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«Le projet a été conçu dans l'opacité totale»
Publié dans El Watan le 26 - 03 - 2013

– La wilaya de Annaba a entamé la création d'une ville nouvelle à Draâ Erriche que pensez-vous des circonstances de sa localisation ?

Je ne crois pas qu'il s'agit d'une ville nouvelle au sens conventionnel du terme. Elle n'a pas été pensée dans une vision stratégique à même de réconforter ou réajuster l'armature urbaine de la wilaya. Pour ce qui est de sa localisation, il s'agit plutôt d'une improvisation. Il était question tout simplement au début de rechercher une potentialité foncière pour caser un reliquat de programme de 26 000 logements et surtout pour implanter deux grands équipements, en l'occurrence l'université et le CHU, qu'on n'arrivait pas à localiser faute de terrains publics. Manipulation langagière, expression de grandeur, circonstances de visite, tout ça a fait que le petit «pôle urbain» soit présenté et adopté comme une ville nouvelle ravageant plus de 1340 ha de domaine forestier et agricole.

– En qualité d'expert, ce projet répond-il aux nouvelles normes d'aménagement et d'urbanisme ou reproduit-on la nouvelle ville Ali Mendjeli ?

Il faut dire que l'élaboration d'un aussi important projet se déroule dans une opacité totale et a besoin d'être élargie à l'ensemble des compétences nationale et locale. Il s'agit d'un projet important qui correspond à la taille de Annaba-Centre, dont on va réaliser sur un terrain rocheux et très contraignant, il ne peut être l'œuvre d'un cercle restreint de services de l'Etat où les intérêts sont souvent contradictoires. Le pilotage de l'action publique en matière d'aménagement urbain postfordiste a connu de réelles évolutions qu'on pourrait adopter pour s'éloigner des méthodes jacobines. En ce qui concerne le plan d'aménagement, ou «master plan» comme on se plaît à le qualifier, il y a beaucoup de choses à rattraper si l'on veut échapper aux clichés sarcellites (cités-dortoirs).

– Quelle critique faites-vous sur le plan d'aménagement de ce projet ?

A la lecture du plan d'aménagement, on peut remarquer l'absence d'espaces publics, d'espaces verts, d'aires de jeux pour enfants, de hiérarchisation des espaces résidentiels et de la trame viaire, de préservation de bosquets d'arbres. Les entrées, les accès des grands équipements ne font pas l'objet d'un soin particulier. Il fallait identifier des axes structurants pour porter le corps de la ville, afficher de réelles intentions et identifier des «idéals types» formels pour les îlots résidentiels et centraux. On aurait pu opposer au chemin de grue, une composition urbaine de type paysagiste assez réfléchie pour orchestrer le jeu des formes et le déploiement des fonctions dans un tapis de verdure, déroulé pour de réelles promenades. Les grands équipements, CHU et université, sont placés en situation de solitaires, soit comme de simples emprises-vitrines érigés le long de la RN44. Fallait-il disposer ces équipements à l'intérieur de la ville de façon à créer autour d'eux des ambiances civiques et pourquoi pas une turbine commerciale qui se propagera vers les boulevards commerciaux et les espaces publics. On aurait pu placer à l'entrée de Draâ Erriche et le long de la RN44 des showrooms, des hôtels, des équipements récréatifs, des hypermarchés, pour attirer les flux de passants et irriguer le centre de flots de visiteurs, combien nécessaires pour accroître son urbanité et donner à ce corps de pierre.

– En dehors de ces problèmes liés au fonctionnement de la ville, les questions de paysage naturel et de qualités spatiales sont-elles prises en charge ?

