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Les retraités n'en finissent pas de broyer du noir
Publié dans El Watan le 08 - 11 - 2011

En ce jeudi ensoleillé, les vieux commencent à arriver dans un jardin de la capitale. Chaque après-midi, ils se donnent rendez-vous dans ce lieu pour discuter, palabrer et surtout jouer d'interminables parties de dominos. Histoire de tuer le temps. Mais avant d'entamer leur passion favorite, ces personnes du troisième âge font la «revue de presse» de l'actualité nationale et internationale. Tout est passé au crible. Ils pourraient aisément rivaliser avec les plus talentueux commentateurs en raison de la pertinence de leurs analyses.
Mais les sujets qui leur tiennent à cœur et dominent les débats sont incontestablement la sortie présidentielle pour l'inauguration du métro d'Alger et l'approche de l'Aïd El Adha et son sempiternel problème de dépenses.
En effet, l'inauguration par le président de la République du métro d'Alger, lundi dernier, a pris l'allure d'un événement national. La presse en a fait ses choux gras. Et les images de cette inauguration se sont taillé la part du lion dans les journaux télévisés de l'Unique, reléguant ainsi au second plan tous les problèmes et soucis quotidiens des Algériens, notamment les retraités, cette frange la plus fragile de la société. «Je me fiche royalement que le métro d'Alger soit inauguré par Bouteflika», lâche un vieux retraité de la SNTF. «Ça ne règlera pas nos ennuis quotidiens. Nous avons du mal à joindre les deux bouts. Vous êtes journaliste. Faites un saut dans n'importe quel marché de la capitale. Il y a de quoi avoir la migraine. Les prix sont hors de portée», ajoute-t-il. Comment faire face à la flambée des prix de large consommation et gérer la fête de l'Aïd El Adha avec des retraites dérisoires qui ne dépassent pas pour la plupart les 20 000 DA ? Un sérieux dilemme. Pour les retraités, c'est la quadrature du cercle. Ils sont dans une précarité extrême.
Esprit critique
En dépit de cette situation tragique, ils arborent des sourires dignes de circonstance. En guise d'exutoire, ils se racontent des blagues, ils se chamaillent, ils plaisantent, à tel point qu'on les prendrait pour des bambins en récréation. Mais ils gardent cependant toute leur lucidité et l'esprit critique quand on les titille sur les sujets d'actualité. «Les vrais martyrs doivent se retourner dans leurs tombes en voyant qu'après 50 années d'indépendance on se gargarise et on se bouscule pour inaugurer un métro d'une longueur de 9,5 km. Quelle honte pour nous ! Nous serons la risée du monde entier, surtout quand tout sera mis en valeur à la télévision nationale», clame encore ce retraité de la SNTF. A vrai dire, le jardin public, ce lieu de rencontre de ces vieux Algérois, n'a de signification que le nom. Pas de fleurs, pas de verdure ni de jet d'eau. Juste un espace de quelques sièges en béton moches et des tables de fortune sur lesquelles les dominos claquent pour annoncer que la partie est serrée entre les joueurs. Mais rien n'indique que nous sommes dans un jardin public digne de ce nom. Des ordures jonchent le sol et une odeur pestilentielle envahit les lieux ; des chiens errants viennent s'ajouter à ce décor insalubre, comme pour souligner la déchéance de cette frange de la population à qui on n'accorde aucune importance et qui n'a pas voix au chapitre.
«A notre âge, on urine sur les murs, comme de vulgaires voyous, faute de toilettes dans ce jardin», tonne un retraité à l'allure imposante.
Honneur perdu
Certains estiment qu'ils ont même perdu le respect de leurs enfants, qui les accusent d'être la source de leur triste situation. Le fils de l'un d'eux est allé même jusqu'à reprocher à son père de l'avoir mis au monde pour le laisser ensuite galérer. A la pension dérisoire qu'ils perçoivent s'ajoute la promiscuité : des logements où s'entassent 10 à 12 personnes dans un trois-pièces. «La nuit pour aller aux toilettes, il faut enjamber un corps humain pour arriver à destination !», se plaint ce même retraité. «Vous pouvez écrire des kilomètres de phrases et des millions de reportages sur nous, cela n'y changera rien. Le pouvoir de Bouteflika et d'Ouyahia est insensible aux souffrances du peuple. On est allé jusqu'à expulser des retraités de leurs logements, sans que ces derniers n'aient de coin où aller. Eux qui se sont sacrifiés et ont tout donné pour le pays et formé des générations… Maintenant on les récompense en les transformant en SDF», affirme, fataliste, Chabane K., retraité de l'éducation nationale. Ce dernier indique que lui-même a été victime d'une expulsion. S'il ne passe pas ses nuits dehors, c'est grâce à la générosité de sa sœur qui a accepté de l'héberger dans sa villa, une fois qu'elle a pris connaissance de sa misérable situation.
En effet, des retraités de Sonelgaz ainsi que ceux de l'éducation, qui occupaient des logements de fonction, reçoivent, ces derniers mois, des lettres d'expulsion. Ces retraités ont exprimé leur colère en organisant, à Alger, des rassemblements de protestation pour pousser les pouvoirs publics à surseoir à leur décision d'expulsion. Lors d'un rassemblement organisé le 30 octobre par les retraités de l'éducation au siège de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd a failli être lynché par les protestataires, échaudés par l'immobilisme et l'inertie de la centrale syndicale face au calvaire qu'ils vivent au quotidien, depuis que cette épée de Damoclès est suspendue au dessus de leur tête.
«Nous vivons comme des mendiants»
«Nous vivons comme des mendiants. Avec cette inflation, on est obligés de contracter un crédit auprès du commerçant du quartier ou d'emprunter de l'argent pour survivre. Pourtant, on a droit à notre part du gâteau. On se demande à juste titre où va l'argent du pétrole», s'interroge Da Belgacem, retraité de Sonatrach et ancien militant de la Fédération de France. Ce dernier indique qu'après sa retraite, pensant qu'il allait enfin se reposer, il a dû reprendre un autre travail chez le privé pour assurer le financement des études de son fils inscrit en première année de médecine. Sinon, il lui était impossible de le faire avec sa modeste pension et subvenir en même temps aux besoins de sa famille.
Plus de 546 000 retraités touchent moins de 15 000 DA. Cette pension de misère permet, selon les retraités que nous avons pu interroger, de se nourrir uniquement de pain et de lait et à peine de s'acquitter des factures d'électricité et d'eau. Une vraie misère ! «Vous parlez de dessert, c'est devenu un luxe que je ne peux pas me permettre. J'en achète rarement. Quant à la viande, on la consomme sur prescription médicale. Uniquement sur ordonnance !», se désole-t-il.
«Nous avons pris en charge le pays au lendemain de l'indépendance, après le départ des coopérants français, qui ont tout abandonné et tout laissé en jachère. Nous avons relevé le défi. Aujourd'hui que nos cheveux ont blanchi, notre labeur nous a été confisqué sur l'autel de l'incompétence et de l'impéritie de nos gouvernants», tempête Ahmed C., ancien cadre à la CNAS. Le mouton de l'Aïd ? «On en parle juste pour discuter. Personnellement, c'est mon fils qui m'a donné de l'argent, par respect envers moi, pour acheter un mouton afin de passer l'Aïd ensemble. Sinon, il me serait impossible d'accomplir le rituel du sacrifice», explique Ali R., retraité de l'inspection du travail. Et dire que l'Algérie dort sur un confortable matelas de milliards d'euros !


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