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«Je ne suis pas pétri de la peur»
Publié dans El Watan le 17 - 06 - 2011

La transformation est un thème récurrent dans votre travail créatif. Pourquoi ?
C'est une donnée majeure dans toute œuvre. Elle permet à une œuvre d'avoir une dynamique et un développement vers quelque chose de vivant. Ce n'est pas sclérosé. C'est aussi valable pour un être qui se développe au quotidien, pendant des années, que pour une civilisation séculaire. Ce n'est pas inerte. Le principe de transformation est l'expression de quelque chose qui a vécu et qui est la promesse d'une vie perpétuelle comme une chrysalide qui traverse différentes étapes. Pour moi, la notion de transformation est fondamentale dans mon travail. Un écrivain disait : «Je ne termine pas un livre, je l'abandonne.» On ne sait pas à quel moment, c'est terminé. C'est pareil pour une sculpture. Je dois décider d'arrêter en même temps ce n'est pas terminé. La sculpture est aboutie et pas aboutie à la fois. C'est un moment, une photo de ce que nous avons sous les yeux un moment donné. Cela peut évoluer.

Il y a beaucoup de visages dans vos œuvres. Pourquoi ?
Des visages qui sont souvent à la fenêtre ou à la porte. Ils sont dehors et dedans. C'est avant et après, un moment fugace où les choses s'équilibrent entre l'extérieur et l'intérieur. Ces visages sont imbriqués dans des éléments d'architecture…

Ils sont coincés…
C'est un regard que je peux comprendre. Mais ce n'est pas comme cela que je vois les choses. C'est un regard tourné vers l'extérieur. Il y a des sculptures qui s'appellent «Demeure». A moment donné, l'humanité avait besoin de l'extérieur pour se régénérer à l'intérieur. Les premiers hommes avaient habité dans les cavernes. Dans l'architecture arabe, qui est une architecture méditerranéenne ou romaine, il y a le patio, wast eddar. Pour pouvoir passer à l'extérieur dans les meilleures conditions qu'il soit, il fallait s'accorder des laps de temps de se régénérer à l'intérieur. Le regard de la personne qui est à sa fenêtre est un moment furtif où tout est possible.

Il y a toujours un regard inquiet dans vos sculptures, il n'y pas de sourire…
Il y a des regards intérieurs, mi-clos. Le regard écarquillé est tourné vers l'extérieur. C'est ce va-et-vient qui correspond à une dynamique qui n'est pas ludique. Ce n'est pas prompt à l'amusement. Il y a une certaine gravité. Là, par exemple, le visage est serein. Il contemple le monde, pétri par la vie et l'humanité. Je ne reproduis pas tout dans ces œuvres exposées. Il y a une cohérence qui correspond à un fil conducteur dans toutes mes sculptures : d'une œuvre à une autre, il y a un noyau dur, propre à chacune, mais que l'on retrouve en continu dans l'ensemble. C'est une œuvre en développement. Vous avez parlé de transformation et le noyau dur persiste d'une pièce à l'autre. Il n'est pas propre à l'inquiétude. Cela ne m'habite pas. Au contraire. Par contre, il y a des interrogations. Celles-ci ne sont-elles pas légitimes ? Je ne suis pas pétri de la peur. Ce n'est pas une démarche intellectuelle que je transpose dans mon travail, mais cela va de pair. Il existe des cycles rassurants et inquiétants dans l'histoire de la vie. Le passé m'intéresse, surtout les civilisations solaires de la Méditerranée. Il y a eu de belles pages de ces civilisations. Aujourd'hui, il suffit de suivre l'actualité ou de se mettre à la fenêtre pour s'interroger – ce n'est pas illégitime de le faire – sur le devenir de l'humanité

