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Hamsi Boubekeur. Artiste-peintre : «La possibilité du vivre ensemble»
Publié dans El Watan le 08 - 05 - 2010

– Le Centre culturel algérien et la délégation générale Wallonie-Bruxelles à Paris organisent une exposition de vos œuvres durant un mois, s'agit-il d'une rétrospective ?
Pour une rétrospective, il faudrait un lieu plus spacieux en raison du grand nombre de mes œuvres. J'aime peindre et dessiner, et il ne se passe pas un jour sans que je ne manie le pinceau, la peinture et l'encre de Chine. Le travail quotidien offre une opportunité de varier les sujets et les styles. J'ai même créé des logos. Pour cette exposition, seront réunis en ce lieu symbolique, mon pays natal, l'Algérie, et mon pays d'adoption, la Belgique. Cette exhibition a pour objectif de nous rassembler et de vivre un moment ensemble dans le but de mieux nous connaître. Nous avons saisi cette opportunité pour projeter le documentaire Une empreinte de la vie, réalisé par Yves Gervais et Stéphanie Meyer. Un débat sera organisé à l'issue de la projection. Par ailleurs, deux catalogues ont été réalisés pour cette circonstance. Le premier, La terre est mon village, a été préfacé par l'écrivain Yasmina Khadra, directeur du CCA, et Jean-Pol Baras, le délégué des gouvernements de la communauté française de Belgique et de la Région wallonne, et le second catalogue Les mains de l'espoir, une expérience d'art dans le métro bruxellois Lemonnier, est préfacé par la ministre de la Culture belge, Fadila Laanan. Ces deux catalogues ont obtenu le soutien du ministère de la Communauté française de Belgique. Les textes sont écrits par Daniel Laroche.
– Une idée du contenu de l'exposition…
Durant cette exhibition, le public parisien (re)découvrira la diversité de ma création picturale et graphique. La plupart des œuvres sont récentes et inédites. Elles n'ont donc jamais été exposées. Il s'agit essentiellement d'acryliques sur toile relevées à l'encre de Chine représentant des scènes de vie quotidiennes dans les villages kabyles : Le grand souk, Une journée dans le village (triptyque), En pleine cueillette, La cuisine du jour (tableau quadripartite), Le grand repas, tableau inspiré du peintre flamand, Breughel ; Les femmes au jardin, Jour de fête (triptyque)… Le public découvrira des tableaux aux couleurs vives et lumineuses, des scènes où des femmes, parées de bijoux, vaquent à leurs occupations ; les foules, des images de la vie trépidante… Les spectateurs pourront également découvrir des images représentant des silhouettes de mains ornementées de symboles berbères, réalisées à la gouache et à l'encre de Chine sur papier. Ces images ont été créées à l'occasion de l'opération internationale Les Mains de l'espoir que j'ai menée, il y a quelques années, en faveur de la paix et du rapprochement des cultures. D'une manière générale, à travers mes créations, je cherche notamment à mettre en évidence la possibilité, voire la nécessité, de vivre ensemble et ce, dans le respect des différences. Ce qui me semble important, c'est de montrer ce qui unit les êtres humains, les rassemble et forme le socle de leur destinée commune.
– Votre art est comparé à de l'enluminure ancienne et/ ou à de la peinture naïve. Cette définition correspond-elle à votre style ?
Par définition, une enluminure est une image peinte à la main qui illustre un texte. Cette comparaison peut probablement être expliquée par le fait que mes peintures mettent en scène des aspects de la vie quotidienne de la Kabylie : les hommes et les femmes qui travaillent, les champs, les cueillettes d'olives, les fêtes, les peines. Elles décrivent également les maisons, la nature, les arbres, les plantes. C'est peut-être aussi à cause des variations de couleurs que j'utilise notamment des petits détails qui caractérisent mes peintures.
– Vos supports sont variés : toile, papier, bois, calebasses… Les matériaux utilisés également : peinture, encre de Chine, gouache… Comment les déterminez-vous ?
Cette tendance à la diversification des supports et des matériaux remonte à la période de mon enfance. Je me souviens que lorsque j'étais petit, à l'école, j'aimais beaucoup écrire à la plume. Dans le quartier où je vivais à Béjaïa, en face de notre maison, il y avait une menuiserie, et de temps en temps, je fabriquais de petits objets en bois. Et bien évidemment, il y a le souvenir de la calebasse que j'utilise depuis quelques années comme support pour peindre. Dans mon enfance, il m'arrivait de battre le lait dans ce récipient pour obtenir du petit-lait et du beurre. Je pense que je puise dans tous ces souvenirs au moment où je dois déterminer le choix des thèmes et notamment des matériaux.