Le site de Drâa Erriche et sa dénomination même renvoient à un véritable écosystème qu'on va balafrer, alors qu'on prône le développement durable. Le dernier plan prévoit une artificialisation presque totale du site, soit une nappe blanche qui ne laissera plus transparaître de végétations et d'arbustes, si ce n'est les servitudes de l'oued. C'est vraiment une logique de bulldozer. L'adoption d'une trame orthogonale et d'un système d'îlotage très rigide ne permet pas de s'adapter à la nature curviligne du site ni d'épouser ses lignes de force. En définitive, on aura droit à une figurative urbaine morose qui rappelle tristement l'imagerie des lotissements défectueux de Oued Forcha, Sidi Aïssa, Oued Kouba, au meilleur des cas. Des constructions denses et élancées, aux pieds de girafe. Il faut dire que les arrangements urbains et architecturaux ne mobilisent aucun modèle clair, pour donner à voir des artefacts et des ambiances visuelles. Pas de coupes, pas de profil, ni de perspectives d'ambiance, la conception est bidimensionnelle, alors que le terrain est collinaire.

– Vous avez été l'expert consultant pour la révision du PDAU intercommunal du Grand-Annaba, ces choses n'ont-elles pas été prévues ?

Rien n'a été fait. Il faut dire que certaines actions dépassent les prérogatives des autorités locales et que les résistances au changement sont un fait avéré. On évoque toujours l'urgence pour justifier les actions les plus aberrantes, même si celles-ci se gèrent par des stratégies spatio-temporelles. Ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est comment continuer à urbaniser à coup de permis de lotir juxtaposés sur les hauteurs de Sidi Aïssa et Oued Forcha, sans qu'il y ait un POS pour encadrer l'urbanisation ou un simple schéma de structure, pour ne pas compromettre l'avenir de ces zones ? Ce sont des constructions en R+9, il n'y a pas pourtant urgence ! Les lotissements additionnés ne font pas la ville, il suffit de voir la situation des lotissements d'El Chatt, de Kherraza, Chaïba, etc. Je crois que le défi aujourd'hui est de profiter de la profusion pour bâtir de véritables villes, non pas sur des sites vierges, mais autour de noyaux existants, comme par exemple Kherraza, Aïn Berda, El Gantra, Berrahal et tant d'autres conglomérats, au lieu d'aller dilapider de l'argent pour le brise-roche et le bulldozer.

– Quelles sont vos recommandations pour réajuster le tir ?

Il faudrait d'abord accélérer le processus d'acquisition foncière des 190 ha situés à El Gantra-Aïn Djebara et lancer une grande opération de revitalisation de la zone Hadjar Ediss et mettre de l'ordre dans ce conglomérat potentiellement vulnérable. Penser parallèlement à une opération de conurbation des localités d'El Harrouchi et Aïn Berda qui sera l'occasion d'équilibrer l'armature urbaine de la wilaya et d'anticiper sur les effets induits de la ZIDI Aïn Sayd en termes d'immobilier et de services aux entreprises. Limiter aussi l'urbanisation au niveau de Draâ Erriche à la taille d'un pôle urbain à 26 000 unités pour adopter un urbanisme durable respectueux de l'écosystème en place et éviter de sacrifier plus de 1200 ha de forêt et 175 ha de terres agricoles. Ce nouveau fragment urbain doit être soigneusement articulé au centre existant. Relancer, également, l'agence foncière de wilaya dans sa mission d'acquisition et de portage fonciers pour préparer le lancement de grands projets de requalification des boulevards urbains d'Afrique, de l'ALN, de Bouzered Hocine, etc., qui sont en train d'être rongés par la spéculation immobilière, sans un réel accompagnement institutionnel, notamment en termes d'élargissement des voies, d'injection des équipements, d'aménagement d'espaces publics. Enfin, mettre en place un véritable système de maîtrise d'ouvrage, à commencer par la désignation d'un comité des sages présidé par le wali regroupant les représentants de l'Etat, les élus, les sages, la société civile, les investisseurs, assisté d'un noyau indépendant d'experts. Un deuxième niveau de pilotage sera assigné aux aménageurs dont la vocation est opérationnelle. Leur conseil d'administration donnera une large représentation aux bailleurs financiers et fonciers et surtout aux services de l'urbanisme. Le noyau des experts permet de ressourcer les édiles en matière d'idées. Il vulgarise et légitime les projets auprès du large public. Il élabore les stratégies et les plans de structure pour débloquer certaines situations d'urgence.


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