L�approche de la vieillesse ne me permet plus de trouver la force n�cessaire pour surmonter la douleur de t�accompagner dans ton �panouissement sans te d�voiler la partie cach�e de l�iceberg. Ta s�paration impromptue est venue s�ajouter � ce mal lancinant qui me ronge au point de l�assimiler � une maladie qui fauche une vie sans pr�avis. Ce mal m�taphysique r�sulte d�un acte inconscient d�une personne qui avait toutes les qualit�s en suppl�ment de la vertu et de la pi�t�, porte en elle un tel potentiel d�ingratitude, ne sachant pas, au demeurant, que la propension de galvauder un don du ciel est jug� blasph�matoire, une action qui m�ne in�luctablement de vivre dans l�opprobre. Malgr� ton jeune �ge, je sais que tu te souviens de moi, je ne quitte jamais tes pens�es bien qu�on essaie vainement de t�en dissuader. L�accord tacite conclu me donnait cet avantage de te voir une fois par semaine, puis tous les quinze jours, puis tous les mois, apr�s plus rien. Une rupture qui s�apparente � une violence gratuite dans ton �ducation d�enfant qu�on tente de dresser contre son p�re et ceux qui ne retiennent plus leur larmes en �voquant ton souvenir. On s�efforce de cultiver en toi rancune et d�dain, mais le pr�nom noble et la pi�t� filiale que tu portes agiront comme un talisman. De nos jours, cher fils, beaucoup de gens s�imaginent qu�il suffit d��tre � l�abri du besoin, une demeure confortable et situ�e dans un beau quartier, de s�entourer d�un beau monde et de l�am�nit� de le recevoir pour se former un entourage de m�me acabit : un leurre dans la mesure qu'on ne parvient qu�� r�unir une population h�t�rog�ne dont la plupart, les conseils sont vou�s aux g�monies. Comme nous ne sommes plus � armes �gales, je dis tout simplement � cette personne que si je ne suis pas ce p�re avec ses hauts et ses bas, ses forces et faiblesses, sa m�diocrit� et sa bonhomie, je reste un p�re fantasmatique et mythique qui poss�de les qualit�s paroxystiques du bon p�re qui a lav� les affronts, recueilli, tout appris et tout donn�. Je n�ai plus aucun autre moyen de communication, je n�ai plus votre nouvelle adresse ni votre nouveau num�ro de t�l�phone qui me donnait la latitude de t�envoyer des sms � chaque anniversaire, il ne me reste plus qu�une seule voie pour te dire que tu occupes toujours mes pens�es, le concours de Vox populi et ses initiateurs (Le Soir d�Alg�rie), pour me faire profiter de l�aubaine s�ils jugent admis de publier cet �crit quelque peu d�cousu par une hypertrophie de sensibilit�.