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Monsieur le Président. Choisir entre Mandela et Mugabé
Publié dans El Watan le 18 - 04 - 2009

L'économie nationale est à l'arrêt, les investisseurs ne sont plus attirés par les affaires, malgré la manne d'argent miroitée par les pouvoirs publics, et les rangs des chômeurs vont en grossissant de plus en plus. Les Algériens s'inquiètent de l'insécurité croissante, du risque de perte de leur emploi, de leur capacité demain à nourrir leurs familles avec le kilogramme de pomme de terre à 120 DA. Le tout se déroule à la face d'un monde interloqué et qui se demande comment un pays comme l'Algérie peut se permettre le luxe d'une telle aventure, d'une telle inconscience gouvernementale, alors que la planète entière s'organise pour faire face à une crise financière d'une ampleur inégalée. La majorité de vos conseillers. M. le Président ne vous conseille plus, la majorité de vos ministres ne gouverne plus, mais s'accommode pour vous brosser un tableau idyllique d'une Algérie qui n'existe que dans leurs fantasmes et imaginations. La réalité est tout autre M. le Président. Votre programme électoral énumère des réalisations durant la décennie écoulée de votre règne, notamment la création de 6 millions de postes d'emploi, la livraison de 1,5 million de logements et un taux de croissance hors hydrocarbures de 5% en moyenne.
Comme les champs politique et médiatique sont fermés, votre bilan n'a pas fait l'objet d'études et de débats contradictoires. On se permet de rappeler à vos conseillers et ministres à travers des statistiques émanant du PNUD, de la Banque mondiale et de la Banque d'Algérie quelques preuves et arguments qui prouvent que ce bilan trop positif est loin de refléter la réalité.
– 1- L'actuelle crise des denrées alimentaires de première nécessité, dont la pénurie de pommes de terre, provient essentiellement du fait que la gestion des fonds alloués aux agriculteurs a échoué et que ces fonds échappent à tout contrôle. Cette situation de fait a empêché les agriculteurs de métier de bénéficier de cette manne d'argent public qui, si elle avait été réellement investie dans l'agriculture, nous aurait évité ces grosses pénuries et ces flambées de prix. Toujours pour des raisons d'enrichissement illicite, ces quelques cercles privilégient l'importation des denrées alimentaires à la production algérienne. Malheureusement pour l'Algérie, les dettes douteuses de ces agriculteurs douteux ont été effacées par une simple signature, à l'occasion de la campagne présidentielle, sans évaluation, afin de cacher les bénéficiaires de ces milliards. Le secteur agricole aurait pu, conjointement avec d'autres, accélérer la croissance, réduire la pauvreté et préserver durablement l'environnement.
Voilà pourquoi l'Algérie, qui devrait être le grenier de la région, importe annuellement plus de 5 millions de tonnes de blé et la facture de l'importation du blé en Algérie pour les 11 derniers mois de l'année dernière a atteint l'équivalent de 900 millions de dollars.
– 2- Avec une consommation annuelle estimée à près de 3 milliards de litres, l'Algérie est le premier consommateur de lait au Maghreb. Acteur clé de l'industrie agroalimentaire, cette filière reste cependant fortement dépendante de l'importation de poudre de lait. A noter que la facture de l'importation de lait en poudre est estimée à 600 millions de dollars par an.
– 3- La croissance de la facture des importations des produits pharmaceutiques (1,4 milliard de dollars en 2007 et près de 1,3 milliard de dollars pour les 9 premiers mois de 2008) d'une part, et la décroissance de l'industrie locale, d'autre part, montrent encore une fois la dépendance de notre pays dans tous les domaines stratégiques.
– 4- L'enjeu de l'importation du sucre et, évidemment, le contrôle total de ce marché met le pays dans une situation de quasi-monopole de quelques importateurs privilégiés qui pénalisent d'abord le citoyen contraint de payer le prix fort en l'absence d'un mécanisme étatique de régulation et ensuite le marché de l'industrie du sucre jadis important. A noter que l'Algérie, pays dépendant de l'importation, consomme mensuellement quelque 80 000 tonnes de sucre.
– 5- L'importation de double concentré de tomates est un point de non-retour dans cette filière stratégique de l'agroalimentaire.
Les conserveurs, agriculteurs producteurs de tomates industrielles et les travailleurs pointent du doigt ce qu'ils ont assimilé à une véritable mafia du concentré de tomates d'importation. La complicité de certains cercles du pouvoir avec ces importateurs risque de mettre à genoux la trentaine d'unités de transformation de la tomate industrielle du pays dont 26 implantées dans les wilayas de l'est du pays.
– 6- C'est le même constat qu'on peut faire des secteurs du textile et du cuir qui, jadis étaient les fleurons des industries légères et aujourd'hui manifestement ont du mal à résister à cette libéralisation sauvage de l'économie algérienne. Sur les 200 000 postes d'emploi existants, seuls 44 000 ont pu être sauvegardés, dont 26 000 relèvent du secteur public.
Un pays, qui importe son blé, son lait, sa pomme de terre, sa tomate, son sucre, son huile de table, ses habits et ses médicaments de l'étranger, peut-il se targuer de parler d'indépendance et de souveraineté ?
