Né d'une mère française et d'un père algérien, il fit ses premiers pas dans la musique contemporaine en chantant les mélodies d'alors. Encore enfant, il a suivi ses parents qui sont partis s'installer à Paris. Là, il découvrit la musique contemporaine, joua de la guitare et chantait merveilleusement bien. En 1964, il remporte le titre du «Talent prestigieux» lors d'un radio crochet organisée par Radio Monte-Carlo. Il semblait bien être parti pour se frayer une place parmi les stars de la chanson occidentale. Durant son long et pénible cursus universitaire, il chantait sa chanson fétiche intitulée Do you love me dans le seul but de glaner quelques pièces et financer ses études auxquelles il tenait tant. Confronté, cependant, en cette période à une recrudescence de la xénophobie entretenue par certains responsables artistiques de l'époque, il a dû opter pour un pseudo. Il s'appellera désormais Sharif Dean. Aussitôt, il obtient beaucoup de contrats dans un certain nombre de clubs allemands. Dans l'intervalle, il a étudié à Bruxelles, où en 1971 il obtient un diplôme en philosophie et en littérature. Puis, il décide de se consacrer entièrement à sa carrière de chanteur. Il avait tout pour réussir une belle carrière : le talent, la passion et une «belle gueule». Le producteur belge, Jean Huygmans, promet de le produire et prendre son premier single en 1972 Mary-Ann, mais il ne le fera pas. En 1973, il réussit enfin. Pour sa chanson Do you love me, il reçut le soutien vocal d'un Haese Eveline, un chanteur belge qui était très connu pour travailler en studio, y compris pour Luc Hensill. La charmante voix qui l'accompagnait n'était autre que celle de cette hôtesse de l'air belge et qui s'appelait Stella Maessen, elle constitua un peu plus tard son groupe Dream Express, avec ses sœurs et représenta son pays, la Belgique, en 1977, à l'Eurovision. Signalons que quand elle enregistra avec Dean, elle n'avait que 19 ans. Le tube est resté pendant une année à la tête du hit-parade belge. Do you love me est le premier album qui s'est classé numéro un dans un rapport annuel néerlandais. Zerhouni Mohamed-Chakib et Hanitet Mokhtar, tous deux musiciens compositeurs de Sidi Bel Abbès, l'ont rencontré à Oran. Il chantait et créait une atmosphère de nostalgie pour les soixante-huitards au «Mélomane». Ils nous ont apporté cet émouvant témoignage qui, peut-être, suscitera le réveil de certaines consciences : «Sharif Dean, qui n'avait rien vu venir, découvrait trop tard qu'à la place des roulettes qui faisaient glisser aisément sa carrière vers les sommets, il existe aujourd'hui des boulons.» «Car, aujourd'hui, le jeune homme que nous avions connu, cette star de jadis, a mûri ; il est devenu vieillard et la maladie lui a amputé un pied», ajoutent-ils. Atteint de ce fléau qu'est le diabète, notre chanteur pleure, non pas pour le mal qui l'a atteint, mais pour l'indifférence qu'il subit, c'était comme s'il n'avait jamais existé. «Lui, comme tant d'autres qui ont fait danser, chanter des foules de jeunes, s'éteint sans que personne ne lève le petit doigt. Lui, comme beaucoup d'autres qui ont procuré tant de bonheur avec le style, le charme et l'endurance des grands groupes, que le showbiz voulait ou ne voulait pas en raison de leur origine.» Bon nombre de ses amis espèrent réunir les groupes musicaux qui connaissent cette ex-star, aujourd'hui gravement malade, pour organiser des concerts en sa faveur.
