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Malek Chebel : «Des ressources existent pour mener une transition démocratique»
Publié dans El Watan le 19 - 02 - 2011

-Dans les manifestations populaires en Tunisie, et particulièrement en Egypte, ou le 12 février dernier en Algérie ou dans d'autres pays arabes, il n'y a pas eu de slogan ou de mot d'ordre islamiste. Comment analysez-vous cela ? Les islamistes seraient-ils en perte de vitesse, ou serait-ce une simple stratégie de repli ?
Les islamistes n'étaient pas censés avoir un quelconque poids, ni en Algérie ni dans le reste du monde arabe, sauf que l'absence d'Etat de droit a fait qu'ils sont devenus peu à peu une réponse cohérente et logique à la désespérance de la population. Chaque fois que l'Etat de droit arrive à s'affirmer, grâce à ses règles, les islamistes sont refoulés à l'extérieur du champ politique. Chaque fois que la Constitution est respectée, les islamistes reculent par eux-mêmes, tandis que leur poids est automatiquement affaibli. Chaque fois que l'Etat de droit s'est imposé à la conscience collective et s'est montré opérant, l'islamisme est vidé de son contenu. En revanche, chaque fois qu'il y a déni de justice ou que la corruption est plus forte, l'islamisme se voit crédité d'une promesse illusoire, mais qui a du sens chez les gens. J'entends par islamisme la démagogie de quelques aventuriers qui ont réussi à polluer la politique en lui injectant des concepts religieux.
-Faut-il comprendre que la démocratie neutralise l'islamisme ?
Absolument. Si les islamistes veulent participer à un gouvernement démocratique, ouvert, il leur faut, avant d'y participer, s'engager individuellement à respecter scrupuleusement les règles de la démocratie, et même une fois au sein de la composition gouvernementale, ne pas transgresser cette même règle, celle du vivre-ensemble, qui doit être la ligne rouge à ne pas franchir. S'ils commencent à dire que le Coran est notre charte, ils reviennent à la case départ, prouveront leur insincérité et signeront en même temps la non-constitutionnalité de leur engagement politique.
-Vous dites cela de manière absolue, théorique ?
Je suis réaliste. Si vraiment les islamistes étaient puissants, s'ils étaient écoutés ou suivis par 90% de la population, on ne pourra rien faire contre, ils arriveront au pouvoir. Si, en revanche, c'est un artéfact, une bulle d'air ou un simulacre, nous ne devons pas les craindre dans l'immédiat. A moins qu'un incendiaire ayant décidé de pratiquer la politique de la terre brûlée leur donne de nouveau la possibilité de créer un parti politique, comme ce fut le cas il n'y a pas longtemps. Là, je crains le pire, et c'est peu dire. Je crois cependant que les Algériens – je m'en tiens à l'Algérie, si vous permettez – ont suffisamment dégusté à les écouter que l'inverse. Il faut un temps pour tout, un temps de l'erreur, un temps de la réflexion et un temps du dépassement.
-Justement, il fut un temps où ils étaient quand même arrivés aux portes du pouvoir…
C'est exact ! Et pourquoi étaient-ils arrivés jusque là ? Parce que quelqu'un les a adoubés. Faute d'Etat et de concertation, certaines personnes ont cru bon les investir de cette noble mission qui consiste à parler au nom d'un nombre plus ou moins conséquent de citoyens. De plus, on les a laissés parler au nom de Dieu, le Dieu de tous les musulmans. On les a laissés partir en croisade contre leurs propres concitoyens, jeter des anathèmes, inventer des fatwas et condamnant par avance tel ou tel. Or, dans l'Islam, c'est seulement le calife qui pouvait s'arroger ce droit régalien de parler non pas au nom de Dieu, mais seulement au nom du Prophète. Il n'y a pas encore de califat en Algérie à ce que je sache.
-L'islamisme constitue-t-il encore un danger pour notre pays, ou est-il derrière nous ?
Il y a toujours un danger quand il y a une carence démocratique ou un vide constitutionnel. C'est en construisant de manière sérieuse une politique pluraliste et moderne que nous freinerons l'islamisme. Or, la règle dans ce domaine est claire : les mêmes causes produisent les mêmes effets. Autrement dit, si les problèmes sur lesquels a proliféré l'islamisme politique ne sont pas réglés au plus vite, il continuera à sévir, voire à s'amplifier. Il faut que les sages parmi nous disent sans ambiguïté que nous désirons aller vers telle société et non vers telle autre, plutôt vers la démocratie que vers la théocratie. Ainsi, à tous les niveaux de la structure d'ensemble et dans chaque catégorie sociale, il faut privilégier l'élite positive républicaine aux prédicateurs, aux revanchards et aux idéologues. Quand Rached Ghannouchi en Tunisie ou les Frères musulmans en Egypte disent qu'ils ne présenteront pas de candidats aux élections présidentielles et qu'ils se contenteront de quelques sièges au Parlement, faut-il leur accorder crédit ?