La part des importations alimentaires dans les importations totales passe de 16,2% en 1969 à 38% en 2008. Le taux est très élevé comparativement à ceux de la Tunisie et du Maroc (moins de 10%). Le CNES a recommandé déjà dans un rapport en 1997 que compte tenu du degré important de dépendance alimentaire, le gouvernement devrait placer la croissance agricole et la sécurité alimentaire du pays au centre des objectifs stratégiques. Malheureusement, 10 ans après, non seulement le degré de dépendance alimentaire n'est pas résolu, mais l'institution qui a fait ce travail remarquable est devenue elle-même dépendante des analyses des bureaux d'études et bureaux conseils étrangers, malgré les rapports de haut niveau produits avant son redressement, selon les normes du plan et le limogeage de son président, Mentouri, et son remplacement par un dignitaire du système. Comme on a dissout le Conseil supérieur de l'éducation en 1999 et anéanti la Cour des comptes, le premier servira à mieux maîtriser la régulation et la seconde servira à assurer le contrôle, ce qui fait défaut à notre pays. Ce qui nous laisse penser que «l'anarchie est bien structurée», comme l'a si bien signifié Djillali Liabès. Par ailleurs, l'environnement général des investissements dans l'industrie agroalimentaire et pharmaceutique demeure, comme dans les autres secteurs, contraignant. A ce titre, rappelons que l'Algérie est classée au 132e rang sur 181 pays en ce qui concerne le climat des affaires (Doing Business 2009). Les prévisions du Fonds monétaire international pour l'Algérie ne sont guère rassurantes. Selon cet organisme, l'importation des produits de consommation durant les quatre prochaines années en Algérie devrait connaître une hausse spectaculaire. De 32 milliards de dollars en 2008, elle doit passer à 47 milliards de dollars en 2012. Dans quel secteur comptez-vous placer les 3 millions d'emplois que vous promettez dans votre programme ? Votre politique ne crée ni richesses ni emplois et la preuve est donnée par le FMI qui prévoit une augmentation de la facture des importations au détriment de la production nationale.
Comment peut-on parler de promotion de l'investissement en Algérie lorsque, pour des intérêts égoïstes, ces cercles autour du pouvoir se comportent en véritables prédateurs et saboteurs de l'économie nationale ?
On n'a qu'à faire une petite évaluation d'une décennie de privatisations et on se rend compte du massacre économique et social et du coup le monopole a changé de camp, un mot magique de ce pouvoir, du monopole public au monopole privé. Les termes évaluation, valorisation, remise en cause ou démission n'existent pas dans le lexique politico-écononomique de ce pouvoir autiste et aveugle. Un simple exemple de ce dysfonctionnement de gouvernance : comment peut-on donner le monopole du transport des étudiants à une société privée, alors qu'une entreprise publique comme l' ETUSA est en train d'agoniser. Le coût de ce cadeau payé par le Trésor public est de 1 million de dinars chaque mois. Le service public est devenu du kofr politico-économique chez nos gouvernants. Alger est devenue une ville clochardisée par ce type de transport qui ne garantit ni service public au citoyen ni respect pour l'environnement et qui est responsable de beaucoup d'accidents qui font de l'Algérie la 1re dans le monde arabe et la 4e au monde en termes d'accidents de la route. Dans un tel marasme économique et social, on ne peut plus parler ni de dignité ni d'honneur, car l'être humain qui a faim tend à s'apparenter à un être handicapé dans sa dignité. Il est triste de constater que le pouvoir en place a conduit ce pays promis à un bel avenir, à un si misérable sort. II en résulte la grave crise économique, institutionnelle, politique et sociale que le peuple algérien vit dans l'amertume, tout en se disant chaque jour que la veille c'était encore meilleur. M. le Président, après trois mandats de pouvoir sans partage, vous êtes dans l'obligation de faire un geste envers le peuple, en général et l'opposition, en particulier si vous voulez épargner au pays une crise grave et sans précédent.
La raison peut-elle l'emporter sur la faiblesse humaine des sentiments qui ne sont pas des vertus des hommes d'Etat. Vous pouvez ainsi proclamer à travers une déclaration à la nation le retour à la vie politique normale par l'autorisation de création de partis politiques, d'associations et de syndicats ainsi que l'ouverture du champ médiatique par la création de nouveaux titres de presse et de nouvelles chaînes de télévision dans un esprit de réconciliation nationale. Les pratiques politiques ayant été assainies. Vous pourrez alors envisager dans un deuxième temps de dissoudre l'Assemblée nationale afin de permettre l'émergence d'une nouvelle majorité pluraliste plus représentative des sensibilités de l'opinion. En clair. choisir de gouverner moins seul. M. le Président, vous ferez une lourde erreur de croire que vous pouvez faire l'économie de tels gestes en jouant la carte du pourrissement. Ni les opérateurs économiques, ni la population, ni les forces de l'ordre n'ont le même calendrier en tête. Le ras-le-bol est général et si on ne fait pas de gestes forts envers la population et la classe politique, le pays entier risque de balancer dans l'incertitude et l'anarchie avant même la fin de votre mandat. Voilà pourquoi le Président doit sans tarder parler à son peuple, lui annoncer par des gestes forts qu'il entend améliorer la substance de notre jeune et fragile démocratie. Lui dire qu'il reste proche des préoccupations de ses concitoyens et qu'il a choisi entre le choix de ses proches et l'accomplissement de sa noble mission au service de la nation. Le rassurer ainsi sur sa volonté de mettre le plus rapidement possible le pays en état de marche après rétablissement de l'ordre politique. En agissant ainsi, en reconnaissant avec simplicité que vous n'êtes pas infaillible, le Président se grandirait et montrerait qu'il est exact au rendez-vous fixé avec son peuple par l'histoire. Vous avez le choix de finir le reste de votre vie en grand homme, à l'image de Mandela, en instaurant la démocratie et en garantissant les libertés ou finir comme un Mugabe, honni par la planète entière, en ne laissant que désordre et mépris.
L'auteur est coordinateur national du parti El Badil. parti non agréé


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