L'adolescent, âgé d'à peine 16 ans donnait pourtant, selon l'infirmier qui l'avait accompagné lorsqu'il a été admis au service des urgences, l'impression d'en avoir que huit, tant son aspect décharné et rabougri suscitait la consternation. Accompagné par celui qui était visiblement son père, un vieillard aveugle dont l'accoutrement et la mine défaite ne laissait aucun doute sur sa modeste condition, l'enfant devenu impotent, puisqu'il n'avait plus l'usage de ses quatre membres recroquevillés, comme desséchés, paraissait souffrir d'une malnutrition assez prolongée et sûrement immobilisé par son infirmité. Après l'y avoir déposé, son père s'en retournera d'où il était venu : le quartier de Ouled Yahia, à la périphérie nord de la ville où de pareils cas ont souvent été recensés. L'enfant qui n'avait plus la force d'ânonner un quelconque mot, avait été mis en soins intensifs de réanimation, après qu'on eu tenté de lui faire avaler une soupe pour le sustenter, croit on savoir, en vain. Il s'est éteint sans que personne ne sache réellement qu'elles étaient les raisons exactes d'un tel dénuement, ni les conditions lamentables qui ont été sûrement les siennes. A l'hôpital où nous nous sommes rendus, peut-être par pudeur ou pour une autre raison inavouée, aucun éclaircissement n'a pu nous être fourni ; alors qu'en ville, la rumeur sur ce cas qui sortait de l'ordinaire, avait fait le tour des quartiers et chacun y allait de sa propre interprétation. A tel point que nous avions cru, d'abord, n'y déceler qu'une énième élucubration de celle qui secoue régulièrement la vox populi.