Hier, l'Algérie a célébré le 67e anniversaire de la création du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). La proclamation du GPRA a eu lieu simultanément au Caire, à Tunis et à Rabat le 18 septembre, avec effet à compter du 19 septembre à 13 heures. Cet évènement phare a permis de faire entendre la voix du peuple algérien dans le monde et de conférer la légitimité à sa lutte armée. Il a également contribué à la consolidation des principes immuables de la diplomatie algérienne. La création du GPRA a constitué une suite logique de l'évolution de l'action révolutionnaire pour mieux gérer la bataille politique et diplomatique et faire face à la propagande coloniale qui niait les droits du peuple algérien à la liberté et à la souveraineté. Cette création visait également une pleine internationalisation de la cause algérienne outre la mobilisation de la solidarité internationale y compris les Organisations non-gouvernementales (ONG) et les personnalités influentes dont les peuples et les Français épris de liberté, pour inscrire la question à l'ordre du jour des Nations unies en tant que question de décolonisation malgré l'obstination de l'occupant. La Chine avait été le premier pays non-arabe à reconnaître immédiatement le GPRA en 1958, les ex-pays socialistes d'Europe et d'Asie, ainsi que Cuba et des pays d'Afrique subsaharienne ont également reconnu le GPRA pendant la Guerre de libération nationale. Les pays occidentaux, alliés de la France coloniale, dans le cadre de l'OTAN, dans sa guerre contre les Algériens, n'avaient pas reconnu le GPRA. Pour rappel, dès les premières années de la Guerre de libération, le besoin de conférer à la Révolution une couverture juridique à l'échelle internationale et d'unifier les efforts de ses dirigeants s'est imposé. Le Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), réuni au Caire du 20 au 27 août 1957, a, alors, décidé de créer le Gouvernement provisoire de la République algérienne, officiellement proclamé le 19 septembre de l'année suivante. Le GPRA, qui a connu trois formations de 1958 à 1962 sous la présidence de Ferhat Abbas puis Benyoucef Benkhedda, s'imposa comme représentant légitime du peuple algérien lors des négociations d'Evian, lesquelles ont abouti à la signature de l'accord de cessez-le-feu le 19 mars 1962, puis à l'indépendance. La proclamation du GPRA intervint dans un contexte crucial. La Révolution était à sa quatrième année et des événements majeurs avaient eu lieu côté français, notamment le retour du général Charles de Gaulle au pouvoir. L'idée de créer un gouvernement provisoire avait été envisagée au sein du mouvement national depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Selon des historiens, le GPRA s'attela, dès sa création, à faire entendre la voix de la Révolution à travers la participation de plusieurs de ses membres à des conférences internationales, notamment africaines et arabes, et en effectuant des visites dans des pays frères et solidaires. Les membres de ce Gouvernement ont pris part aux conférences internationales d'Accra (Ghana) en décembre 1958, de Monrovia (Liberia) en août 1959 et de Tunis en janvier 1960. La première action entreprise par le GPRA fut de dénoncer, le 20 septembre 1958 aux Nations unies, le référendum décidé par le Général Charles de Gaulle. Le GPRA a réussi à déjouer toutes les conspirations ourdies par l'Etat français, et à anéantir les propagandes malveillantes diffusées par l'administration coloniale qui prétendaient qu'il n'existait aucun interlocuteur valable pour engager des négociations de paix. «Le GPRA, émanation de la volonté du peuple, pleinement conscient de toutes ses responsabilités, s'engage à les assumer toutes, la première étant de conduire le peuple et l'Armée jusqu'à la réalisation de la libération nationale…», est-il souligné dans la déclaration officielle de la création du GPRA, lue par son Président Ferhat Abbas. «Le mythe de l'Algérie française et le leurre de l'intégration ne sont que les fruits d'une politique de force et de violence», ajoute le même document, affirmant que «l'Algérie n'est pas la France et que le peuple algérien n'est pas français». Les manifestations urbaines de décembre 1960 ont convaincu les observateurs internationaux de l'adhésion du peuple algérien aux mots d'ordre du GPRA. Le GPRA s'est imposé comme seul représentant jusqu'à l'accord de cessez-le-feu le 19 mars 1962 et a dirigé l'Algérie jusqu'au recouvrement de son indépendance le 5 juillet 1962.