C'est un trompe-l'œil et une tactique pour gagner du temps, en attendant d'organiser leur clientèle, de se structurer et de profiter d'un rapport de forces favorable pour surgir au cœur de la politique. Lorsqu'ils seront arrivés à ce stade, ils exprimeront des revendications nettement plus fermes et plus explicites. Dans un régime démocratique qui se respecte – et qui respecte la volonté du plus grand nombre – la religion doit être une affaire personnelle, une spiritualité, et non pas un programme gouvernemental. Attention, l'exemple turc est encore hors de portée pour l'instant, car les Turcs ont mis un siècle à le bâtir et leur armée, qui est républicaine, veille au respect strict de la laïcité, c'est-à-dire la séparation du religieux et du politique. Et lorsque ce principe a failli être écorné, un million de personnes sont descendues dans la rue à Istanbul pour le défendre.
Pour l'instant, la composante islamiste en Tunisie est parfaitement contrôlée par le gouvernement de transition. On verra plus tard si Rached Ghannouchi a vraiment un projet sérieux et surtout s'il a des cadres pour l'animer. Pour la Jordanie, le problème est en train d'être circonscrit. Le Yémen reste un pays tribal, qui fait plus de place à la négociation directe, parfois virile, plutôt qu'à un islamisme transnational qui a bien sûr séduit une petite minorité, qui est d'ailleurs régulièrement pilonnée par les sbires du système. En ce qui concerne l'Algérie, on n'échappera pas à une période de définition des thèmes et des territoires de chaque force en présence : quelle démocratie voulons-nous ? Quelle Constitution ? Quelle place pour les jeunes, pour les femmes, pour les diplômés ? Peut-être aurons-nous aussi un débat quant à l'identité réelle du pays, son obédience religieuse, ses régions, ses langues, ses composantes sociales, etc ? Enfin, l'édifice politique lui-même doit nécessairement traduire les souhaits de la population et non plus se cantonner à faire l'apologie du passé, forcément glorifié, en niant de manière aussi schizoïde ce qui va mal aujourd'hui. En politique, l'autisme est un péché mortel.
-Commentgarantir le respect de ces règles ? Qui en serait le garant ?
Par la force du droit. Ce qui signifie que les constitutionnalistes algériens doivent se mettre au travail. Cela suppose aussi qu'une partie de l'armée, la partie républicaine, se charge des affaires urgentes en attendant la construction d'un Etat de droit digne de ce nom, une Constitution qui ne laisse plus aucune possibilité à des personnes de la triturer sans vergogne. Ce n'est pas encore le cas !
Du reste, une telle transition démocratique exige une ouverture nettement plus ample et plus souple. Tous les Algériens sincères, aimant leur pays et se sentant tout à la fois nationalistes et républicains doivent participer à cet édifice. Ils émaneront de tous les corps sociaux, ils représenteront toutes les strates de la société civile. Car il y a dans notre pays des ressources qualifiées dans tous les domaines, y compris politique, capables de mener une transition douce, démocratique et respectueuse des droits de l'homme, sans aller chercher nulle part ni officines intéressées, ni conseillers, ni démagogues, ni faiseurs de magie.
-Est-ce que cela suffit pour changer le système en place en Algérie depuis cinquante ans et qui est rejeté par les Algériens ?
Il faut distinguer le bon grain de l'ivraie. Il y a des gens sincères en Algérie, y compris parmi les militaires, il faut les écouter un peu plus, un peu mieux. Au demeurant, l'institution militaire elle-même devrait faire le tri en son sein et mettre le holà à tous les dépassements prouvés de la loi : enrichissements illicites, prises de participations illégales, népotisme, incitation au régionalisme, assassinats, etc. Qui a assassiné Boudiaf ? Qui a assassiné Tounsi ? Sans compter les responsabilités gravissimes de la décennie noire. Tous ceux qui ont les mains sales doivent être écartés par leurs pairs. Car en faisant du tort à l'armée, ils fragilisent l'Algérie dans son ensemble. En même temps, et ce n'est pas contradictoire, les responsables militaires qui croient sincèrement aux principes républicains doivent manifester et défendre cet idéal. Ils auront toute l'Algérie derrière eux. Et oui, les hommes honnêtes, les militaires honnêtes, les députés honnêtes qui ont fait du bon travail au service de la Nation – ils existent –, il faut au contraire les valoriser et les protéger. Je pense que nous sommes la génération qui essaie d'aider nos aînés à se parler, ils ne se parlent plus qu'avec la kalachnikov.
