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Par une journée ensoleillée
Publié dans El Watan le 16 - 03 - 2005

Là où se croisent encore le decumanus et le cardo, les deux voies principales autour desquelles les Romains construisaient leurs cités, respectivement orientées est-ouest et nord-sud. Assis sur les vestiges d'un épais mur de pierre, en angle droit, à l'ombre de longs pins parasols, ils ont troqué la tunique et la toge contre le costume ouvert, décontracté. De grandes taches de soleil éclairent l'herbe verte phosphorescente qui pousse à leurs pieds. Le pavage des voies, fait d'énormes dalles rectangulaires posées en diagonale pour éviter tout écartement sous le poids des passages, est en parfait état. Seuls quelques profonds sillons, laissés par des roues de charrettes, viennent par endroit marquer le temps. Grâce aux arbres et à l'enclavement du terrain, aucune construction moderne n'est visible à cet endroit. L'amphithéâtre ovale – une rareté en architecture romaine – situé à quelques mètres de la place ne donne plus de spectacle depuis des siècles. Ni courses de chars ni autres joutes sportives, seules autorisées après que les chrétiens, en 375, eurent interdit les combats à mort. L'arène, longue de 80 m, est gagnée par la végétation. Les gradins ont disparu, mais on peut encore distinguer le tunnel par lequel entraient les gladiateurs. Idem pour le théâtre, situé une cinquantaine de mètres plus loin, sur le cardo, en direction des terres. L'édifice pouvait à l'origine accueillir près de 2000 spectateurs, mais seules quatre rangées des gradins disposés en demi-cercle sont encore en place. «Les énormes blocs de pierre qui les composaient ont fait d'excellents matériaux pour l'hôpital de la ville, des édifices publics, voire des maisons de particuliers, dans les années 1950, lorsque le terrain appartenait à un particulier», explique le guide du site. Face aux gradins, les piliers qui soutenaient la scène remontent d'une pièce rectangulaire vide, située en sous-sol, et qui servait de caisse de résonance. La distraction vient désormais de l'autre côté du cardo, où un artiste sculpte des arbres morts avec sa petite machette. Le visage émacié, le teint mat, les cheveux poivre et sel bouclés et ébouriffés, il explique que le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, lui a promis une tronçonneuse électrique lors d'une visite, mais qu'il n'a toujours rien vu venir. Les vieux compères pourraient presque se procurer sur place le café, les cigarettes et le tabac à chiquer nécessaires aux longues journées de palabres. Les derniers mètres du cardo, qui prend une pente légère et se jette dans la mer à travers la forêt, sont en effet parsemés sur le côté droit de magasins d'une dizaine de mètres carrés. Mais comme les arcades qui les abritaient, leurs murs ont en partie disparu. La délimitation de la rue marchande, qui prenait un tiers de la route, est néanmoins toujours visible. De même que les ruines des façades des commerces, le côté encore marqué par l'énorme enfoncement dans lequel le loquet de la porte venait se ficher. Les quelques jarres en terre d'environ 1,5 m de diamètre qui subsistent, en miettes ou reconstituées, prouvent que les boutiques distribuaient de l'huile d'olive. Près de l'un des derniers magasins, apparaît un terrain dégagé d'où sortent des pylônes, des restes de murs en pierres liées à la chaux et à la brique pilée et où quelques pièces semblent se dessiner sur le sol.
Dans l'une d'elles a été dégagée une fresque faite de minuscules carrelages. L'ensemble pourrait évoquer n'importe quel bâtiment au profane. Mais avec l'aide du guide, il devient la «Villa des fresques». Une riche maison du IIe siècle après J. -C., grande de 1000 m2 et de 18 pièces, sans doute haute d'un étage, équipée d'un puits, d'un patio et d'un magasin. Climatisation antique : un système de récupération des eaux donnait naissance à une source qui s'écoulait sous le salon principal pour le rafraîchir. Cinq villas étaient construites ici, selon les recherches effectuées, toutes exposées vers la mer et étendues jusqu'aux derniers rochers où viennent se fracasser les vagues. Les Romains savaient vivre et leurs maisons n'étaient pas trop hautes afin de ne pas se cacher la vue vers le large. En remontant vers l'ouest, à travers les oliviers et les buissons de romarin, vers les habitations des soldats, apparaît pour la première fois la ville moderne de Tipaza. C'est là que l'empereur Constantin a fait construire une basilique, au IVe siècle, dont seuls subsistent aujourd'hui quelques murs, une fresque et le plan au sol. L'édifice chrétien, qui mesurait selon les recherches 58 m de long sur 42 de large, reste le plus grand actuellement fouillé en Algérie. Il était composé d'une abside, d'un baptistère, de thermes et d'une chapelle, dont les traces sont encore visibles. «Seuls 30% du site ont été fouillés à ce jour», rappelle le guide.
Toujours plus à l'ouest, se dresse l'une des 37 tours de garde qui renforçait l'enceinte de la ville, longue de 2200 m et englobant 60 ha. L'endroit n'est plus fréquenté par les légionnaires et les centurions romains, mais par des couples qui viennent y trouver un peu d'intimité. C'est aussi là, face à la longue plage de Matarès et au mont Chenoua, anomalie géologique qui émerge de la mer, qu'Albert Camus aimait venir se promener. Une stèle rectangulaire à la mémoire de l'auteur français marque le lieu, non loin de sarcophages phéniciens découverts hors les murs de la ville romaine et d'un mausolée composé de neuf niches, dont ont ignore l'origine exacte. Certains des sarcophages qui parsèment le sol, composés à une extrémité de deux renfoncements, étaient destinés à des couples. En s'enfonçant dans la forêt de pins, on retrouve le cardo, qui ramène jusqu'au croisement avec le decumanus. C'est là que les Romains ont installé une fontaine afin que les voyageurs en provenance de Césarée, aujourd'hui Cherchell, puissent y étancher leur soif. L'édifice, dévoré par l'ombre des arbres et le lichen, est encore majestueux. Le frottement du cou des montures sur le rebord de la fontaine, lorsqu'elles allaient chercher l'eau au plus profond du bassin, y a creusé par endroits de profondes alvéoles. La soif étanchée, les voyageurs pouvaient poursuivre leur route sur le decumanus en direction d'Icosium, l'Alger antique. Aujourd'hui encore, la Route nationale qui mène à la capitale suit le même tracé que l'ancienne voie romaine.


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