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«La Ligue n'est pas un parti politique»
Publié dans El Watan le 22 - 11 - 2007

Si Me Zahouane crie haut et fort qu'il est le représentant légitime de la LADDH, le Conseil national a, lui, tranché en désignant Bouchachi Mostefa, à la tête de la ligue.
Cette situation pitoyable, sur fond de polémique, est évidemment regrettable émanant d'une structure, dont les missions sont autrement plus nobles. C'est dans ces circonstances troublées qu'on a joint le nouveau patron de la ligue, Me Bouchachi, le premier à s'offusquer de cette tournure des événements.
«L'ex-président, malgré la persistance de la crise, refusait de convoquer le Conseil national qui est l'organe suprême entre deux congrès. Le conseil, ne voyant rien venir, s'est réuni le 2 novembre dernier et a décidé de changer la direction. Le comité directeur m'a élu président et depuis, j'agis en tant que tel», explique le nouvel élu qui déplore les conditions dans lesquelles ce changement s'est produit. Et il le dit sans ambages.
«C'est une organisation des droits de l'homme. Il était dans l'intérêt de la ligue d'avoir un changement dans les règles de l'art, en application des statuts, mais l'ex-président n'a rien voulu entendre et n'a pas été sage.» Récapitulatif sur un état des lieux mouvementé : s'ils s'accusent mutuellement, les protagonistes savent mieux que quiconque qu'il vaut mieux un bon arrangement qu'un mauvais procès.
Qui est Me Bouchachi ?
Issu d'une famille de révolutionnaires, Mostefa n'avait que 6 ans lorsque son père Lakhdar, moudjahid, tomba au champ d'honneur en 1960 lors d'un bombardement dans la Wilaya II.
«La seule image qui m'est restée, c'est lorsque mon père, quelques mois plus tôt est revenu à la maison après avoir été blessé à la main. L'enfant que j'étais avait été marqué par le sang et par cette blessure.» La déchirure n'a cessé de hanter une enfance douloureuse. Avec ses yeux noirs tout ronds, ses cheveux poivre et sel, son franc-parler recherché, son ton professoral, Mostefa dégage une énergie vivante et chaleureuse. Il s'est forgé tout seul et c'est tout à son honneur. «Au bled, il n'y avait pas d'école, alors j'étais obligé de venir à Alger pour ensuite faire mes classes dans un centre d'enfants de chouhada à Tizi Ouzou. C'est là que j'ai passé toute mon enfance.»
Puis il égrène quelques souvenirs heureux et d'autres qui le sont beaucoup moins. Ainsi va la vie. Mais il n'oubliera jamais le serment de son paternel mort pour la patrie, qui ne cessait d'insister auprès de sa mère, sur la nécessité pour son fils d'accéder au meilleur niveau d'instruction possible. Mostefa n'y dérogera pas en élève studieux et appliqué au lycée Amirouche de la ville des Genêts où il décrochera le bac qui lui ouvrira les portes de l'université d'Alger. Là, il décrochera sa licence en droit en 1976. Comme un succès ne peut rester «impuni», il est fort justement récompensé en obtenant une bourse pour des études en Angleterre où il étrennera un magistère en droit à l'université de Southampton. C'est ce qui explique sa parfaite maîtrise de la langue de Shakespeare. Au début des années 1980, il rentre en Algérie où il enseigne à la faculté de droit d'Alger et s'inscrit au barreau d'Alger en tant qu'avocat, métier qu'il exerce depuis.
Dès son avènement, il intègre la LADDH de Ali Yahia Abdenour. C'est durant cette période qu'il se constitue défenseur des personnes poursuivies pour des actes terroristes, non sans conséquences, puisqu'on lui colle l'étiquette d'avocat du FIS. Il s'en défend avec véhémence. «Je n'ai jamais eu une relation quelconque avec les islamistes. J'ai commencé à les défendre en 1992 lorsque des avocats de ce parti m'avaient sollicité. J'ai constaté qu'il y avait beaucoup de violations des droits de l'homme dont la plupart des victimes étaient issues de cette mouvance islamiste. En tant que militant, on ne cherche pas la couleur, ni l'idéologie des victimes. J'ai aussi défendu des militants du FLN, du FFS, des journalistes, des syndicalistes, des étudiants, etc. Vous voyez bien, la palette est assez large. Tout cela pour vous dire que je n'ai jamais choisi mes ‘'affaires''. De plus, on était effrayés par la violation systématique des droits de l'homme à cette époque dont le degré n'a jamais été atteint depuis l'indépendance. Un militant comme moi ne pouvait rester les bras croisés.»
Faudra-t-il sans doute se référer à cette maxime cornélienne : «A force d'être juste, on est souvent coupable.» Laissant percevoir, sous un masque austère, voire sévère une présence humaine presque une fragilité, il évoque sa carrière qui s'est faite graduellement à la force des bras «en travaillant dur» avant d'atteindre la notoriété qu'il acquiert même au niveau international où il est l'invité à plusieurs reprises d'Amnesty aux quatre coins du monde.
