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Le mystère d'un maître… enchanteur
Publié dans El Watan le 05 - 02 - 2006

Mozart, un nom, à lui seul, chargé de sonorités et de poésie. On croit tout savoir sur lui et sur sa courte existence. Pourtant, 250 ans après sa naissance, il ne s'est toujours pas dévoilé. La masse de documents, de livres, de lettres et les 600 opus qu'il a composés n'ont pas encore livré tous ses mystères. Mozart, l'homme des paradoxes. Le génie. «L'amour, l'amour, l'amour ! Voilà l'âme du génie», dixit Wolfgang Amadeus Mozart (dans les propos recueillis par Laurence Liban, à partir de la correspondance de Mozart). Aller à sa rencontre représente une véritable croisade dans les dédales de nombreux documents… Portrait de Mozart.
Pour le rencontrer, il suffit de le regarder. Il existe aujourd'hui beaucoup de portraits authentifiés du grand musicien. Peintures, gravures contemporaines… mais aucune ne ressemble à l'autre… Encore un mystère. Il est presque impossible de saisir ses traits. Tout ce qu'on arrive à déceler se résume à un regard absent, un visage inquiet, dans le dernier portrait fait par son beau-frère, Joseph Lang, considéré par son épouse Constance, comme étant le plus ressemblant. S'il n'est pas possible de sonder le mystère de son image, il reste encore les mots. Mozart devient l'objet d'études et prétexte à l'écriture de souvenirs dès sa disparition. Son premier biographe, Franz Xaver Niemetschek, le décrit en 1798, de cette manière : «Il était petit, son visage était agréable, mais n'annonçait nullement au premier abord (si l'on excepte ses grands yeux ardents) la grandeur de son génie. Le regard semblait vague et perdu, sauf quand il était derrière son clavecin : alors son visage se métamorphosait. Il était grave et recueilli, ses yeux étaient calmes : le sentiment qu'il interprétait dans son jeu s'exprimait par tous les mouvements des muscles». Mais l'auteur ne dit pas tout. Son écrit est une commande de l'épouse de Mozart. Et Constance est particulièrement soucieuse de l'image posthume de son défunt mari. Donc, rien sur sa santé précaire. Aucun mot sur son teint pâle, sa tendance à l'embonpoint, la disproportion de sa tête par rapport à son corps. Pas davantage sur sa myopie et une éventuelle malformation de son oreille gauche qui l'empêchait de porter des lunettes…
Petit, Mozart souffre de plusieurs affections : on le croit perdu à l'âge de 9 ans, lorsqu'il tombe dans le coma. En 1984, un chercheur affirmera qu'il était atteint de la fièvre typhoïde endémique. A 11 ans, il est atteint de la variole, puis d'une hépatite colique et souffre d'abcès dentaires douloureux. Plus tard, en 1784, il endure de violentes coliques et contracte une maladie des reins qui serait à l'origine de sa mort à l'âge 35 ans. Santé fragile et tendance naturelle à la dépression, c'est ainsi que Mozart est décrit dans de nombreux ouvrages, notamment dans la correspondance de sa famille, dont 2000 lettres ont été miraculeusement conservées. Elles constituent une grande source d'informations, en plus des biographies écrites par des contemporains du compositeur. Dans l'une des lettres qu'il adressa, le 4 avril 1787, à son père Leopold, il écrit : «Je remercie Dieu de m'avoir accordé l'occasion (…) d'apprendre à la connaître (la mort) comme la clef de notre vraie félicité. Je ne me couche jamais le soir sans réfléchir que le lendemain peut-être (si jeune que je sois), je ne serai plus là…». Il est clair que Mozart n'a vécu qu'en sursis. Sa vie agitée ne semblait pas laisser beaucoup de place au divertissement ni à la mélancolie. Pourtant, cette dernière envahit toute son œuvre. Elle est à peine compensée par une aspiration constante à la quiétude. Une quiétude quelque peu confortée par son adhésion à la franc-maçonnerie. La sérénité l'attirait même s'il ne dépréciait pas les fêtes et les rencontres entre amis. «Mon tempérament est plus attiré vers la vie tranquille du foyer que vers le bruit», écrivait-il à son père en décembre 1781. Et à sa femme, le 8 octobre 1791, deux mois avant sa mort : «Rien n'est plus agréable que lorsqu'on peut vivre un peu tranquille», avant d'ajouter, infatigable : «C'est pourquoi, il faut bien travailler, et je le fais volontiers». Mozart menait un train d'enfer. Son père décrit cette vie trop mouvementée à sa fille avec précision : «Nous ne nous couchons jamais avant 1 h, ne nous levons jamais avant 9 h, déjeunons à 2 h, 2 h et demie. Tous les jours des académies, toujours du bruit, de la musique, quelque chose à écrire, etc. (…) Il est impossible de décrire les tracas et l'agitation ; depuis que je suis ici, le pianoforte de ton frère a été transporté au moins douze fois de la maison au théâtre ou dans une autre maison.»
