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«J'aime bien les films qui éclairent l'histoire comme Ben Boulaïd»
Publié dans El Watan le 12 - 05 - 2008

–Vous venez d'achever le tournage du film portant sur la figure historique et emblématique de la révolution algérienne de Novembre 1954, Mostefa Ben Boulaïd. Un «coupé roulé» mais dur et rude….
– Cela a été très dur ! D'abord, c'était un film important. Le personnage méritait un tournage d'une telle importance. Les conditions de travail en extérieur sont toujours très difficiles. Surtout, lorsqu'on utilise énormément d'éléments pour la mise en scène, un grand nombre de figurants, beaucoup de batailles, d'armes… C'était difficile, parce que le tournage du film s'est arrêté durant cinq mois suite à l'accident de l'acteur principal, Hassan Khechache, qui a eu une fracture du col du fémur. C'est un film qui coûte cher, parce qu'il y a beaucoup de déplacements, de figurants, une grande équipe. On était une caravane de 110 véhicules et autres engins militaires. Le ministère des Moudjahidine a financé en grande partie le film, une grande motivation, dans le cadre d'un programme cinématographique portant sur les grandes figures de la guerre de Libération nationale. C'est un honneur, une mission que de faire ce genre de film.
– Un film de guerre…
– C'est un film de guerre. On a tourné 26 jours sur les cimes des montagnes des Aurès, à 2400 m d'altitude. Les Aurès, c'est une région très étendue, vaste et diverse, avec de superbes paysages faisant partie de l'esthétique du film. Il faut aussi montrer les beaux panoramas d'Algérie. Et ce, grâce à l'apport considérable de l'armée (ministère de la Défense nationale). Un matériel militaire conséquent, équipements, engins et autre logistique de grande importance ont été fournis gracieusement par l'armée. Le ministère de la Défense a mis à notre disposition des moyens assez considérables, il faut l'avouer. Je crois même que c'est la première fois qu'on voit dans un film tant de moyens consentis : des avions, des hélicoptères, des blindés, des chars, un grand nombre de soldats notamment des pilotes (avions et hélicoptères) aussi bien pour les besoins du film que pour la sécurité de l'équipe de tournage. Une équipe militaire extrêmement compétente.
– Vous étiez dans le maquis…
– On était carrément dans le maquis, oui ! Dans des régions inhabitées. Donc, des montagnes bien sûr. Les Aurès, ce n'est pas du tout comme la Kabylie. Ce n'est pas très habité, plutôt clairsemé, aux maisons éparses et la plupart des habitations ont été abandonnées depuis longtemps. Il nous fallait ces paysages, sinon, comment faire un film sur la guerre de Libération nationale dans le fief des Aurès, sans aller dans les endroits où a vécu Ben Boulaïd. Et cela a été dur comme tous les films de guerre. Cependant, cela était nécessaire et important que de réaliser un tel film. Je crois que nous sommes arrivés à bout en fournissant beaucoup d'efforts face aux variations climatiques aux Aurès. quelquefois, le matin, le soleil brille et le soir, il neige. Donc, on a tourné sous la neige, la pluie, dans la boue… tout cela contribue à donner une idée de ce qu'ont vécu les moudjahidine tout au long de la guerre de Libération nationale. Ben Boulaïd, c'était le chef des Aurès pendant la révolution de Novembre 1954. Il bougeait beaucoup, il connaissait bien le terrain, parfaitement le pays. Il savait comment se mouvoir dans cet immense relief, monter des opérations contre l'armée coloniale française.
– Ben Boulaïd était un révolutionnaire stratège…
– Je crois qu'il y avait de la motivation et de la conviction qui le conduisaient et l'animaient. Ce n'était pas un stratège militaire plus qu'un autre. Ben Boulaïd s'était tout de suite rendu compte de l'ampleur de la mission en Moyen-Orient, assurant l'approvisionnement en armes, munitions et autre logistique militaire permettant à la révolution de continuer son combat. Et comme cette logistique, tardait à venir, il fallait agir face au nombre important de jeunes combattants rejoignant les rangs du FLN. Il fallait les armer, les chausser, les habiller et les préparer à affronter la guerre. Ben Boulaïd avait une citation à lui : «Si tu veux une arme, va la chercher dans le goudron» (les routes bitumées où passaient les convois militaires.) Donc, les moudjahidine organisaient un grand nombre d'opérations dans le but essentiel était de récupérer des armes pour la révolution. Dès la proclamation du 1er Novembre 1954, il a rédigé une lettre adressée aux djounoud de la future Armée de libération nationale (ALN). Dans laquelle, il insistait contre les exactions ou autres attaques à l'endroit des civils, des personnes âgées, des femmes, des enfants… et que la guerre était contre l'armée coloniale.
– Il avait un code d'honneur quant aux droits humains…
– Il avait un code d'honneur qu'il respectait et qu'il faisait observer par tout le monde. On ne connaît pas d'histoires impliquant Ben Boulaïd dans des attaques contre des civils.
