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Du capitalisme bourgeois au capitalisme mafieux
Publié dans El Watan le 19 - 02 - 2009

Les grandes masses seront plus facilement victimes d'un gros mensonge que d'un petit, dit le vieil adage. M. Madoff auteur de l'escroquerie du siècle s'en est apparemment bien inspiré. Il a subtilement joué sur les dérèglements de la finance mondiale, en faisant de nombreuses victimes, bernant tout son monde pour s'offrir la bagatelle de 50 milliards de dollars. Madoff ? Un homme affable qui présente bien et qui naviguait allègrement dans les coulisses du pouvoir à Wall Street comme à Washington. On lui aurait confié toute sa fortune, sans poser de questions, tant il inspirait confiance, roulant carrosse, possédant tous les attributs de sa fonction. Riche, il le montrait ostensiblement à l'image de sa carte de visite fournie de vétéran du métronome et temple bancaire mondiaux. De fait, c'était l'homme par qui toutes les décisions transitaient. Il était incontournable. Bernard Madoff avait compris depuis longtemps que le siècle que nous vivons est celui de l'apparence. Paraître ou ne pas être, telle est la question que le célèbre financier ne s'est même pas posée, soignant maladivement son image de boss. Personne ne pouvait s'imaginer que derrière le célèbre financier se cachait un escroc de haute voltige.
Madoff est né en 1938 à Laurelton, une enclave juive très soudée de New York où il a passé son enfance. Il participait très jeune aux activités du centre communautaire. Sa mère, qui gérait dans les années 1960 une société de courtage lui avait déjà sans doute refilé le goût du commerce et de la débrouille.
Un homme très malin
A sa sortie du lycée en 1956, Madoff passe un an à l'université d'Alabama où il intègre une fraternité juive. L'année suivante, il entre à l'université Hofstra, près de New York, d'où il sort en 1960, avec un diplôme de sciences politiques.
Il étudie le droit à Brooklyn ; mais ne se consacrera pas au métier d'avocat. il sera maître nageur mais son dada, c'est le business. D'ailleurs, en étant étudiant il gérait une petite société d'installation de système d'arrosage. Avec ses 5000 dollars économisés sur son salaire de maître nageur et sur les bénéfices de sa petite entreprise, il se lance comme courtier à Wall Street dans les années 1960. C'est là qu'il commence à prendre des risques insensés pour devenir quelques années plus tard le patron de Nasdaq, un marché électronique qui a rapidement pris des parts de marché à la Bourse physique de New-York. Parallèlement à ses activités, Madoff continuait à faire entrer de l'argent frais, confié par des investisseurs sans méfiance, alléchés par la promesse de rendements prodigieux qu'il assurait année après année. Certains lui ont ainsi confié des sommes astronomiques, parties depuis en fumée.
Lunettes à monture transparentes, costume gris impeccable, tempes grisonnantes, le fondateur et ancien président de Nasdaq, soignait l'image de quelqu'un de bien sous tous rapports. Membre honorable d'un club huppé de golf, généreux donateur pour diverses œuvres caritatives, il savait également se montrer généreux avec le parti démocrate, 10 000 dollars en faveur du comité de campagne sénatoriale du parti 23 000 dollars pour des sénateurs. Grâce à son solide carnet d'adresses, Madoff ratisse large, clients institutionnels mais également grandes fortunes.
L'escroquerie mise au point par Madoff est vieille comme le monde : elle repose sur la cupidité et la crédulité des épargnants. «Bernie» son petit nom — n'a fait que moderniser un système imaginé dans les années folles par un petit immigré italien de Boston ; Charles Ponzi. En 1920, ce margoulin promettait à ses clients des rendements exceptionnels. Le résultat, soutenait-il, de prétendus arbitrages entre les tarifs postaux internationaux. En réalité Ponzi rémunérait ses adhérents avec l'argent collecté auprès de ses nouveaux clients. Mais ce mécanisme frauduleux, cette pyramide ne peut fonctionner, que si les investisseurs ne retirent pas massivement leurs économies. Avec la crise de liquidités qui a frappé les marchés financiers, Madoff s'est peu à peu retrouvé dans l'incapacité de rembourser ceux qui lui avaient fait confiance et qui, de plus en plus nombreux, lui réclamaient leur capital. La pyramide reposait ainsi sur du sable. Pour l'anecdote, Madoff serait allé jusqu'à escroquer sa propre sœur, Sandra, ruinée et contrainte de mettre en vente sa maison de Floride.
Des complicités
Malgré les doutes de certains, la société Madoff a poursuivi ses activités illégales pendant plus de 20 ans en prospectant de nouveaux clients pour rémunérer les anciens. Tout le gratin new-yorkais et les plus grandes banques et fonds spéculatifs de la planète n'y ont vu que du feu et tout cela, au nez et à la barbe des organismes de contrôle.
