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Vague de violence antimaghrébine
Publié dans El Watan le 06 - 12 - 2004

Les chiffres varient selon les sources : dix familles selon le préfet de Corse, trois cents selon le quotidien Le Parisien, dont une centaine installée à Nîmes. Sur les 26 000 étrangers vivant sur l'île -10 % de la population totale-, 13 000 sont Marocains. Ne sont pas comptés dans ces chiffres les Français d'origine marocaine et les quelque 2000 saisonniers et irréguliers.
Plus de la moitié des violences racistes commises en France surviennent en Corse, visant quasi exclusivement des Maghrébins, selon un rapport publié par le gouvernement français en octobre 2004. Plastiquages, incendies, agressions diverses, insultes sur fond de tags «Arabi fora !» («Les Arabes dehors !» en corse). L'attentat contre l'imam de Sartène, le 27 novembre dernier, a déclenché une vague de réprobation dans la société civile corse. «La Corse a été envahie plusieurs fois dans l'histoire, il y a une sorte de xénophobie latente, qui s'accentue depuis quelques années sur les Maghrébins», constate Noëlle Vincensini, ancienne résistante, déportée durant la Seconde Guerre mondiale, présidente de l'association Ava Basta ! (Maintenant, ça suffit !) qui s'occupe notamment de l'aide aux immigrés depuis dix-huit ans. L'association s'est portée plusieurs fois partie civile dans des affaires d'agressions racistes pour combattre l'impunité et fait régulièrement l'objet de menaces. «Les pieds-noirs, les Italiens et d'autres communautés ont souffert par le passé de l'exclusion en Corse», rappelle un habitant d'Ajaccio. Pour Noëlle Vincensini, la recrudescence de la violence raciste est révélatrice d'un mal plus structurel. Pauvre et sous-développée, l'île est l'otage de la violence politique ou mafieuse et des conflits entre clans. Depuis des années, Ava Basta ! alerte les autorités. «Nous n'avons jamais été entendus. Prévention zéro : de moins en moins d'enseignants dans l'éducation nationale, de moins en moins d'emplois jeunes, d'encadreurs sociaux», regrette la militante.
Le mystère des groupuscules
La majorité des actes de violence actuels serait imputée à des jeunes. «Les dérives fascisantes arrivent dans des situations sociales difficiles. Le premier démagogue venu peut influer sur des jeunes en échec scolaire et social, perdus et sans repères», dit-elle en rappelant que les membres arrêtés de I Clandisti Corsa ne sont que «des gamins, vu leur âge». Revendiquant plusieurs attentats antimaghrébins depuis mars 2004, le groupuscule avait affirmé, le 7 juillet dans un communiqué, vouloir «stopper l'immigration qui ronge l'île» et avait menacé les Maghrébins d'«éliminations physiques». Quatorze de ses membres présumés, âgés de 18 à 25 ans, ont été mis en examen fin novembre. «Certains sont des fils d'indépendantistes. Ils vivent une sorte de rupture avec l'idéologie de leurs parents, la génération des militants apparus dans les années soixante-dix. Ils n'ont connu que la violence, vu les dissensions des mouvements indépendantistes, les négociations avec Paris. Ils sont orphelins de cause», note une source au fait du dossier corse. «Ce sont des groupuscules imperméables au dialogue, aux contours flous, que personne ne peut approcher, qui s'organisent sur une base raciste, nazillonesque», s'inquiète la présidente d'Ava Basta ! «Les indépendantistes sont désemparés. Ces groupuscules ne correspondent pas aux schémas classiques des mouvements clandestins corses. On soupçonne des influences de l'extrême-droite qui a réalisé de bons scores électoraux dans l'île avec des ramifications sur le continent», indique un spécialiste de la question corse. Le Front de libération nationale corse (FLNC), né en 1976, revendiquant l'indépendance de l'île, au besoin par la lutte armée et les attentats, divisé depuis la fin des années 1980 en plusieurs tendances rivales) «considérait tous les non-Corses comme faisant partie du "projet colonial français"». «Mais en 1986, l'assassinat de deux Tunisiens revendiqué par le FLNC a choqué beaucoup de monde. Des militants ont quitté le FLNC pour protester», explique Noëlle Vincensini. Aujourd'hui, la position des indépendantistes semble ambiguë, même s'ils ont condamné à divers degrés les derniers actes racistes. En 2002, Resistenza Corsa, un groupuscule clandestin qui avait revendiqué des attaques contre les Maghrébins sous couvert de combattre des dealers, a rejoint le FLNC-Union des combattants, proche d'Unione naziunale, coalition des principales organisations nationalistes. «Le danger est là : l'amalgame entre la reconnaissance d'une identité et l'exclusivité de cette même identité», souligne une habitante de l'île.
«Les jeunes Maghrébins ne veulent pas vivre en cachette»
La rupture générationnelle ne s'est pas opérée d'un seul côté. «Nos parents se contentaient du circuit travail-maison. Maintenant, les jeunes Maghrébins ne veulent pas vivre en cachette. Ils ont fait leurs études en Corse, parlent corse, ont des amis corses, un vécu corse. Ils ne comprennent pas pourquoi on leur refuse d'être intégrés. Si l'un d'eux réussit à avoir un crédit bancaire pour acheter une voiture, ça sera mal perçu. S'il réussit en affaires, aussi. Même chose s'il ose entrer dans un bar ! », raconte Nizar, la trentaine, rencontré à Nîmes. Après six ans en Corse, il a quitté l'île en septembre dernier pour des raisons familiales. «Dès qu'on parle de délinquance, on pense aux Arabes. En Corse tout le monde est mouillé dans le trafic de drogue, Arabes, Corses, Italiens et autres», s'emporte-t-il. «On s'est habitué à disposer d'une main-d'œuvre maghrébine corvéable à merci, qui n'a aucun droit», rappelle Amar Khadre Elbas, président du mouvement Avenir Citoyen à Nîmes. «Le risque est que certains jeunes Maghrébins ripostent par la violence face à l'humiliation», s'inquiète-t-il. Un tour sur les forums islamistes sur Internet confirme cette appréhension. «Heureusement qu'une large solidarité avec les Maghrébins s'est manifestée. Ils doivent savoir qu'en Corse, il n'y a pas que ces groupuscules de racistes», conclut la présidente d'Ava Basta !


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