Le Café littéraire de Bordj-Mira a reçu, samedi passé, Rénia Aouadene, qui a débattu avec son public de son livre Un Maure dans la Sierra, qui est un mélange de réalité et de romance. D'un côté, la réalité de Rabah Oussidhoum, le Kabyle, et de l'autre, Amalia, une Espagnole d'Andalousie. Ils avaient en commun la misère de leurs contrées respectives et leur envie de vaincre le fascisme représenté par le général Franco. Pour cela, l'un s'était engagé dans les brigades internationales comme combattant volontaire, et l'autre, avec les Républicains, comme infirmière. Rabah Oussidhoum est né à Darna, dans la région d'Iboudrarene, le 24 juin 1903. Il était un anticolonialiste et un universaliste. Il apprit le maniement des armes après cinq années dans l'armée où il fut blessé. Il revint au village pour un certain temps avant de partir en France comme émigré. C'est là qu'il prit conscience du danger du fascisme et décida d'aller combattre les troupes de Franco en Espagne en s'engageant dans les brigades internationales. Aussi, c'est là que l'auteure le fit rencontrer avec Amalia, histoire de rendre hommage à la liberté, aux femmes et à leur courage. Grâce à lui et aux cinq cents autochtones algériens partis combattre le fascisme en Espagne dans les années trente, dont 10% furent tués sur place, il y a eu une prise de conscience politique qui donna naissance quelques années plus tard à la Guerre d'Algérie. L'histoire de ces hommes mérite d'être racontée et enseignée aux nouvelles générations. L'auteure a donné, à l'occasion, son avis sur l'importance des Cafés littéraires qui se sont multipliés ces derniers temps en Kabylie. Rénia Aouadene est née à Marseille de parents originaires du village d'Iboulaouadene, dans la commune de Boukhelifa (wilaya de Béjaïa). Fille d'un Messaliste assassiné pendant la Guerre d'Algérie, elle grandit dans la banlieue marseillaise. Elle a fait des études de littérature et civilisation hispano-américaine et en sciences de l'éducation à l'université d'Aix- en-Provence. Elle a séjourné comme assistante de français à Cordoue, puis à Grenade, et s'est passionnée pour l'histoire de l'Espagne judéo-arabo-berbère. Enseignante en lettres-histoire pendant de nombreuses années dans un lycée des métiers, elle est aujourd'hui professeur d'espagnol dans le cadre de projets européens et d'échanges avec l'Espagne.
