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Alexandre Arcady : Cette terre algérienne a fait de moi l'homme et le cinéaste que je suis
Publié dans El Watan le 07 - 09 - 2012


Comment découvre-t-on l'univers de Yasmina Khadra?

Le roman de Yasmina Khadra est arrivé comme un don du ciel. Une sorte de miracle de la vie. J'attendais, depuis que j'ai commencé à faire du cinéma, une histoire comme celle-là. Une histoire d'amour aussi flamboyante, poignante et si emblématique. Les symboles étaient forts et l'univers décrit par l'auteur, magnifiquement fraternel.

Etrangement, et après avoir lu le roman, je songeais à vos premiers films. Avez-vous eu cette même sensation?

Bien sûr qu'il y a un lien entre Ce que le jour doit à la nuit et mon premier film Le Coup de sirocco, puis plus tard Le Grand carnaval et enfin Là-bas mon pays. Ce lien, c'est l'Algérie éternelle, c'est la terre de mon enfance, ce sont les premières années de ma vie. L'adaptation de ce roman m'a permis de puiser dans ces sensations et ces émotions. Cette terre algérienne a fait de moi l'homme et le cinéaste que je suis.

L'écriture de Khadra est à la base sèche, romantique et surtout cinématographique. Comment vous êtes-vous réapproprié cette configuration?

Quand Yasmina Khadra m'a confié l'adaptation de son roman, j'ai fait appel à Daniel Saint-Hamont, mon scénariste qui connaît si bien l'Algérie (il est né à Mascara) pour effectuer ce travail de mise en image. Il fallait être fidèle, non seulement à Yasmina Khadra, mais aussi aux lecteurs, si nombreux tant en France qu'en Algérie. Fidèle, mais avec les impératifs de narration cinématographique, c'est-à-dire les fulgurances, les raccourcis, les ellipses. Une nécessité, pour que le spectateur, contrairement au lecteur qui peut s'arrêter, reprendre, relire, entre dans l'histoire selon un rythme imposé, une durée décidée par le cinéaste. Je dois le prendre par la main pour l'amener dans un voyage qui commence en 1939 et se termine en 1962. C'est un exercice difficile, mais au regard des réactions que j'ai des spectateurs qui ont vu le film à travers la France, le pari est réussi. A cela, je voudrais rajouter ce que m'a dit Yasmina Khadra, après avoir vu pour la première fois le film : «J'aurais pu écrire mon roman comme tu as adapté ce film». Magnifique réaction d'un auteur.

Lorsque vous abordez l'Algérie, il est souvent question du passé, geste logique quand on connaît votre histoire. Or, ne craignez-vous pas que cette intention ne déréalise pas vos propos, renvoyant votre dernier film vers une nostalgie légèrement conservatrice ?

C'est le roman de Yasmina Khadra qui impose et reflète cette époque. Une visite d'un autre temps et qui fait partie intégrante de notre histoire collective. Ce qui est à mes yeux le plus important, c'est que pour la première fois, un romancier algérien nous plonge dans cette Algérie française. Il raconte les hommes et les femmes de cette époque, dans l'apaisement, la fraternité et sans oublier l'exclusion et la part d'injustice. Avec Daniel Saint-Hamont, nous avons voulu être très fidèles à la démarche de l'auteur. Yasmina Khadra est juste dans sa vision, il a privilégié le cœur, les hommes et la vérité… elle n'est pas unique !

Est-ce que l'Algérie contemporaine vous intéresse ? Souhaitez-vous questionner cette société dans vos prochains films ?

Bien sûr que l'Algérie d'aujourd'hui m'intéresse ! Je reste très attentif à ce qui se passe chez vous. Attentif et désireux que les barrières qui nous séparent encore aujourd'hui puissent être atténuées. Attentif et meurtri, je l'ai été quand l'Algérie était déchirée par la guerre civile. J'ai voulu témoigner moi aussi de ma solidarité et de ma tristesse face à une situation épouvantable. C'est pourquoi j'ai réalisé ce film Là-bas mon pays que j'avais présenté à Alger en avant-première mondiale. Demain, je reviendrai ici pour tourner l'adaptation d'un roman magnifique que je voudrais porter à l'écran Alger sans Mozart de Michel Canesi et Jamil Rahmani. Belle nouvelle aventure algérienne en perspective.

L'un de vos personnages, propriétaire terrien campé par Vincent Perez, dit : «Nous leur laissons notre terre. Je ne leur donne pas plus de 20 ans pour tomber.» Dans Là-bas mon pays, il est question d'un journaliste, français d'Algérie, qui revient pour mourir en martyr. L'avenir de l'Algérie est toujours incertain dans vos films. Comment filmer ce constat sans sombrer dans la vision passéiste ?

La scène que vous évoquez est un instant majeur dans le roman de Khadra. Il met en présence le «pionnier» et le «contemplatif». Les deux ont raison, mais l'histoire est cruelle et emporte souvent avec elle les espoirs déçus. Vincent Perez, Juan dans le film, dit à Younès cette phrase très importante pour moi et pour Khadra : «On a dû se tromper, mais qui ne se trompe pas !» Ce constat n'est ni sombre ni passéiste, il reflète la vérité.

Pensez-vous comme Jonas/Younes que l'avenir est derrière vous et le passé, devant ?

Comme le personnage de Jonas / Younès, je pense que l'avenir est toujours devant bien sûr, mais qu'il est bon de se retourner de temps en temps pour regarder le passé, ça nous aide à mieux comprendre le présent.

Le cinéma a-t-il pu devenir ce pont entre vos deux cultures ?

Je ne sais pas si le cinéma peut jouer un rôle de transformation dans notre monde si difficile à cerner, mais ce dont je suis sûr, c'est que nous, les artistes, avons un rôle à jouer : ouvrir les yeux, la tête et le cœur de nos concitoyens.

Votre mise en scène me semblait moins discrète que dans vos précédents films. Avec Ce que le jour doit à la nuit, on y trouve une technicité particulièrement visible qui renforce le lyrisme propre au mélodrame. C'était votre idée ?

La technique cinématographique est toujours au service d'une histoire. C'est le mouvement qui accompagne le sentiment, le frémissement d'une peau, la brillance d'un regard. Ce film, je le voulais ample, lumineux et sombre avec un rythme de montage moderne pour ne pas se laisser submerger par la beauté d'un paysage ou d'une image. C'est pourquoi Ce que le jour doit à la nuit est un film au rythme soutenu (il y a plus de 3400 plans) avec un désir sans cesse renouvelé de laisser les personnages, c'est-à-dire les acteurs, au premier plan de chaque action. J'ai tourné en permanence avec 3 caméras.


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