Des informations tentent à démontrer que Madoff qui a la double nationalité américaine et israélienne et sympathisant des thèses sionistes aurait eu des liens très étroits avec les opérations clandestines du Mossad, qu'il s'attachait à financer. mais d'un autre côté, l'action de Madoff s'est développée notamment et d'une façon spectaculaire contre la communauté juive américaine. La mise à nu du scandale a provoqué un choc d'autant plus grand dans cette communauté que les liens établis par elle avec Madoff, lui même Juif étaient basées sur une confiance courante dans ces milieux.
Madoff est considéré comme un cas très grave d'entorses à ces liens de confiance et de solidarité qui forment une des structures fondamentales de cette communauté. Cet «Arsene Lupin des temps modernes, ce gentleman cambrioleur comme épris parla chanson, avait été signalé par Roubini, un des anciens conseillers de Clinton en 2006, qui avait averti dans une conférence au FMI qu'une crise se préparait. «La crise avait-il pronostiqué, partira des Etats-Unis. Le marché immobilier va s'effondrer. Les ménages ne pourront plus rembourser leurs crédits. Des milliards de dollars partiront en fumée. Le système financier tout entier va se gripper.» Personne ne l'avait pris au sérieux. Et pourtant, l'histoire lui a donné raison. La pratique semble être courante dans les milieux financiers américains.
Suffit-il de le traiter d'escroc en omettant de signaler la complicité des organismes de régulation qui ont fermé les yeux ou encore les Etats et tous les intervenants de cette gigantesque arnaque. Madoff, un escroc, certes, mais devrait-on oublier tout le système financier obsolète, basé sur un néolibéralisme débridé qui a mis à genoux l'économie mondiale.
La faillite du système
Le philosophe Stiegler a eu les bons mots pour qualifier cette déconfiture. «La financiatisation de l'économie a liquidé le capitalisme de la bourgeoisie pour le remplacer par un capitalisme mafieux. La crise financière mondiale a démontré que tout était faux et que la plupart des marchés étaient bâtis sur du vent. Comme on fait la guerre avec le sang des autres on fait fortune avec l'argent d'autrui. Reid Meloy, psychologue médico-légal, auteur du livre Les psychopathes (ed. Frison Roche 2002) avait écrit : «En règle générale les individus présentant une tendance psychopathe n'ont pas peur de se faire prendre. Ce sont souvent des gens très narcissiques, convaincus d'être dans leur bon droit.»
Cet émient chercheur va jusqu'à faire des similitudes avec les tueurs en séries comme Ted Bundy, dit le tueur de femmes, exécuté en 1989. Alors que Bundy assassinait ses victimes, Madoff lui les frappait au portefeuille, anéantissant leur confiance et leur compte en banque. Comme Bundy, Madoff avait réussi grâce à sa grande intelligence et son affabilité à créer un personnage qui n'existait pas et berçait ses victimes d'une illusion de sécurité. Et lorsqu'il a été démasqué, il n'a manifesté aucun remords.
Après Madoff, c'est un autre margoulin qui a été mis aux arrêts pour avoir détourné 400 millions de dollars. Cet arnaqueur s'appelle Cosmo, paron de la société de Long Island, Agape World qui a utilisé un montage, selon le schéma de Ponzi qui consiste à rémunérer à des taux vertigineux les premiers investisseurs avec l'argent des derniers arrivés. Condamné une première fois en 1999 pour escroquerie, Cosmo a réussi à continuer à recruter de nouvelles proies par l'intermédiaire d'un réseau d'agents essaimés dans tout le pays. Il a fallu la mise à nu de Madoff pour découvrir une supercherie à grande échelle. Warren Buffett disait, «C'est à marée basse qu'on voit ceux qui nagent nus.»
|Parcours|
|Madoff est né en 1938 à New York. En 1960, il abandonne ses études de droit et fonde une société de courtage.
En 1990, il est élu par ses pairs président du Nasdaq, la Bourse technologique des valeurs. Un poste qu'il occupera de nouveau en 1991 et en 1993.
En 2006, alertée par un concurrent de Madoff qui soupçonne une fraude pyramidale, la commission de contrôle ouvre une enquête mais n'estime pas nécessaire de procéder à une action en justice.
En 2008, le courtier est arrêté, soupçonné de fraude boursière. Il est laissé en liberté moyennant une caution de 10 millions de dollars. Alors qu'il était en résidence surveillée, Madoff avait envoyé à des proches seize montres de luxe, incrustées de diamants.
Les autorités de ragulaton ont pourtant contrôlé Madoff huit fois en 16 ans sans mettre à jour cette escroquerie planétaire dont l'onde de choc secoue l'Asie, l'Amérique et l'Europe.|


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