Enfant terrible et prodige
Mozart est reconnu par ses pairs comme le plus grand compositeur de son époque. Mais il n'avait pas eu le temps de profiter de son aura. Il était pressé par les commandes à fournir sans répit. Happé par celles qu'il allait solliciter auprès de ses connaissances. Pourtant, et bien qu'écrite à la hâte, il réussit à composer une œuvre achevée avec perfection, sans pour autant bâcler son travail. En 1778, en parlant des Concertos pour flûte qu'il peine à écrire, il dit à Mannheim : «Je pourrais bien sûr gribouiller toute la journée, mais une telle chose doit parcourir le monde et je ne veux pas avoir à rougir qu'elle porte mon nom». C'est ainsi qu'il consacra plus du tiers de son temps à composer des milliers de pages. Au total : 600 partitions sur 200 h de musique. L'étude des partitions ne révélera rien sur le compositeur, si ce n'est qu'il pensait entièrement ses œuvres avant de les mettre sur papier. Elle ne révèle pas non plus son état d'esprit au moment de l'écriture, un peu comme s'il était totalement détaché de la réalité lorsqu'il composait. En avril 1787, alors que son père est très malade, il compose coup sur coup deux quintettes à cordes, l'un angoissé (le K. 516), l'autre lumineux et apaisé (le K. 515). Puis deux lieder très émouvant en mai, juste avant la mort de Leopold. Sa vie durant, Mozart compose, sans raison apparente, des œuvres aux airs dissemblables, tantôt mélancoliques, tantôt joyeuses. A l'image de sa nature aussi gaie que dépressive, son œuvre échappe en partie aux circonstances de sa création et à son géniteur. L'écrivain Hermann Hesse disait : «Mozart est l'un de ces quelques grands artistes qui n'ont plus réellement de biographie ni de psychologie, qui deviennent d'une incompréhensibilité totale, d'un mystère magique, du fait que leur personnalité se perd par le haut, se dérobe à nous, tant ils sont absorbés par leur art, par ce qui dépasse l'individuel et le temps». Plus qu'un théoricien et un novateur, Mozart fut l'homme d'une synthèse admirable de transparence et de simplicité. Et contrairement à la plupart des compositeurs qui se sont cantonnés à un nombre limité de genres musicaux, Mozart les a plus ou moins tous pratiqués d'un bout à l'autre dans sa création : musique symphonique, musique de chambre, littérature pianistique, musique sacrée, opéra, musique vocale, musique de circonstance, etc. tous les genre de son époque lui ont appartenu. Et les «tubes» qui ont traversé les âges sont innombrables : la Symphonie n° 25 en sol mineur K. 183 (l'ouverture du film Amadeus); la Sonate en la majeur K. 331 et sa Marche turque ; le Concerto pour piano n° 21 en ut majeur K. 467 ; le Concerto pour clarinette en la majeur K. 622 ; le Requiem K. 626 ; l'ouverture de L'Enlèvement au sérail ; le Non più andrai des Noces de Figaro ; le deuxième air de La Reine de la nuit, une petite musique de nuit en sol majeur K. 525… Et les raretés : l'Andante en fa majeur K. 616 pour orgue mécanique ou l'Adagio et rondo K 617 pour harmonica de verre. Le génie de Mozart se compose d'un triple miracle : une unité de style par-delà la versatilité du talent ; une constante inventivité et une haute qualité esthétique même dans le négligeable.
