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L'enjeu de l'eau dans les pays riverains de la Méditerranée (2e partie et fin)
Publié dans El Watan le 02 - 08 - 2009


– Partie B : Géopolitique de l'eau
– Chapitre 1 : une source de conflits au Proche-Orient
– 1- La guerre de l'eau :
Le problème de l'insuffisance des ressources en eau au Proche-Orient en général, en Palestine et en Israël en particulier, a incité les observateurs à affirmer que l'eau sera la cause de la prochaine guerre dans la région. Un tel scénario peut paraître éloigné de la réalité étant donné que les guerres actuelles sont encore essentiellement motivées par la volonté de s'emparer de territoires et, de plus en plus, des ressources pétrolières, comme nous avons pu le constater avec l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis. Cependant, étant donné les taux de croissance démographique élevés de la région et les problèmes de sécheresse que celle-ci connaît, tout effort visant à réduire les tensions et à parvenir à un véritable règlement de paix devra s'attaquer obligatoirement au problème de l'accès à l'eau. L'inégalité d'accès à cette ressource et de sa consommation entre Israéliens et Palestiniens est d'une injustice de plus en plus criante. Un Israélien consomme environ 4 fois ce que consomme un Palestinien. Les colons israéliens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, qui s'offrent le luxe des piscines, consommeraient 600 litres d'eau par jour tandis que les Palestiniens en consomment moins de 100 litres, chiffre qui correspond au besoin minimum estimé par L'OMS. (5).Depuis la construction du mur israélien, la situation n'a fait qu'empirer. Israël a rendu inutilisable une cinquantaine de puits, empêché l'approvisionnement en eau de villages palestiniens et détruit des conduites d'eau et autres infrastructures connexes. Les responsables israéliens, qu'ils appartiennent au Likoud ou au Parti travailliste, utilisent depuis longtemps les ressources en eau situées dans les territoires palestiniens comme prétexte pour conserver les territoires occupés. Ainsi, lorsqu'on essaie de comprendre la nature du conflit au sujet de l'eau et des moyens de le résoudre, il est important, non seulement de déterminer la nature des ressources en eau disponibles et d'envisager la manière de les partager, mais il faut aussi analyser les intérêts territoriaux d'Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza et examiner comment le droit international et les accords de paix signés jusqu'ici abordent la question d'une répartition «équitable et raisonnable» de l'eau.
– 5 L'Atlas mondial de l'eau, Salif Diop et Philippe Rekaze Kacewicz, page 51.
Les conflits liés aux grands barrages ne s'arrêtent pas aux provinces, mais peuvent également faire l'objet de guerres entre pays. Le Tigre et l'Euphrate, les grands fleuves qui alimentent l'agriculture de la Turquie, de la Syrie et de l'Irak depuis des milliers d'années, ont fait l'objet de plusieurs grands conflits entre ces trois pays. Les deux fleuves prennent leurs sources en Turquie, dans l'est de l'Anatolie, et ce pays dispose d'une souveraineté absolue sur les eaux de son territoire. La position turque est la suivante : «L'eau nous appartient autant que le pétrole de l'Irak lui appartient.» Le barrage Atatürk est au centre du projet de développement du sud-est anatolien Great Anatolien Project (GAP). Ce barrage achevé en 1990, achemine de l'eau vers la plaine de Harran, dans le sud-est de la Turquie, par un tunnel de 26 km de long. On prévoit une intensification du conflit entre l'Irak et la Turquie à mesure que cette dernière tente de faire progresser son projet de 32 milliards de dollars, consistant à ériger 22 barrages sur l'Euphrate pour permettre l'irrigation de 1,7 million d'hectares de terre. Si deux barrages opérationnels venaient s'ajouter au barrage Atatürk, l'Irak perdrait 80 à 90% de sa part des eaux de l'Euphrate. Les projets de développement de l'eau sur l'Euphrate ont causé des conflits armés entre la Turquie, la Syrie, l'Irak et les Kurdes. En 1974, il y a eu des incidents entre la Syrie et l'Irak. Le PKK a menacé de taire sauter le barrage Atatürk.
