C'est le message d'erreur auquel sont confrontés les millions d'internautes chinois lorsqu'ils essaient de se connecter à Facebook depuis le 5 juillet, date des premières émeutes aux Xinjiang qui ont opposé la minorité ouïghour à la majorité Han. Pékin : De notre envoyée spéciale Selon les autorités chinoises, les organisations ouïghours en exil et notamment Rebiya Kadeer auraient posté sur Internet (via Twitter, Facebook, etc.) des mots d'ordre appelant à la manifestation. Les autorités chinoises, qui s'étaient déjà illustrées par le passé par leurs capacités à filtrer les communications : wikipédia, blogs, sites taïwanais, projet « Digue Verte » (software permettant de tenir à jour une liste de sites interdits, pornographiques ou dissidents qui devait être intégré à chaque ordinateur neuf à partir du 01/07 – projet qui avait finalement été abandonné face au tôlé mondial), ont durci leurs contrôles et supprimé les accès à tous les proxys libres d'accès sur Internet à l'approche du 1er octobre. Les étrangers et autres cyberdissidents chinois qui avaient recours à ces logiciels de contournement se sont retrouvés face à la « page blanche », impossible de se connecter, même par les moyens les plus sophistiqués utilisés par les journalistes étrangers en Chine. Cette initiative est bien entendu à associer au 60e anniversaire de la RP Chine , et au besoin de réaliser des progrès dans la réalisation de la « société spirituelle socialiste » (精神文明建设 jingshen wenming jianshe), chère au chef de l'Etat. Notons cependant que Xiaonei, la copie chinoise de Facebook (même design, même charte graphique, même interfaces) est toujours accessible, car contrôlée par les organes du Parti. A chaque évènement majeur (passage de la flamme olympique, JO, 60e anniversaire), la Chine renforce ses contrôles et dispositifs de sécurité. Ces nouvelles règles (restrictions sur les visas des étrangers, chasse aux mendiants, contrôle des médias..) qui sont censées n'être que temporaires sont maintenues par la suite, renforçant la mainmise du Parti. 1) Autres faits : avant le 60e anniversaire, les médias ont reçu des consignes de censure extrêmement limitatives, comme ce quota de mauvaises nouvelles de 30% maximum, avec interdiction de les concentrer sur une seule région, ou cette interdiction d'évoquer toute rétrospective de la révolution culturelle. Soudainement, les mendiants qui pullulent d'ordinaire, jeunes et vieux dans Pékin autour des marchés et des gares, se sont fait rares – progressivement rapatriés dans leurs provinces. Tout le long de l'artère où se déroula la parade du 1er octobre, les résidents, même diplomates étrangers, ont été avertis de ne pas regarder par les fenêtres, et de ne pas inviter de gens à venir assister. 2) La nervosité vient aussi d'un fait de culture locale. 60 ans, c'est le cycle des 12 signes astraux, conjugués aux 5 éléments. Le nouveau cycle, en ses premiers jours, est instable, imprévisible. C'est pour cela qu'il fallait au Parti communiste chinois une fête puissante : pour se rassurer.
