'est bien le déploiement impressionnant des brigades antiémeute de la Gendarmerie nationale dont les éléments, sur le pied de guerre, étaient postés un peu partout. Ils étaient équipés de tout le matériel d'usage : casques, genouillères, gilets pare-balles et boucliers antiémeute. Beaucoup parmi eux étaient affalés contre le mur de l'école primaire Makhfi 1, qui constituait, nous explique-t-on, l'un des principaux points de regroupement de la Coordination des anciens militaires.
«C'étaient des scènes de guerre»
Un graffiti tracé en rouge sur le mur de cette école attire notre attention. Il porte cette inscription : «Inna Allah maâ el djaych» (Dieu est avec l'armée). L'artère principale qui entoure la mosquée El Houda s'est transformée, ces derniers jours, en véritable champ de bataille, affirment les riverains. «On a été asphyxiés par les gaz lacrymogènes.
Aucune de ces maisons n'a été épargnée», dit Khaled, avant d'ajouter : «La nuit, il y avait un boucan d'enfer en raison des affrontements. Impossible de fermer l'œil.»
Un autre habitant du quartier assure : «Un de nos voisins a reçu trois bombes lacrymogènes chez lui. L'air devenait irrespirable. Nos enfants ont souffert le martyre. C'étaient des scènes de guerre.» «Ils sont arrivés mercredi (les anciens éléments de l'ANP, ndlr). Ils ont pris leurs quartiers ici, parce que Haouch El Makhfi est une zone tampon entre la wilaya de Boumerdès et la wilaya d'Alger», explique un commerçant.
«Nous avons vécu des moments infernaux. Certains ont dit que Haouch El Makhfi a soutenu les insurgés. C'est totalement faux. Nous avons simplement offert l'hospitalité comme on le fait avec tout le monde», a tenu à préciser un cadre de la ville avant de nous livrer cette information : «La violence des combats était telle, que nous avons constitué une délégation dont j'ai fait partie pour parlementer avec les deux camps et leur demander de trouver une issue à ce conflit. La population était prise en otage. Nous avons vécu l'enfer. Ça ne pouvait plus durer.»
D'après lui, le nombre des anciens militaires qui se sont rassemblés à Haouch El Makhfi dépasse les 5000. D'autres ont avancé le chiffre de 15 000. Selon El Khabar qui cite une source de la Coordination, leur nombre serait d'environ 20 000 manifestants. Le choix de Haouch El Makhfi était dicté, faut-il le souligner, par sa position médiane qui permettait de l'utiliser comme base de ralliement par les membres de la Coordination avant de s'ébranler en direction de la capitale.
Les habitants de Haouch El Makhfi étaient nombreux à avoir filmé des scènes des affrontements avant de les poster sur Facebook. Un jeune assis sur la marche d'un magasin sur la rue commerçante Mohamed Boudiaf se les repassait en les commentant avec ses amis.
Ces reportages citoyens ont vite fait le tour des réseaux sociaux et les images sont impressionnantes. On y découvre une bourgade croulant sous les gaz lacrymogènes, les pluies de pavés, les pneus brûlés, les volutes de fumée noire. Des paysages chaotiques ponctués de hurlements, entre cris de rage et râles des blessés qui déchiraient l'atmosphère.
Des balles en caoutchouc ont été utilisées, d'après plusieurs témoignages concordants. Sur certaines vidéos, on voit un homme blessé à l'œil par «une balle en caoutchouc», selon les manifestants.
«Nous ne sommes pas des terroristes !»
Sur une autre vidéo, un des membres de la Coordination s'emploie à filmer les blessés au moment où les forces de l'ordre donnaient l'assaut final pour déloger les anciens de l'ANP. Une voix off commente rageusement et parle de «répression sauvage et méthodique». «Regardez comment ils tabassent nos frères. Nous avons dénombré 30 à 40 blessés jusqu'à présent dans les rangs de nos frères retraités.» Et de s'écrier : «Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes d'anciens militaires. On pose la question à cet Etat pour lequel nous avons sacrifié notre vie : c'est ça notre récompense ?»
Pour rappel, le mouvement des retraités, des invalides et des radiés de l'ANP et leurs ayants droit, qui compte également d'anciens appelés et rappelés du contingent, revendique une régularisation de leur situation administrative, la revalorisation de leur pension de retraite, l'indemnisation des blessés et des radiés, une prise en charge médicale effective des invalides, l'accès au logement et à l'emploi et la reconversion professionnelle pour certaines catégories.
Mustapha, un ancien contractuel originaire de Bouira, qui était présent à Haouch El Makhfi depuis le début, nous a livré son témoignage par téléphone. Il raconte : «J'étais là-bas depuis mercredi. On a tenu jusqu'à dimanche. La répression a été féroce. Les gendarmes nous ont chassés par vagues.
Mais il y a toujours un groupe qui est resté à Alger.» Mustapha a 46 ans. Il est père de trois enfants. Après plusieurs années de service au cœur des années 1990, il se retrouve sur la paille. «J'ai servi comme contractuel de 1991 à 1998. J'ai vécu à fond les années noires, nous étions le fer de lance de la lutte antiterroriste. J'ai fait tous les maquis de Lakhdaria. J'ai perdu des collègues, des frères, d'autres sont estropiés, certains sont devenus fous.
Nous avons tous des séquelles psychologiques. Mais au lieu de nous soigner, ils nous tabassent à mort et nous envoient en prison. Personne n'a jamais cherché après nous, personne !» martèle-t-il. «Aujourd'hui, on se fait pister de barrage en barrage, ils nous épient et nous descendent des bus. Imermdou fina.» Mustapha précise qu'après ses années de soldat, il a servi encore pendant six ans dans la Garde communale. «Je suis sorti les mains vides.
J'ai trois enfants et je suis toujours au chômage. Je vis de petites bricoles», fulmine-t-il. Comme plusieurs de ses collègues, Mustapha revendique avant tout une reconnaissance morale, une prise en charge matérielle et une reconversion professionnelle lui garantissant un minimum de ressources et de dignité dans la vie civile.
«Ils ont dit qu'ils nous régulariseront au cas par cas, par voie de justice, mais jusqu'à présent, on n'a rien vu», déplore l'ancien militaire, avant de lancer : «Mais nous sommes déterminés à revenir jusqu'à satisfaction de nos revendications. Nous avons nos représentants qui sont toujours à Alger.» Mustapha espère que les délégués de la Coordination seront reçus et surtout entendus par Gaïd Salah. «Pourvu qu'ils ne soient pas arrêtés», lâche-t-il.


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