– 2- Une répartition inéquitable :
L'usage de l'eau conditionne largement les relations entre Israël et ses voisins. L'Etat hébreu, dont les ingénieurs et les agriculteurs ont réalisé des promesses en faisant «fleurir le désert» n'a guère de ressources propres en eau. Il dépend, d'une part des nappes phréatiques situées en partie ou en totalité en Cisjordanie, d'autre part du Jourdain, fleuve frontière, qui alimente le lac de Tibériade. Or, des quatre rivières dont la réunion forme le Jourdain, une seule, le DAN, prend sa source en Israël, le Yarmouk et le Banias en Syrie, le Hasbani dans le Sud-Liban. En 2001, les Israéliens ont menacé de bombarder le canal de dérivation des eaux du Hasbani, tout nouvellement construit. Aujourd'hui, plus de 60% de l'eau consommée par les Israéliens, notamment pour l'irrigation agricole, sont prélevés dans les territoires palestiniens occupés par Israël, en particulier en Cisjordanie et une grande partie des installations hydrauliques sont situées hors des frontières d'avant 1967. Située en aval du lac de Tibériade, au niveau duquel Israël prélève les eaux du Jourdain supérieur, la Jordanie dépend de fait de son voisin. Elle se trouve dans une situation de pénurie tout aussi critique ; à Amman, l'eau ne coule au robinet que 3 jours par semaine. Les territoires palestiniens ne sont pas moins assoiffés. L'eau entièrement sous le contrôle d'Israël, est très inégalement repartie. La question de l'eau a jusqu'à présent été reportée aux négociations finales, toujours repoussées. Elle constitue une redoutable bombe à retardement.
– Chapitre 2 : l'avenir
– 1- La préservation de l'eau :
La crise de l'eau est grave et l'humanité ne peut se permettre de la négliger. Les dirigeants politiques devront redoubler d'efforts pour mettre en œuvre les politiques et pratiques susceptibles d'assurer l'avenir de la planète. La stratégie la plus importante consiste à préserver les ressources hydriques et à régénérer les eaux polluées. Elle requiert, de la part des citoyens du monde, un changement d'attitude radical à l'égard de l'eau. Autrement dit, les êtres humains doivent cesser de s'imaginer que l'eau est une ressource inépuisable qu'ils peuvent gaspiller afin de satisfaire tous leurs besoins et caprices. Ils vont devoir modifier leurs habitudes et satisfaire ces besoins en fonction des ressources hydriques disponibles. Grâce à certaines techniques éprouvées et accessibles, l'agriculture pourrait réduire sa consommation d'eau de 50%, l'industrie de 90% et chaque agglomération urbaine d'un tiers, sans que la production économique ou que la qualité de vie en soient le moins du monde sacrifiées.
Des spécialistes de l'environnement ont décrit de façon détaillée les techniques et les pratiques qui permettraient de diminuer la consommation d'eau dans le domaine de l'agriculture. Les énormes subventions accordées pour l'irrigation des cultures non durables sur des terres arides doivent être supprimées. Seules les terres riches en eau devraient être utilisées pour les cultures vivrières avides d'eau. En outre, les preuves que l'élevage intensif nuit aux ressources hydriques, aux animaux et aux être humains sont de plus en plus nombreuses et indiscutables. Par conséquent, il faut bannir, ou du moins réglementer sévèrement, ce type d'élevage. Il faut aussi interdire l'usage des pesticides, d'herbicides, d'antibiotiques de nitrates et d'engrais chimiques, ou exiger que cet usage soit soumis à un contrôle draconien. Les ressources hydriques existantes ne permettent pas une agriculture de type industriel. Il faut donc appeler tous les gouvernements à légiférer pour la contrecarrer. Il faut également créer des programmes internationaux favorisant les cultures et l'élevage à petite échelle. Dans les pays méditerranéens et partout dans le monde, les pertes d'eau massives attribuables à de mauvaises méthodes d'irrigation pourraient être facilement et considérablement réduites. Il suffit d'avoir recours à des techniques nouvelles et plus efficaces, à une meilleure gestion et à des pratiques agricoles écologiques, dont l'irrigation au goutte-à-goutte et l'utilisation d'arroseurs permettent d'économiser l'eau. Les systèmes d'irrigation au goutte-à-goutte distribuent l'eau directement au pied ou à la racine de la plante, ce qui évite l'évaporation. Avec la méthode habituelle, 80 % de l'eau distribuée ruisselle et s'évapore. A l'heure actuelle, le système de goutte-à-goutte n'est employé que sur 1 % des terres irriguées de la planète.