Avoir votre sculpture «L'état du monde», il y a de quoi s'inquiéter…
Pas forcément, car c'est quelque chose d'organique. Une manière pour moi d'équilibrer. C'est une construction surplombée par un hémisphère avec deux visages et des êtres en bas. C'est un groupe que j'appelle l'exode. C'est un groupe humain prêt à affronter le danger. C'est ma grille de lecture. Figurez-vous que quand je fais de la sculpture, je ne pense pas à tout cela. Ce qui m'intéresse est l'équilibre des formes et des couleurs…Le geste créatif est une fenêtre ouverte sur l'inconscient. On ne va pas faire comme si ça n'existait pas. L'univers dans lequel nous vivons aujourd'hui ne permet pas d'être follement euphorique. Cela dit, je ne suis pas pessimiste. Je suis convaincu que la nature a toujours raison. C'est l'instinct de vie qui va prédominer. Je ne suis pas un militant écologiste. Les anciens ne souillaient pas l'endroit où ils mangeaient. Pourtant personne ne leur a appris l'écologie. Par le passé, on ne salissait pas l'oued où l'on buvait. Aujourd'hui, allez voir l'état dans lequel se trouvent les oueds. Plus les gens deviennent riches et puissants, plus ils régressent sur le plan de la spiritualité intérieure. Ce n'est pas une spiritualité dans le sens dogmatique, mais c'est l'attachement aux valeurs qui fait que parfois la civilisation est flamboyante. Quand il y a une rupture, c'est la pire des choses qui surviennent, c'est-à-dire la prédation et la sauvagerie. Certaines civilisations, sous couvert de certaines valeurs et éthiques, ont été à l'origine des pires atrocités.

Vous êtes très attachés aux couleurs naturelles, vert, brun, bronze, marron…
Oui. A tout ce qui est terre, l'ocre. L'argile a été à l'origine du monde. C'est la source du commencement. C'est de la terre que tout jaillit. Dans les civilisations traditionnelles, on fait des cataplasmes d'argile pour guérir les rhumatismes et les fractures. C'est une manière de renouer avec les choses ancestrales. C'est de là que vient le vivant. Il suffit d'un peu d'eau et d'un peu d'énergie, la vie germe !

On trouve aussi les traces des civilisations méditerranéennes dans vos travaux…
Nous avons cet immense privilège d'être issu du bassin méditerranéen. Les grandes cultures, les grandes religions, les grandes innovations, la maîtrise de l'eau, de l'agriculture et du jardin, l'astronomie, l'architecture, tout cela était en Méditerranée et au Moyen-Orient. A Pompéi, qui était un mouchoir de poche géographiquement, il y avait tout : la culture égyptienne, mésopotamienne, étrusque, grecque, romaine, turque… C'est fabuleux. Le regroupement de toutes ces cultures dans le temps et dans l'espace a donné un résultat miraculeux, la peinture, les fresques murales, etc. La renaissance européenne a puisé dans tout, sans compter ce qu'elle a récupéré du retour des Croisades. A Naples, où il y a un extraordinaire musée archéologique et où j'ai vécu, on ne se sent pas étranger lorsqu'on est issu de culture méditerranéenne.

Dans vos sculptures, il y a des clins d'œil à la royauté. Pourquoi ?

Je ne suis pas un nostalgique des féodalités. C'est un clin d'œil pour établir un parallèle entre les choses organiques de la vie. Dans la communauté des abeilles, il y a la reine, le fécondeur, les ouvrières, les guerriers, les sentinelles… Une organisation sociale d'une efficacité redoutable, il y a une équitable répartition des tâches, des espaces, de la température ambiante… Loin de tout ésotérisme, on peut quand même s'en étonner et s'interroger. Le roi, la reine, le guerrier et la sentinelle, c'est une transposition de l'ordre animal à l'humain. Finalement, on est aussi éloignés que cela. Notre cerveau reptilien, qui est un reliquat de précédentes vies, est l'aboutissement de millions d'années. Il y a comme cela une grille de lecture qu'il ne faut pas perdre de vue malgré les progrès sociaux, ou régressions parfois… L'Occident, avec toute sa puissance brutale, est dans une phase de décadence et de dégénérescence. Il y a des soubresauts liés à son agonie : trouver de nouveaux marchés et nouveaux espaces. C'est une fuite en avant. Ils se sentent condamnés déjà par une concurrence interne avec un système de pensée, un système économique qui a failli…

Vous passez de la résine au bronze, pourquoi ?
La résine a été mon matériau de départ. Il est facile à utiliser, peu coûteux, mais extrêmement toxique. A un moment donné, j'avais un dégoût pour ce matériau. Je suis passé à la terre cuite. Mon travail a connu un certain renouveau avec cette matière. C'est devenu plus équilibre. Dans une continuation logique, je suis passé au bronze. Dans le minéral, il y a du fer. J'étais dans une fonderie, près de Naples, et j'ai rencontré un sculpteur italien qui m'avait dit : «La terre cuite c'est la naissance, et le bronze c'est la renaissance.»


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