Accusés d'assassinat, d'attroupement et de destruction des biens publics lors des derniers événements de Berriane (Ghardaïa), onze jeunes ont été placés sous mandat de dépôt. C'est ce qu'a appris El Watan auprès de sources judiciaires. Arrêtés durant les émeutes qui secouent depuis vendredi dernier cette localité, ces jeunes ont été présentés hier au juge d'instruction près le tribunal de Ghardaïa. « Après les avoir entendus, le juge d'instruction a ordonné leur mise sous mandat de dépôt », a affirmé notre source, qui précise que quatre d'entre eux sont accusés de « meurtre avec préméditation, attroupement armé et destruction des biens publics ». Les sept autres sont accusés, selon la même source, d'« attroupement armé et destruction des biens publics ». Ils devraient être jugés prochainement. En outre, deux autres personnes, inculpées pour les mêmes chefs d'accusation, toujours en fuite, sont recherchées par la police. Les affrontements entre les deux communautés mozabite et arabophones se sont soldés, rappelons-le, par la mort de deux jeunes Mozabites et une trentaine de blessés. La violence s'est poursuivie pendant plus de cinq jours et la ville n'a renoué avec le calme que mardi dernier. Aucun incident n'a été enregistré dans la journée d'hier. Serait-ce la fin des hostilités ? Le conflit est-il réglé définitivement ? Déclenché en mars 2008, le conflit entre Mozabites et arabophones n'a pu être réglé jusqu'à aujourd'hui. Les affrontements entre les jeunes des deux communautés reviennent de manière cyclique. Les dernières bagarres ont eu lieu en octobre 2008 et les autorités locales se sont montrées incapables de maintenir le calme dans la région et d'imposer une cohabitation entre les deux communautés. Les responsables du gouvernement qui se sont dépêchés sur les lieux, comme à chaque reprise des heurts, se sont montrés impuissants à résoudre le problème. Dans la majorité des cas, ils ne prennent pas au sérieux la gravité de la situation et se contentent de publier des communiqués appelant les deux communautés à la raison. Pour rappel, les affrontements ont fait, depuis mars 2008, cinq morts, plusieurs dizaines de blessés, des arrestations et des dégâts matériels énormes. Cela sans oublier le climat d'insécurité et de méfiance qui s'est installé durablement dans la localité de Berriane. Qui est responsable de cette situation ? Il vrai que le contentieux dans cette région est vieux de plusieurs années, mais ni les autorités locales ni les gouvernements successifs n'ont, semble-t-il, fourni assez d'efforts pour le résoudre. Les enquêtes policières et parlementaires, menées depuis mars 2008, ont montré leurs limites, sinon leur caractère superficiel ; elles n'ont ni démasqué les vrais responsables de ce conflit ni proposé une solution de sortie de crise. Pour preuve, les affrontements se sont reproduits et se sont soldés, encore une fois, par la mort de deux jeunes, de nombreux blessés et des dégâts matériels. Et la situation reste tendue… Madjid Makedhi, Rabah Beldjena
