Au mois d'octobre 2025, le Museu Paraense Emílio Goeldi (MPEG), institution située à Belém (Pará), a célébré le retour d'un ouvrage bibliographique d'une valeur exceptionnelle : De India Utriusque re Naturali et Medica. Imprimé à Amsterdam en 1658 par le médecin-naturaliste hollandais Willem Piso, il avait disparu du musée lors d'un vol survenu en 2008. Avec lui, 60 objets furent constatés manquants, dont 40 livres et 20 in-folios. Il traînait depuis dans des circuits clandestins. En 2011, trois employés du musée ont été dénoncés pour détournement par négligence dans le cadre des investigations menées par la Polícia Federal. Jusqu'en 2024, seules très peu d'œuvres avaient pu être récupérées – trois sur les soixante. En coopération avec la Scotland Yard, la PF retrouva finalement le précieux document à Londres. Le 17 octobre 2025, il fut officiellement remis à la bibliothèque Domingos Soares Ferreira Penna du MPEG en présence de son directeur, Nilson Gabas Júnior, et d'un représentant de la PF. « C'est une œuvre monumentale... elle décrit la flore, la faune et certaines pratiques médicales indigènes du territoire brésilien », assure-t-il dans un communiqué du gouvernement. Ce retour intervient après une longue période d'attente : dix-sept années entre l'identification du vol et la restitution. Depuis, le musée a entrepris des mesures de sécurité renforcées : une « salle-coffre » inaugurée en 2018, accès restreint, caméra, contrôle d'accès numérique. Réactions et enjeux symboliques Le directeur du musée ne cache pas sa satisfaction : restituer « la troisième œuvre la plus ancienne » du fonds est pour lui « un symbole de patrimoine qui transcende des siècles d'histoire et de savoir ». Pour la PF, il s'agit d'une preuve tangible de l'efficacité des mécanismes de coopération internationale contre le trafic illicite de biens culturels. « La Police fédérale est fière d'avoir réalisé cette restitution », a déclaré le délégué Cledson Silva lors de la cérémonie. L'affaire est également l'occasion de rappeler la fragilité des collections patrimoniales : après le vol de 2008, le musée avait renforcé sa sécurité (salle-coffre inaugurée en 2018, contrôle d'accès numérique, climatiseur, système anti-incendie). Enfin, dans un registre plus large, cet épisode remet en lumière la question de la circulation des savoirs scientifiques historiques : l'ouvrage en question documentait les observations du XVIIe siècle sur la biodiversité amazonienne – rareté, mais aussi valeur de recherche.