Le paradoxe, c'est que nous risquons de passer notre vie tout entière, de la naissance à la tombe, sans être consultés, sans donner notre avis sur notre propre pays, sous prétexte qu'il y a un système obscur et affligeant qui a muselé le citoyen. Il faut se révolter contre cet état de fait, s'indigner.
-Nos aînés, comme vous le dites, ne doivent-ils pas passer la main, ce sont quasiment les mêmes qui sont aux commandes depuis des décennies ? Ne réalisent-ils pas l'écart générationnel et le divorce entre eux et le peuple, majoritairement jeune ?
C'est ce que je dis. Il faut considérer que chaque responsable d'institution élective à quelque niveau que ce soit peut faire deux mandats, pas plus et, dans tous les cas de figure, toute personnalité qui est là depuis cinquante ans – c'est beaucoup trop ! – doit se retirer d'elle-même ou par la loi. Oui, je comprends que cela irrite, mais nous y sommes déjà. L'année prochaine, en 2012, certains présidents d'assemblée, certains chefs de parti, certains hauts fonctionnaires, certains responsables dans l'armée ou dans l'administration auront cinquante années de carrière.
C'est à peine croyable ! Dans d'autres pays, ils ne resteraient pas la moitié avant de partir à la retraite, contraints et forcés. Ceci étant, à moins d'une démission collective de tous ceux qui sont au pouvoir depuis 62, je ne vois pas comment ils peuvent dégager sans l'affirmation d'une règle de droit, étant donné que le droit a été fait par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Or, il n'y a pas plus juste et plus tolérant que la règle de droit. Peut-être faut-il inventer une nouvelle règle qui invaliderait la précédente, mais qui pourra le faire ? Qui a la légitimité nécessaire pour cela ? Le serpent se mord la queue…
-Que pensez-vous de la nature de l'exaspération des jeunes ?
En politique, on voit bien que les jeunes Algériens sont autant affligés, voire plus, par la gabegie de ceux qui les gouvernent, au même titre que les jeunes du reste du monde arabe… Pourquoi les jeunes qui manifestent ou qui se manifestent sur les réseaux sociaux ne se font-ils pas entendre par les instances étatiques ? D'ailleurs, pourquoi ne sont-ils pas députés ou ministres ? C'est quoi un ministère de la Culture qui ne tient pas compte de la culture des jeunes, la première force du pays ? Il y a d'évidence un divorce entre l'équipe gouvernante, faite de technocrates vieillissants ou de rentiers, et pour beaucoup en déphasage complet avec le siècle, et le peuple pour lequel ils décident sans même rendre quelques comptes. Sans compter tel ou tel wali féodal, trop vite enrichi, trop vite rejeté, tel autre favorisant sa clique, etc. Pour retrouver de la crédibilité, il faut rapidement lancer de larges consultations pour savoir dans quels secteurs de la jeunesse il faut investir les millions de dinars qui vont à des festivals pompeux et aussi anachroniques que les personnes qui les organisent, pour ne rien dire de ceux et celles qui en profitent grassement depuis des décennies. Une nation qui n'investit pas suffisamment dans l'éducation de ses jeunes, dans leur formation, dans leur promotion est vouée à disparaître. Pareil pour la corruption, le fléau numéro 1 de l'Algérie.
Il faudrait que les contrats majeurs, nationaux et internationaux, soumis à appel d'offres, soient contrôlés et décidés devant les caméras des télévisions, y compris les futures télévisions privées, par une ou plusieurs commissions pluralistes et compétentes. Il faut en même temps exiger des compagnies étrangères de signer une charte de non-rétrocession de quelque centime que ce soit aux gens qui leur ramènent les marchés, sous peine de voir invalidée leur offre et cela de manière rétroactive. Pour que l'Algérie puisse sortir de son marasme actuel, il faut lourdement criminaliser la corruption de façon à la rendre quasiment impossible ou très marginale. Il y a urgence. Car, ou le régime se réveille rapidement, se mobilise et considère que l'Algérie va dans le mur – en Egypte l'armée est en train de procéder à des corrections vitales – ou alors le mouvement est trop rapide, la gangrène trop avancée, et c'est le réveil brutal du peuple. Car les peuples auront toujours le dessus sur leurs tyrans, c'est une règle.