– Les sujets de vos créations ont un lien étroit avec la terre natale. Le graphisme s'inspire de l'art pictural amazigh. Quel est le sens de cette inspiration qui puise dans la culture de vos racines ?
Pendant toutes ces années passées à l'étranger, je n'ai jamais pris de la distance à l'égard de mes racines et de mes origines. Vivant en Belgique, loin de ma famille, de ma culture et des Algériens en général, il y a des jours où je suis nostalgique. C'est durant ces moments de mélancolie liée à l'éloignement que mon esprit se projette vers le pays. Ce moment devient douloureux et triste, et pour vaincre ces sentiments de nostalgie et de solitude, je me mets à peindre. J'ai vécu des moments difficiles durant mon enfance, principalement à cause de la guerre. Mais je dois souligner que cette période de ma vie a également été riche en événements heureux et en joies immenses. Mes parents ont su m'inculquer des valeurs humaines qui m'ont aidé à surmonter bien des épreuves. Et ce sont précisemment ces principes qui m'aident à être en harmonie avec moi-même et me permettent de surmonter ma solitude qui devient un véritable puits de créativité.
– Quelle est la part de l'universalité dans votre création picturale ?
La dimension universelle est présente dans mon œuvre, notamment dans la façon dont celle-ci est présentée et racontée au public. Certains artistes se contentent de créer en pensant exclusivement au public algérien. Cette démarche ne favorise pas l'ouverture sur les cultures du monde. C'est dans la différence que l'on apprend à mieux se connaître et à découvrir la richesse des autres. Mon public est international, car j'ai veillé à ce qu'il le soit dès le début de ma trajectoire artistique. Je suis parfaitement en accord avec le poète libanais Khalil Djibran lorsqu'il affirme que «la terre est ma patrie et l'univers ma famille». Il est important d'aller vers les autres car de mon point de vue, c'est là que réside l'universalité.
– Vous vous êtes récemment lancé dans la création d'une nouvelle forme artistique qui se décline en bannières, réalisées sur papier et ornementées de motifs inspirés de l'art pictural berbère. Comment est née l'idée de ces Paroles tissées ?
J'ai toujours été émerveillé et fasciné par la beauté du graphisme de l'art berbère, les dessins et les symboles très élaborés que l'on retrouve dans les motifs des tapis et de la poterie. Poussé par la curiosité, je me suis lancé dans la recherche de documents pour affiner mes connaissances relatives à ce sujet. C'est ainsi que j'ai lu Peintures murales et pratiques magiques dans la tribu des Ouadhias de M. Devulder, ainsi que l'ouvrage de J. B. Moreau Les grands symboles méditerranéens dans la poterie algérienne. J'ai alors pensé qu'il serait intéressant d'exploiter ces motifs pour les reproduire sur du papier spécial, créant ainsi des bannières dont les formes ressemblent aux tapis tissés par les femmes. En réalisant ces bannières, j'endosse en quelque sorte le rôle d'un tisserand. Mon objectif est double. Il vise à sauver de l'oubli toute cette richesse graphique, d'une part, d'autre part, c'est également l'occasion de faire connaître cette culture millénaire et ancestrale à l'étranger.
– Des projets ? Des perspectives ?
A la demande du ministre des Monuments et sites, j'ai présenté un projet dans le cadre de la présidence belge à l'Union européenne. Cet événement est prévu pour le 5 juillet 2010. Dans le cadre de la transformation en œuvre d'art du «rond-point Schuman», axe principal du quartier européen, j'ai soumis un projet qui consiste à illustrer la diversité à Bruxelles au travers de quarante bannières Paroles tissées. Ces dernières seront reproduites sur support en toile de 4,20 m de hauteur sur 1,6 m de largeur et fixées sur mats. Par ailleurs, des bannières de 40 m de hauteur seront exposées sur les façades des bâtiments avoisinant le rond-point. Une exposition itinérante des bannières est également prévue ainsi que la réalisation d'un film de nature essentiellement biographique. Une partie du tournage aura lieu à Béjaïa, ma ville natale. Et, afin de mettre en perspective ma trajectoire artistique, je prévois la concrétisation d'un catalogue bilingue (anglais et français). D'autres projets sont en devenir…


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