Notre pays s'installe ainsi à la 125e place, reculant de 3 points en raison, expliquent les rapporteurs, de «la multiplication des agression et des procès à l'encontre des professionnels de l'information, et l'augmentation des pressions économiques sur les médias indépendants». Les rédacteurs du rapport de RSF semblent déceler un manque de volonté politique dans l'ouverture du paysage audiovisuel. «Plus d'un an après le vote par le Parlement d'une nouvelle loi sur l'information, notent-ils, censée abolir le monopole de l'audiovisuel public, l'autorité de régulation, préalable indispensable, n'a pas encore été instituée. Aucune chaîne de droit privé n'a pu voir le jour. La nouvelle législation reste donc théorique, un simple effet d'annonce.» L'Algérie demeure ainsi l'un des pays les moins respectueux de la liberté de la presse, coincée entre le Soudan du Sud (124e) et l'Afghanistan (128e). Elle est mieux lotie que le Zimbabwe (133e) ou la Tunisie (138e), mais en retrait par rapport à la Côte d'Ivoire (96e), au Malawi (75e) ou au Niger (43e). Le Maroc, de son côté, a gagné deux points mais reste en bas du tableau. Reporters sans frontières dénonce l'arbitraire et l'absence de transparence dans les prises de décision du royaume, notamment dans l'octroi et le retrait d'accréditations. Pour le reste, il n'y a pas de changement majeur. Les pays nordiques démontrent une nouvelle fois leur propension à assurer un environnement sain pour les journalistes. La Finlande, les Pays-Bas et la Norvège occupent la tête du classement ; ils sont suivis par le Luxembourg (4e), le Danemark (6e), la Suède (10e) et la Jamaïque (13e). En Afrique, la Namibie (19e), le Botswana (40e), le Burkina Faso (46e), le Sénégal (59e) et la Mauritanie (67e) se distinguent comme les pays les plus respectueux du droit d'informer. En perdant 74 places, le Mali (99e) enregistre la plus forte régression du classement suite aux turbulences qui ont frappé le pays. En bas du classement figure ce que les rapporteurs de RSF nomment le «trio infernal», à savoir le Turkménistan, la Corée du Nord et l'Erythrée. Pour la deuxième fois consécutive, ils sont précédés par la Syrie (176e place) où se déroule, selon les termes des rédacteurs du rapport, «une guerre de l'information sanguinaire».