-Comment appréciez-vous ce mouvement citoyen qui prend forme en Algérie pour exiger le changement et la démocratie ?
C'est un mouvement pacifique qui, apparemment, ne vise ni les biens proprement acquis ni les personnes, mais qui vise à transformer le système de l'intérieur. J'aimerais ici faire une remarque nécessaire : il ne faut pas que nous ayons à payer le prix lourd, comme il y a dix ans, notamment en termes de blessés, de tués ou de disparus. Le peuple algérien est un grand peuple, il supporte l'insupportable tant qu'il sent que l'intérêt national est en jeu, mais quand il se réveille, ce n'est plus un peuple conscient qui se contrôle, c'est une foule immense et compacte.Depuis vingt-cinq siècles, le peuple algérien a toujours eu raison des profiteurs. Il y a des solutions extrêmes que j'ai entendues en Algérie-même et qui font froid dans le dos : bloquer la Sonatrach par une grève de 15 jours et le système tombera de lui-même comme un fruit mûr. Ce mouvement peut paraître «romantique» à ceux qui le suggèrent, mais on ne connaît pas les dégâts à venir, y compris la mise sous tutelle économique de la part des créanciers et ceux qui s'estimeront lésés au regard des contrats déjà signés.Toutefois, dans sa sagesse, le peuple dit déjà : «Y a-t-il plus grand dégât que de constater que l'argent du pétrole est devenu notre plus grand calvaire, alors même qu'il devait faire de notre Algérie une Babylone des temps
modernes !»
En quoi l'Algérie se distinguerait-elle de l'Egypte et de la Tunisie, si distinction il y a ?
L'Algérie est exactement dans le même cas que la Tunisie, l'Egypte, le Yémen, la Jordanie et tout pays qui souffre sous le poids d'un système oppressif qui ne laisse aucune chance ni aucune voie à la contestation légale. Le cas de l'Egypte, avec sa double composante religieuse, musulmane et copte, est tout aussi complexe que l'Algérie.
A cela, il faut ajouter la proximité d'Israël, un parrain américain devenu trop regardant, des clientèles en nombre, du népotisme en veux-tu en voilà, et les Frères musulmans qui, bientôt, fêteront leur premier siècle d'existence. Mais quand le peuple l'a voulu, Moubarak tout puissant a dû partir. Fini la présidence à vie, fini le Pharaon, exit son fils, fini le prestige du Raïs, fini le doux rêve d'être le garant de la sécurité de l'Occident, fini les milliards de dollars amassés et gardés à l'étranger. Le peuple l'a voulu, le peuple l'a eu. Pour l'instant, en tout cas, car le nombre de révolutions avortées est inouï. Il faut donc que nous procédions à une autocritique sérieuse et mature, responsable.
Il faut oublier le temps de notre gloire passée, ne plus croire du tout que nous soyons exceptionnels, même si nous l'avons été dans d'autres circonstances. Un peuple voisin que l'on regardait de haut s'est révélé plus fort que nous.
Le jour où nous serons sortis d'affaire collectivement, on sera un grand peuple. Pour l'instant, les sans-voix et les sans-grade souffrent terriblement d'un système opaque, drapé dans son mutisme et fâché avec le peuple qui lui a donné naissance.
-D'ailleurs, qui écoute maintenant l'Algérie à l'extérieur ? Quelle est la position de l'Algérie sur tel ou tel grand sujet d'envergure ? Où sont les universitaires formés en Algérie, les médecins qualifiés, les managers futés, les ingénieurs de pointe, et d'autres encore, informaticiens, biologistes, pilotes ou artistes ?
Et pourquoi les jeunes veulent-ils risquer leur vie en traversant une mer déchaînée, si l'Algérie était un paradis ? La seule différence que je vois, c'est que ce pays repose sur une richesse incroyable que des maquignons siphonnent sans retenue et à leur seul avantage. Il y a quand même une justice: les banques suisses ne sont plus aussi sûres que par le passé.
A moins de faire comme Leïla, – ah, le syndrome de Leïla Trabelsi ! – embarquer dans l'avion de son dernier départ une tonne et demi de lingots d'or…


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