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Arch Iwaquren (Bouira) : Tadart, ce canal…historique
Publié dans El Watan le 13 - 07 - 2013

Une longue file de véhicules stationnés au bord d'une piste poussiéreuse. En contrebas, une école désaffectée grouille de monde. Atmosphère des grands jours. Bourdonneuse et joyeuse. Dans les airs flottent le drapeau national et des fanions. Une ambiance de fête a régné en ce début de juin à Tadart Lejdid, sur les hauteurs du Arch Iwaquren, au pied du mont Lala Khelidja. Nous sommes sur le territoire de la commune de Saharidj dont dépend le village. Tout ce beau monde arrive d'un peu plus bas, du village Raffour, qui, lui, dépend d'une autre commune, celle de M'Chedallah. Pays des invraisemblances, cela donne une seule population ballottée entre deux communes : M'Chedallah pour la résidence, Saharidj pour les terres.
Cinquante ans après l'indépendance, la dislocation demeure comme les restes de l'œuvre «civilisatrice» du colonialisme français. Raffour, aujourd'hui carrefour commercial grandissant, a existé depuis que le colonisateur y a créé un camp de toile pour faire établir Iwaquren, avec ces deux villages, Ighzer et Tadart Lejdid, unis dans la profondeur et la fierté des origines. Les avions français ont bombardé toute la région devenue un tas de décombres en haute montagne. Le topo n'a pas changé depuis à Iwaquren qui tente à ce jour de renaître de ses cendres dans ces montagnes de Kabylie où beaucoup de villages kabyles rendent l'écho du vide qui les habite.
En ce jour de juin, Iwaquren de Tadart ont fêté la réception d'un projet dans lequel ils ont mis toute leur énergie. Mais aussi leurs espoirs d'une renaissance. Un canal ancestral, terga, a été réhabilité, avec l'argent de l'Union européenne. Dans ces montagnes de Kabylie, ou ailleurs dans l'Algérie profonde, on ne connaît pas encore la couleur du fonds de régulation des recettes, notre fameux fonds souverain, le 14e fonds le plus important du monde avec ses 77,2 milliards de dollars. Il servira encore dans les classements. En attendant un autre usage, la population de Tadart Lejdid, le village aux 44 martyrs, a mis la main à la poche pour réunir l'équivalent de 20% du coût global du projet. «C'est un travail de titan» répète Mohand Saïd, fier comme ces centaines de villageois, de cette réalisation nourrie par la détermination et les efforts conjugués.
A l'origine, ce canal parcourt un tracé ancestral d'un peu plus de quatre kilomètres. Il existait bien avant que les Français ne soient là. Les années l'ont effacé à certains endroits. Et pour le réhabiliter, il a fallu beaucoup d'opiniâtreté, et dans ces recoins du Djurdjura, la volonté est de pierre. Réalisé sous l'intitulé : «Programme d'appui au plan national de développement agricole et rural», le projet de «captage de sources et réhabilitation d'un canal d'irrigation» a coûté plus de 10 millions de dinars dont un apport de 74 000 euros de l'Union européenne (7,8 millions de dinars) et 800 000 DA de l'APW de Bouira. Pour venir en appoint à l'entreprise retenue, Iwaquren ont dû retrousser leurs manches. Depuis octobre 2010, ils se sont rassemblés autour de trois grands volontariats. A chaque fois, un minimum de 200 personnes répondaient volontiers à l'appel dans un élan communautaire, de solidarité et d'entraide qui n'a pas quitté les villages kabyles.
Une histoire d'eau
Le canal de Tadart reprend vie sur une longueur de quelque quatre kilomètres (3,7 km plus exactement). Désormais, il achemine l'eau depuis la haute montagne pour arriver jusqu'aux parcelles de terrain, tiferkiwine, qu'elle irrigue. Elle arrive de là-haut, de la source de Tigdaline qui culmine à près de 1200 mètres d'altitude et qui a de tout temps étanché la soif des aïeux. A son débit d'étiage, l'eau y coule avec 10 litres par seconde. En hiver, avec surtout la fonte de la neige des monts du Djurdjura, elle déborde tout simplement.
Le tracé a affronté la nature et le temps pour rester visible et exploitable. Son origine est très lointaine. Doublement ou plusieurs fois séculaire ? «Seules les archives françaises pourront nous répondre», estime Brahim Sahraoui, trésorier de Tadukli, l'association du village qui a piloté jalousement ce projet. «A l'origine, l'eau de terga servait aussi pour combattre les feux de forêt», explique Brahim à l'ex-représentante de l'Union européenne, Mme Boucenna, et à l'ex-directeur du projet, M. Trabelsi, qui ont fait le déplacement à partir d'Alger. Celui-ci ne tarit pas d'éloges envers la population, qui «a poussé le projet jusqu'au bout».
«Cela nous donne de l'optimisme quant au développement rural. C'est un grand motif de fierté pour toute la région et même pour l'ensemble du pays. Que ça donne une leçon à nos décideurs pour faire confiance à toutes ces énergies qui existent, latentes, et les mettre à contribution pour faire avancer les choses», suggère M. Trabelsi. «Une association qui, grâce à notre financement, a pu piloter elle-même la construction d'une piste d'intérêt général de quatre kilomètres, c'est plutôt rare en Algérie», ajoute notre interlocuteur pour qui «il est possible de faire des miracles dans ce pays». Bassin de captage, canal en buses et demi-buses, regards tampon, le projet a été réalisé en moins de deux ans et non sans difficultés à cause d'un relief accidenté. «Les éboulements de terrain étaient tels que nous avons douté un moment de l'utilité de nos efforts», nous confient certains villageois.
«Le projet a été terminé à la fin de 2011, mais officiellement réceptionné aujourd'hui (8 juin 2013) parce qu'il a fallu attendre toute l'année 2012 pour vérifier son bon fonctionnement», explique Brahim Sahraoui. Reste maintenant à veiller à la distribution de l'eau à tous les propriétaires qui l'utiliseront pour l'irrigation de leurs terres. «Nous allons élaborer un plan de répartition avec un règlement intérieur de fonctionnement de terga. Nous fonctionnerons en sous-régions et chacune bénéficiera d'un bassin de récupération. C'est un projet ambitieux parce qu'il demande un grand budget et des beaucoup d'efforts physiques», soutient le membre de l'association, convaincu que «ce bien ancestral renforcera l'esprit de partage au sein de la population de Tadart».
«Nous sollicitons l'aide de l'état… »
Un projet à suivre. Et ce n'est pas en si bon chemin que Tadart compte s'arrêter. «Nous souhaitons que l'Etat puisse nous donner un coup de main pour clôturer notre cimetière», nous dit Boutemeur Ahmed, président de l'association Tadukli. Dans cette contrée du Djurdjura, où Lala Khelidja, le point culminant du massif avec 2308 mètres, touche le ciel, on nourrit le rêve de voir revivre les villages vidés par l'exode. A Tadart Lejdid, on rêve de voir le village renaître de ses cendres, de ses vraies cendres, celles qui portent la suie du colonialisme. Comme on rêve aussi de voir se déclencher le processus du retour de tous ses enfants. Le canal réhabilité des ancêtres semble en être le début, avec son eau qui est source de vie.


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