– C'est la première fois dans le cinéma où l'on s'intéresse à une grande figure historique de la révolution de 1954 par analogie aux autres films qui sont plutôt génériques dans l'approche comme L'Opium et le bâton…
– Oui, dans tous les films, c'est un seul héros, le peuple qui était le bocal où se faisait la révolution et le poisson, c'était l'Armée de libération nationale qui avait besoin du peuple. Mais l'armée avait besoin aussi de gens qui réfléchissaient, organisaient, très motivés qui étaient à l'avant-garde, aux premières lignes et qui étaient les dirigeants de cette extraordinaire guerre de Libération nationale. Assez curieusement, pendant 50 ans en Algérie, on a jamais fait un film sur un personnage illustre de la révolution algérienne. Et dans ce film gravitent autour de Ben Boulaïd de grands noms de la révolution algérienne comme Ben M'hidi, Didouche Mourad, Bitat, Boudiaf, Krim Belkacem, Messali El Hadj…
– Ce n'est pas un film manichéen…
– Ce n'est pas du tout un film manichéen. Parce que le personnage n'était pas comme cela, d'un côté les bons et de l'autre les mauvais. L'agresseur est là : le colonialisme, et il était identifié précisément. L'efficacité des armes était tournée contre l'occupant plutôt militaire qui avait multiplié l'implantation de garnisons et déployé des moyens colossaux de lutte contre de ce qu'ils appelaient «l'insurrection». Et l'occupant constatait de plus en plus qu'il était impossible de vaincre la volonté d'un peuple qui avait essayé tous les moyens pacifiques et était passé à la lutte armée.
– Justement, le film Ben Boulaïd, c'est l'histoire d'un martyr…
– C'est l'histoire d'un martyr exemplaire. Ben Boulaïd, pendant très longtemps, avait développé une conscience politique, nationaliste au contact des différents partis et mouvements activant en Algérie. Si on voit cela avec du recul, on se dit que c'était insensé de penser que l'on pouvait faire la guerre à la France. Là, maintenant, on sait qu'ils (les moudjahidine) ont eu raison de le faire et qu'ils ont réussi. La direction collégiale de la révolution de Novembre 1954 a dérouté l'armée coloniale française. Je crois que le fait qu'il n'y ait pas eu de zaïm (leader) a conduit au succès
de cette révolution.
– Il n'y avait pas de leadership, d'ego…
– Il n'y avait pas de chef politique charismatique avec lequel on pouvait entièrement parler, négocier, traiter… Des gens presque anonymes comme Ben Boulaïd, Zighout Youcef, Krim Belkacem, Lotfi, Boussouf, aux quatre coins du pays. Un mouvement populaire énorme. Ben Boulaïd est un personnage extrêmement respecté dans les Aurès, parce qu'il ne s'est jamais présenté en tant que chef de guerre ou politique. L'histoire en a fait un héros de la révolution à travers son itinéraire, ses hauts faits historiques et son humilité aussi.
– Environ quarante ans après L'Opium et le bâton, vous revenez à vos premières amours, le film de guerre. C'est un genre qui vous colle à la peau…
– Pas particulièrement, j'aime bien les films qui éclairent l'histoire. Les films n'ont pas la prétention ni l'ambition d'écrire l'histoire. Mais apporter peut-être quelques éclairages surtout sur des personnages aussi illustres que Ben Boulaïd qui était à l'avant-garde de tout cela, au moment où presque personne n'y croyait. Et c'est grâce à lui, nous sommes là en train de nous parler maintenant et que, moi, je puisse faire du cinéma. Mes premières amours, oui, pourquoi pas. (rires)
– Quelle est la différence entre L'Opium et le Bâton et
Ben Boulaïd ?
– Ce qui est différent ? Moi, j'ai fait plusieurs films sur la guerre de Libération nationale. Peut-être que l'erreur fondamentale était de montrer que l'ennemi était facile à vaincre. Cela n'est pas vrai. C'était une grande puissance, la France. Des traditions de guerres napoléoniennes, des écoles militaires, des généraux… et puis, nous sommes un peuple de longue tradition et d'une grande culture de la résistance à d'autres envahisseurs.
– Comment s'est effectuée l'élaboration du scénario ?
– Le scénario a été écrit par l'historien et chercheur Sadek Bekhouche, auteur d'ouvrages sur l'histoire de l'Algérie, connaissant parfaitement l'histoire de la région (Aurès) et celle de Ben Boulaïd en particulier. Je l'ai transformée en une écriture cinématographique. En dehors du scénario, nous avons pris contact avec beaucoup de compagnons d'armes de Ben Boulaïd qui sont vivants, sa famille, ses enfants, des anonymes qui l'ont côtoyé dans les Aurès. Cela a énormément aidé à enrichir et construire le scénario et le rendre crédible. Mais le film, c'est de la fiction aussi.
– Votre projet immédiat, c'est une autre figure révolutionnaire : Krim Belkacem…
– Oui, le scénario est prêt.
– Hormis l'histoire de l'Algérie, vous vous êtes intéressé à sa musique en réalisant le film-documentaire Raï Story
– Ce n'est pas ringard pour moi. Tout ce qui est patrimoine de l'Algérie est quelque chose qui me concerne directement, m'intéresse et me motive. Je ne crois pas pouvoir faire un film sans racines. Il y a un rapport direct avec la mémoire. Ce qui m'a séduit dans le raï, c'est que ce phénomène, cette musique de jeunes, on ne les trouverait pas en Indonésie, Turquie ou encore en Tunisie. C'est purement algérien. C'est comme le couscous. C'est une musique qui est née des tripes et des profondeurs de l'Algérie et qui mérite que l'on s'y attarde, parce que c'est cela les composantes de notre vraie identité que d'autres on voulu dissoudre. Je pense que c'est la reconquête de ce visage qu'on nous a fait détester et quelquefois mépriser. Je crois que cette identité est là, présente et profondément enfouie dans la mémoire populaire, il faut aller la chercher. Que ce soit dans la musique, le militantisme ou dans les actions qui ont conduit à libérer le pays. Et c'est cela qui fait un peuple, une nation, un pays.


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