Une notoriété méritée
«Là, j'ai encore affiné mes connaissances», reconnaît-il en signalant qu'il a été élu, à deux reprises, représentant de la société civile arabe dans des réunions sur les réformes à engager dans le monde arabe, en présence du G8. Cela stimule davantage, note-t-il, lui qui fait toujours plus, donnant l'impression qu'il y a chez lui quelque chose d'inentamé. Mais il n'est pas du genre à enjoliver ce qui l'arrange et banaliser le reste.
Les procès dont il a été l'acteur et qui l'ont marqué ?
«Sans doute celui de la mutinerie de Serkadji, parce qu'une centaine d'Algériens y ont été tués alors qu'ils étaient sous la protection de l'Etat qui pouvait éviter cette tuerie, que je considère comme une violation très grave. Il y a aussi le procès de Boumaârafi que je conteste en la forme, pas dans le fond. Le droit à un procès équitable n'a pas été respecté. De plus, la cour criminelle a refusé aux avocats le report du procès.» Contre toutes les exclusions, Mostefa a la réputation d'être un rassembleur. Il ne s'en cache pas. «Je suis un homme ouvert au dialogue. Les droits de l'homme sont l'affaire de tout le monde. J'œuvre dans l'intérêt de la ligue, pour les droits et pour l'Algérie, sans concession sur les principes», martèle-t-il, sachant pertinemment qu'on l'attend au tournant, au regard des changements souhaités et attendus pour relancer la ligue.
Pour lui, il n'y a pas 36 chemins. «Il faut que le travail se fasse dans la transparence, dans la démocratie la plus totale. Les militants doivent obéir au principe moral des droits de l'homme et aux statuts de la ligue. Plus concrètement, arriver à installer une section dans chaque wilaya, d'ici à la fin de l'année», pronostique-t-il avec optimisme, en précisant que la ligue n'est pas un parti politique d'opposition.
Une justice plus indépendante
Revenant sur l'épineux dossier des disparus, il dira que la ligue n'est pas d'accord avec la manière dont les pouvoirs publics ont fermé ce dossier. «Les parents des victimes ont le devoir de savoir ce qui s'est passé. La loi sur la réconciliation ne règle en rien le problème des disparus en instaurant de surcroît l'impunité.»
La place de l'avocat dans la société ? «En Algérie, soutient-il, la profession est handicapée par le fait qu'elle est devant une justice qui n'est pas indépendante. L'une des priorités des barreaux est de travailler dans le sens de rendre cette justice plus indépendante.» Une profession noble que celle d'avocat. En dehors des procès de bonne foi, il existe toute une catégorie d'individus qui marchandent avec le métier. En attaque comme en défense, les avocats véreux existent bel et bien. «Ce n'est pas propre à l'Algérie. Seulement il faut savoir distinguer le bon grain de l'ivraie.»
Enseignant depuis des années à l'université, le prof qu'il est constate la régression du niveau, «qu'il faut voir au pied de la pyramide. L'université, dernier maillon de la chaîne, est devenue un centre de formation professionnelle et non pas un lieu de réflexion, regrettant que les gens ne lisent plus, accaparés qu'ils sont par les moyens audiovisuels de plus en plus sophistiqués». «Quand un universitaire envie un illettré débrouillard, cela mérite une vraie réflexion», ironise-t-il. Quant aux projets qui lui tiennent à cœur, l'avocat veut restructurer la ligue et être sur le terrain à l'écoute des gens. Son autre ambition, c'est d'apporter quelque chose de positif à la profession d'avocat, avec en point de mire, l'amendement du code de la procédure pénale, l'abolition de la peine de mort et la ratification du statut de Rome. Avec ses positions courageuses et sa liberté de ton qui lui a permis de s'affirmer, Mostefa poursuit sa lutte avec certainement davantage de responsabilités. Il aime se référer à cette phrase de Federico Mayor : «Connaître les droits de l'homme, les faire connaître est le premier moyen d'en arrêter les violations.» Tout un programme !
PARCOURS
Mostefa est né en 1954. Fils de chahid, il a fait ses études dans un centre d'enfants de chouhada à Oued Aïssi près de Tizi Ouzou. Etudes secondaires au lycée Amirouche de la même ville et supérieures à la faculté de droit d'Alger.
Il obtient un magistère en droit à l'université anglaise de Southampton où il a été envoyé dans le cadre d'une bourse. De retour à Alger, il enseigne à la Faculté de droit et s'inscrit au barreau pour exercer le métier d'avocat.
Dans les années 1990, il intègre la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme. Militant, il est de la partie dans plusieurs procès dont certains retentissants, Boumaârafi, Kadhafi, etc.
Il a un parcours tout aussi intéressant au plan international où il est souvent sollicité par les organisations «droits de l'hommiste».
Suite à la crise qui secoue la LADDH, il a été élu président de cette instance par le Conseil national sur fond de polémique.


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