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Par-delà le simulacre électoral du 24 octobre
Publié dans El Watan le 24 - 10 - 2004


Au pouvoir depuis le
7 novembre 1987, date du «coup d'Etat médical» qui évinça un président Habib Bourguiba confronté au naufrage d'une vieillesse chaotique, l'ex-général Z. Ben Ali se succédera donc à lui-même le 24 octobre et amorcera un quatrième mandat de cinq ans, remettant en selle une présidence à vie, pourtant solennellement condamnée par lui-même il y a 17 ans.
La réforme de la Constitution imposée le 26 mai 2002, et dont la légitimité est à juste titre largement contestée, a en effet permis de supprimer, dans les conditions si peu démocratiques que l'on sait, la limitation des mandats présidentiels et de renforcer davantage les pouvoirs déjà exorbitants du chef de l'Etat tunisien. Ce coup de force constitutionnel a fait, depuis, quelques émules de plusieurs régimes despotiques, notamment africains.
Le choix de la période du Ramadhan – si peu propice à une mobilisation politique et sociale d'envergure – pour organiser ces élections présidentielle et législatives, confirme qu'il s'agira pour les thuriféraires du président Ben Ali et de son parti Etat, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), d'une formalité dont le résultat tournera avec arrogance autour de 98 ou 99% des suffrages. Un code électoral injuste et pervers, une législation liberticide et caricaturalement répressive, un monopole éhonté sur les médias, une justice aux ordres, un système institutionnel verrouillé, un quadrillage social et policier systématique, les intimidations et la fraude constituent les ingrédients pour faire main basse sur ces élections avec la caution d'un observatoire national à l'entière dévotion du pouvoir. Dépouillée de tout enjeu électoral, cette partie de dupes, dont la seule règle du jeu est celle de la loi du plus fort, aura pour effet d'aggraver la dérive despotique et répressive du régime. Elle jettera, à n'en pas douter, un peu plus de discrédit sur un système pluraliste dévoyé par la mise en place d'une «opposition officielle», composée de quatre partis alibis (MDS, PUP, UDU, PLS) jouant, très mal, le rôle de décor et de faire-valoir, et par la mise à l'écart de candidats crédibles comme Me Nejib Chebbi et le Dr Ben Jaâfar, secrétaires généraux du Parti démocratique progressiste (PDP) et du Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT), partis pourtant légaux, ou de personnalités démocratiques indépendantes. La candidature défi de Mohamed Ali Halouani suscitée par «l'initiative démocratique» lancée autour du mouvement El Tajdid (ex-PC) se situe dans ce contexte et il serait injuste d'en mettre en cause la sincérité. Au-delà des contentieux liés au profil bas adopté face au pouvoir par El Tajdid tout au long des années 1990 et des choix pour le moins contestables qui en ont découlé, force pourtant est de constater que la volonté du pouvoir de marginaliser cette candidature a eu d'autant plus d'effet que cette initiative est prisonnière des handicaps liés à son émergence et que l'état de désunion de l'opposition démocratique, autant que les contraintes du code électoral n'ont pas permis de la conforter par une véritable dynamique unitaire au niveau des élections législatives.
Cette situation a renforcé les arguments des partisans du boycott des scrutins du 24 octobre. Du FDLT aux islamistes d'En Nahdha en passant par le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT) et le Congrès pour la République (CPR) de Moncef Marzouki, c'est cette option qui a prévalu même si nul ne se fait d'illusion sur la portée des initiatives militantes qui devraient, en toute logique, donner à ce boycott un caractère actif. Toujours est-il que par delà cette nouvelle occasion manquée de décrisper une situation politique cadenassée par les réflexes du parti unique, l'accent doit, me semble-t-il, être mis sur trois des principaux défis de l'après 24 octobre. Et tout d'abord, les soutiens internationaux du régime tunisien. Tirant profit de l'effet d'aubaine du 11 septembre 2001 et de l'attentat
6 mois plus tard de la synagogue de Djerba, le pouvoir tunisien est parvenu, sous couvert de lutte contre le terrorisme, à bénéficier de la connivence des puissances occidentales. Celles-ci ne sont certes pas insensibles à l'état très préoccupant des droits de l'homme en Tunisie et à la dérive affairiste qui affecte gravement l'économie tunisienne. Mais l'argument de la stabilité et les intérêts géostratégiques leur dictent le choix d'une alliance privilégiée avec un régime dont les tendances totalitaires sont pourtant avérées. Cet appui n'est pas définitivement acquis et des initiatives critiques comme la récente prise de position de la sous-commission des droits de l'homme du parlement européen peuvent contribuer à infléchir la donne.
Le second défi est celui de l'évolution de la situation économique et sociale marquée par les limites et les impasses des choix ultra-libéraux imposés à l'économie tunisienne, par l'endettement accru des ménages (source de craintes et de peurs) et par la privatisation de l'intérêt public, sinon de l'Etat lui-même, avec la multiplication des passe-droits, de la corruption, des relais et des clientèles privées liées aux plus hautes sphères du pouvoir. La montée du chômage (en particulier celui des jeunes diplômés) et l'érosion vertigineuse du pouvoir d'achat du plus grand nombre engendrent dans ces conditions des tensions sociales de plus en plus vives. La question de l'autonomie d'action de l'organisation syndicale UGTT se pose dès lors, avec une acuité accrue alors même que le pouvoir s'efforce de lui imposer des choix politiques partisans. Ceux-ci suscitent une résistance de plus en plus active. Les conditions du ralliement de l'UGTT à la candidature du président Ben Ali et l'écho des thèmes altermondialistes constituent ainsi, sur deux questions essentielles, des illustrations significatives de l'évolution des esprits au sein du monde syndical. Le troisième défi concerne la contestation et l'opposition véritables. Son sursaut unitaire exige qu'elle fasse preuve d'audace et de créativité autour de deux questions majeures. Celle de la lutte contre la répression, la torture et la défense des droits humains qui doit se faire sans exclusive, englobant toutes les victimes, y compris bien évidemment les islamistes qui comptent près de
600 détenus d'opinion dont une trentaine en isolement cellulaire depuis douze ans ! La question de l'amnistie générale pour toutes les victimes de la répression et celle de la lutte contre l'impunité (investigations, recherche de la vérité, dédommagements et justice transitionnelle) se sont ainsi imposées comme des références identitaires pour les véritables opposants.
Il nous faut, dans le même temps – et c'est le second objectif majeur – contribuer, en dépassant les sectarismes et le tout à l'ego envahissant, à la refondation d'un pôle démocratique et progressiste autour d'un projet moderniste et séculier, à la fois réformiste et radical, qui répond aux aspirations de larges secteurs de l'opinion et de la jeunesse tunisiennes.
Militant des droits de l'homme, ancien député


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