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Entre l'«herma» et le besoin
Publié dans El Watan le 26 - 08 - 2010

Depuis la Seconde Guerre mondiale et en grande partie à cause de cette guerre, le monde a subi une évolution culturelle capitale.Les modèles sur lesquels reposaient la stabilité du monde et sa compréhension ont été mis à mal. Les grandes figures de l'autorité : l'église, temples, mosquées et autres lieux de culte, l'armée, l'Etat, la famille, l'école, etc., incapable de se ressaisir, ont été laminés.
L'idée de «société de communication» repose sur le fait que dans notre société les significations ne sont plus ni données ni imposées par ces institutions porteuses de traditions. La tradition, en tant que base culturelle permettant la compréhension du monde, s'est effondrée. Désormais, toutes les significations doivent être construites par et à travers la communication, c'est-à-dire à travers des échanges entre les différents acteurs de la société.
L'essor de cette société de communication est lié à l'évolution économique et culturelle du monde.1 A notre époque, une des grandes questions qui préoccupent tout le monde est de savoir comment les médias, les NTIC (Nouvelles technologies de l'information et de la communication) changent et vont changer notre univers et donc nos manières de faire, de penser et d'être. Le grand public fait spontanément une relation linéaire simple entre la cause, la multiplication des technologies de communication, leurs usages et les effets de ces pratiques nouvelles.
On se demande comment, par exemple, les nouvelles technologies de l'information et de la communication transforment et vont transformer l'accès aux informations (la presse électronique et le multimédia en ligne vont-ils détrôner les médias traditionnels ?) ; l'acquisition des savoirs (la formation à distance et l'apprentissage par ordinateur vont-ils révolutionner notre vie?).
La participation aux débats de la société ou de l'entreprise (les échanges d'idées sur les formes, la prise d'information sur les intrants, le vote électronique citoyen, vont-ils changer les modalités de participation des
individus ?) ; les modalités d'achat (les achats sur le net ou le commerce électronique, vont-ils révolutionner la production, la vente ?).
Bref, l'homme de la rue ne doute pas que les NTIC sont ou seront à la source des transformations fondamentales de notre monde et de notre être. Nous passons insensiblement d'un monde où prédominait l'isolement culturel à un autre où règne l'interculturel, d'une époque caractérisée par l'autonomie culturelle d'isolat traditionnel à une autre qui est celle de la généralisation des interrelations et des communications. Il faut donc déplacer le champ d'observation et d'analyse de la mondialisation économique à la mondialité culturelle. A l'ère de cette mondialité culturelle, toutes les sociétés, toutes les civilisations, autrefois isolats autonomes, sont en interaction permanente et de grande ampleur. Il existe désormais une unité morale de l'humanité moderne. Néanmoins, entre les deux pôles, sociétés extrêmement mondialisées et autres traditionnelles, il existe encore une troisième catégorie : les cultures régionales.
Ces dernières sont ancrées dans la quasi totalité des pays du monde. Nous avons, par exemple, la Catalogne, le Pays basque, etc. en Espagne, la culture bretonne ou corse en France, etc. La culture kabyle ou mozabite, en Algérie, etc. Dans certains pays, la notion de culture régionale est tellement déterminante que le pouvoir central est obligé de lui apporter un soutien fort afin d'éviter l'éclatement du pays au risque de tensions entre les différentes régions. A cet effet, les cultures régionales cherchent très souvent à coexister avec les cultures nationales universelles et à adhérer à la mondialité culturelle, mais avec des réserves considérables.
Avec la mondialisation de l'économie et de l'information, on a tendance à penser qu'il existe un risque d'homogénéisation des cultures (plus spécialement la domination de la culture américaine !). Au contraire, les régions se sentent de plus en plus très attachées à leur culture car c'est un moyen de s'affirmer et surtout de ne pas perdre le fil de leur histoire.
L'Algérie n'a pas échappé à ce phénomène de sauvegarde de culture régionale. Ceci est plus marquant dans la région de Kabylie et cela pour diverses raisons. Ainsi, la famille kabyle, s'inscrit dans ce genre de cultures régionales qui s'attache à ses origines et à ses concepts de terroirs. Mais cela ne l'empêche guère de chercher à connaître l'autre et à adhérer à un univers large. C'est dans ce contexte que nous allons essayer de mener notre recherche sur la région en question et plus précisément sur la famille kabyle. Nous allons donc essayer de comprendre les mécanismes de changement de cette famille d'une famille d'isolat, d'attachement extrême aux origines, à son passé et en même temps son attachement à un présent très ouvert aux autres cultures : ce mariage entre la tradition et la modernité! Ainsi peut-on dire que la Kabylie n'a tout simplement pas échappé à la logique anthropologique des rencontres civilisationnelles.