Pour les centaines de milliers de fermiers et paysans pauvres autour de la Méditerranée (Sud et Moyen-Orient) l'irrigation au goutte-à-goutte et d'autres techniques conçues pour des petites exploitations représentent les seuls moyens d'assurer une distribution d'eau équitable et durable. De ce fait, on considère de plus en plus que la production agricole à petite échelle pratiquée par le cultivateur est un exemple à suivre en matière d'économie d'eau. Conjuguées aux méthodes d'irrigation plus écologiques, les solutions à la crise de l'eau doivent aussi se fonder sur un rejet beaucoup plus ferme des projets de grands barrages et de détournements de cours d'eau. Les rivières et les fleuves qui coulaient autrefois vers la mer doivent être libérés afin que leurs eaux puissent enrichir les bassins hydrographiques et offrir un habitat propice à la vie aquatique. Cette régénération prendra des années, mais la nature fera sa part si on met fin à la construction de barrages. La protection de la nature et le développement des sociétés humaines relèvent d'une démarche globale axée sur la coopération locale, régionale et internationale. Le respect de la nature doit devenir le principal objectif du mouvement mondial pour la préservation de l'eau. Enfin il est indispensable d'obéir à une loi fondamentale de la nature : le rythme d'extraction de l'eau provenant d'une nappe souterraine ne peut dépasser celui de son renouvellement naturel, sinon nos enfants connaîtront une pénurie totale d'eau. En matière d'eau douce, la loi de la nature est claire, l'extraction ne peut excéder le renouvellement.
– 2- Les droits fondamentaux :
L'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme par l'ONU a marqué un tournant décisif dans le long cheminement effectué par la communauté internationale pour défendre la primauté des droits de l'homme et du citoyen sur toute forme de tyrannie politique ou économique.
Pourtant, un demi-siècle plus tard, un bon milliard de personnes se voit encore refuser l'exercice d'un des droits fondamentaux garantis dans le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels : le droit de disposer de l'eau potable. Au cours des cinquante dernières années, les droits du capital privé se sont élargis de façon exponentielle, alors que les droits des pauvres n'ont cessé de régresser sur l'échiquier politique. Ce n'est pas par hasard que l'appauvrissement des ressources hydriques partout dans le monde s'est produit en même temps que la croissance du pouvoir des entreprises transnationales et d'un système financier mondial responsable de la dépossession des collectivités, des peuples autochtones et des petits fermiers. La sécurité hydrique et écologique de la planète et de l'humanité est totalement incompatible avec la vente de l'eau au plus offrant sur le marché libre. Si les citoyens perdent toute emprise sur ce précieux bien commun, ils ne pourront pas non plus instaurer les conditions propices à sa conservation et à son partage équitable.
Les mouvements populaires en faveur de la préservation de l'eau doivent absolument mettre l'accent sur l'instauration de droits fondamentaux sur l'eau pour tous. Cette ferme position exige qu'ils s'opposent avec vigueur à la privatisation des réserves mondiales d'eau douce. Les Etats doivent comprendre qu'il est de leur responsabilité de protéger les ressources hydriques et de fournir de l'eau à tous les citoyens, car il s'agit là d'un droit fondamental. Certes, il ne faut pas écarter la possibilité que les Etats facturent la consommation d'eau dans le but d'éviter le gaspillage. Mais cette pratique ne peut pas relever que d'un système public dont les recettes serviront non pas à enrichir les actionnaires et les PDG, mais à régénérer l'eau, à réparer les infrastructures et à construire des réseaux d'accès universel à l'eau.
En ce début du 21e siècle, l'eau est au cœur de l'avenir économique et de la stabilité des sociétés des pays de la rive sud de la Méditerranée. L'enjeu est de taille. La continuation de l'impasse meurtrière dans le conflit israélo-arabe due à la politique du gouvernement Israélien ; une politique de création de nouveaux faits accomplis (colonisation, expropriation des terres, mur de séparation, génocide de Gaza) rend un règlement des questions de l'eau plus difficile, même si à l'avenir un règlement du conflit s'avère probable. Mais ce qui est impératif, c'est d'avoir la volonté de compromis, la sagesse et la vision futuriste ; on a tout à gagner dans la coopération et on a tout à perdre ou bien à ne pas gagner assez en l'absence de coopération. L'idée de coopération régionale n'est plus un choix idéologique ou un luxe politique, c'est plutôt une nécessité stratégique de survie. Mais qui dit coopération régionale dans ce secteur, comme dans d'autres, dit aussi règlement global et juste du conflit israélo-arabe.
Cette crise de l'eau qui accable aujourd'hui les peuples du sud de la Méditerranée sera peut être à l'origine de la paix mondiale. Alors, grâce à ses efforts, l'homme reconnaîtra que les eaux sacrées de la vie sont le patrimoine commun de la terre et de toutes les espèces et que ce patrimoine doit être préservé pour les générations futures.


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