La légende continue
Mais puisque Mozart nous échappe toujours, malgré les documents, pourquoi pas le rattraper au début de sa vie. Enfant, c'est «un garçon vif, gracieux et plein de bonnes manières», tout le monde l'admet. Son père, en bon pédagogue réputé, lui apprend très tôt les rudiments de l'art des instruments (il sera un virtuose du clavier et du violon) et de la composition. Mozart écrit, donc, son premier menuet pour clavecin pour son cinquième anniversaire, sa première symphonie trois ans plus tard… Nul besoin de le contraindre pour composer ou pour jouer. Bien au contraire, il fallait souvent l'en distraire. Autrement, il était capable de rester jour et nuit assis au piano ou à composer. Etant enfant, il avait le désir d'apprendre tout ce qu'il voyait. Il montrait beaucoup de dispositions pour le dessin et le calcul ; mais il était trop absorbé par la musique pour pouvoir manifester ses talents dans une toute autre branche. Son enfance, c'est aussi un voyage à travers l'Europe. Durant sa courte existence, il passe plus d'une décennie loin de son foyer, essentiellement pour son apprentissage (entre son retour de Paris, en 1779, et sa mort, en 1791, il ne demeura que seize mois loin de Vienne). Quinze mois en Angleterre en 1764, plus d'une année en Italie en 1770, un an à Paris, au total entre 1764 et 1778… A 6 ans, il fait merveille dans les salons. Il joue sur des claviers recouverts d'un drap – et les yeux bandés, s'il le faut. Puis, ce sont des voyages initiatiques : le long séjour italien, celui de Mannheim, en 1777-1778, ou encore celui de Paris qui lui fait suite ; ils permettront à Mozart de raffermir passionnément son goût et sa science de la musique et d'aiguiser son esprit critique. D'autres, encore, aguerriront l'homme. Il perd tragiquement sa mère à Paris, en 1778. Ville où il fait aussi l'âpre expérience de la vanité du succès : accueilli en prodige lors de son premier voyage parisien, il ne suscite plus qu'indifférence et mépris arrivé à l'âge adulte. Durant toute cette période riche en rencontres et en aventures, Mozart restera attaché au service de l'archevêque de Salzbourg, portant ce poste comme un véritable fardeau. Ses voyages ont forgé une personnalité naturellement cosmopolite, humaniste et ouverte. Un creuset d'influences diverses faisant de Mozart le plus Italien des compositeurs allemands et de sa musique une œuvre de synthèse. Ses amitiés fécondes avec d'autres musiciens, comme Joseph Haydn ou Johann Christian, fils du grand Bach, étaient plus qu'une consolation. Selon le sociologue Norbert Elias, Mozart vécut déchiré entre le désir d'être reconnu par les grands de son temps et l'aspiration à s'émanciper de sa condition de «musicien serviteur». Pourtant, «Mozart n'écrivait, comme tous les compositeurs du XVIIIe siècle, que pour ses contemporains. (…) Le sentiment de l'artiste incompris à son époque, qui écrit œuvre après œuvre, dans un monde qui ne le comprend pas – et dans l'espoir d'être compris par la postérité – n'a rien à voir avec Mozart et son art», comme l'a écrit le célèbre chef d'orchestre Nikolaus Harnoncourt. L'héritage mozartien a été immense. S'il n'a laissé que des dettes à sa veuve et qu'il n'a pas nourri une riche descendance – ses deux fils musiciens ont vécu sans son talent et sont morts sans descendance – il ne fut jamais oublié. Et si sa vie a été trop courte, sa destinée posthume lui aura permis d'en épouser cent autres : Mozart galant, Mozart romantique, Mozart pangermaniste ou communiste, Mozart compagnon de route de Freud, Mozart moderne, Mozart star du DVD. Mais aussi, Mozart conformiste ou libre penseur. Il a eu ce don de porter à la fois toutes les images et tous les paradoxes. Mozart est, en fin de compte, le symbole de la complexité de l'humain. La sagesse de Harnoncourt le résume très bien : «Mozart est le grand compositeur sur lequel on sait le plus de choses. Et c'est pourtant celui qui reste le plus mystérieux.»
Ils ont dit de lui
Joseph Haydn : «La vie des grands génies est trop souvent attristée par l'insouciante ingratitude de leurs admirateurs. Je m'étonne que Mozart, cet être unique, ne soit pas encore appointé dans une cour impériale ou royale. Pardonnez-moi si je déraille : j'aime trop cet homme.»
Ludwig van Beethoven : «En tout temps, j'ai été des plus grands admirateurs de Mozart, et je le resterai jusqu'à mon dernier souffle.»
Frédéric Chopin : «Jouez moi de la vrai musique. Jouez-moi du Mozart.»
Wagner : «Oh, comme j'aime et vénère profondément Mozart.»
10 dates-clés
– 1756 Naissance le 27 janvier à Salzbourg.
– 1761 Apprend sa première pièce au clavecin et compose un menuet.
– 1763 Première grande tournée de concerts à travers l'Europe.
– 1769 Nommé Konzertmeister à la cour de Salzbourg.
– 1770 Crée à Milan l'opéra Mitridate, qu'il dirige lui-même.
– 1778 Décès de sa mère à Paris.
– 1781 Quitte définitivement Salzbourg pour Vienne.
– 1782 Création de L'Enlèvement au sérail, opéra en allemand. Epouse Constance.
– 1787 Mort de son père. Création de Don Giovanni, à Prague.
– 1791 Création de La Flûte enchantée, à Vienne. Mozart y meurt le 5 décembre.


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