A ce propos, Paul Rasse disait qu'en «tant que science de l'altérité, l'anthropologie nous apprend que la différence fonde la communication, depuis les premières communautés, constituées en familles élargies, claniques, réunies par la division sexuelle des tâches, et liées aux autres par la prohibition de l'inceste. Les hommes ont cultivé la différence, la diversité des milieux les a aidés quand ils se sont sédentarisés, tandis que les frontières géopolitiques matérialisaient et maintenaient les clivages», avant d'ajouter que «et plus ils se différenciaient et plus ils étaient fascinés par l'autre, et plus ils s'efforçaient de nouer des relations avec lui, violentes ou pacifiques, libres ou assujetties», avant de finir avec un constat scientifique et à la fois sémantique en disant «c'est en rappelant cela que l'anthropologie de la communication peut nous aider à prendre du recul sur les mondes contemporains écrasés par la globalisation».

La mondialisation qui écrase … ! Comment la Kabylie vit ce nouveau «spectre» conceptuel ? Il est intéressant de bien souligner que malgré les changements observés dans la famille en question aujourd'hui, des traces d'une ère révolue sont toujours présentes. Des thèses partagées par de nombreux sociologues et spécialistes de la région. On note à cet égard l'équipement de la Kabylie en médias interactifs vers le milieu des années 80, le téléphone en particulier, rare au début de la dernière décennie, équipe actuellement quasiment tous les ménages. Aussi, on assiste désormais au développement considérable des nouvelles technologies de l'information et de la communication multiples (téléphones portables, micro ordinateurs, antennes paraboliques…) qui viennent équiper les entreprises, les administrations et surtout les familles. De façon très récente, et sous l'impulsion vigoureuse des collectivités locales, la région est presque totalement câblée et s'insère dans le réseau mondial. Ces nouvelles conditions de communication sont en rupture totale avec les pratiques traditionnelles. Dans la société kabyle, le lien social est géré par l'interconnaissance. L'engagement dans l'interaction y est complet, la spécification de tel ou tel rôle social étant peu habituel. Au sein d'une communauté de village ou «tout le monde se connaît», les interlocuteurs ont une connaissance mutuelle de leurs rôles sociaux qui s'imbriquent et restent souvent pertinents lors du contact.
Avec la mondialisation, nous changeons véritablement d'échelle et subissons l'impact massif du capitalisme triomphant dans notre vie quotidienne. Les auteurs américains définissent et nomment ce phénomène globalisation. Qu'il s'agisse de «mal-bouffe» ou de chaussettes chinoises pour reprendre quelques exemples phares, il est clair que le processus à l'œuvre met en cause les dimensions locales et nationales qui caractérisaient jusqu'à nous le fonctionnement des sociétés. Nous vivons en direct une transformation en profondeur de notre rapport au monde, une mise en tension des dimensions locales et nationales qui constituaient le cadre du fonctionnement des structures politiques et de la vie culturelle des groupes humains.
Le lien social moderne ou de la modernité se caractérise par les relations marquées par l'anonymat ; au delà du cercle restreint des intimes, les individus développent des interactions strictement limitées à leurs rôles sociaux.
Tout contrairement à la vie traditionnelle des uns et des autres, où le lien social est caractérisé par l'interconnaissance, l'interaction et l'atmosphère du village ; bref, une société tout simplement comme, disait Simon Laflamme, «formée d'une pluralité d'individus, de groupes, à certains égards différents, à d'autres semblables, entre lesquels des rapports ne peuvent pas ne pas être entretenus directement ou indirectement. A cause de ces déterminations et des caractères de sa composition, à cause de l'inévitabilité de la communication ou de l'échange – dans leurs sens les plus larges -, à cause des besqins et des motifs du politique, de l'étatique ou de l'idéologique, une société se donne immédiatement des règles par lesquelles elle peut subsister dans la diversité».
Ces liens se développent d'autant plus rapidement que les techniques de communication permettent et favorisent cette «stabilité de la distance». La généralisation des communications avec ses multiples moyens et nouvelles technologies a des effets importants sur la société locale, sur l'aménagement du territoire et l'espace urbain. On l'a déjà indiqué, la société kabyle a construit une grande partie de son identité sur la base territoriale du village, véritable espace social constitué par l'histoire, la parenté et l'interconnaissance. Dans tout ce combat où ce choc dimensionnel, au terme sociologique et anthropologique, la Kabylie se trouve et se retrouve confrontée à une situation de transition et de changement, un changement social dicté par la réalité et le besoin d'opter pour un choix ou un autre, à savoir décider de son avenir sociologique, social, politique et surtout civilisationnel.
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