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Le Bail du Bey
Publié dans El Watan le 25 - 10 - 2014

Le climat de la pièce est très léger, même si on est à la veille de l'invasion française. Une période de troubles dans tous les domaines, avec une instabilité politique chronique. L'ojak, constitué de janissaires, avait des prérogatives exagérées et agissait au gré de ses humeurs pour la nomination des régents dans l'Algérie ancienne. C'est dans ce décor, où le pouvoir est précaire, que le rideau s'ouvre sur Salah Bey.
Il est dans une tenue débraillée, tournant en rond dans une grotte reliée par des couloirs souterrains au palais. Sa présence dans ce lieu insolite renseigne sur son désir de se sortir des influences que peuvent exercer sur lui ses conseillers et ses courtisans. Donc, il n'est ni en exil encore moins en fuite.
Il s'est juste aménagé un lieu idéal propice à la méditation et à la décision. Pendant ces instants de solitude, le Bey veut oublier l'obséquiosité de son entourage qui lui fait croire qu'il est irréprochable et que tout va bien dans le beylicat de Constantine. Dans ces moments d'isolement et d'absence du potentat, c'est le grand vizir qui gère les affaires courantes. Il est assez ouvert et fait preuve d'une certaine souplesse. Il est entouré par toute une cour où l'on reconnaît le poète du palais, le ministre de la Culture et les officiers de sécurité.
Le poète a pour fonction de veiller sur l'égo et l'orgueil du régent qui doivent être flattés à tout instant. Il doit par ailleurs être à l'écoute de tout ce qui se dit chez la population. Rapidement, l'on se rend compte que le Bey détient toutes les manettes du pouvoir. Il ne laisse aucune marge de manœuvre ou d'initiative à ses collaborateurs et étouffe ses administrés. Il aime bien aussi se mouvoir de façon secrète dans son palais pour surprendre les uns et les autres.
C'est ainsi qu'il découvre que le ministre de la Culture a l'intention d'organiser des joutes oratoires publiques et faire participer toute la population à cette manifestation. Pour le potentat, c'est la porte ouverte à la liberté d'expression. Il voit déjà l'opportunité pour certains de se saisir de cette occasion pour tenir des propos subversifs ou faire prendre conscience aux gens de leur condition peu reluisante. Le poète Habib Tengour, avec sa truculence légendaire, met dans la bouche des personnages des mots qui fusent et font mouche à chaque tirade.
Il arrive à explorer à travers les différentes scènes et les didascalies qui servent d'introduction à chaque tableau, tous les arcanes du pouvoir du Bey. Le spectateur attentif saisit rapidement que cette façon de présenter les choses n'est qu'une métaphore de tous les pouvoirs despotiques passés et présents. On retrouve chez le peuple des préoccupations concernant les pénuries endémiques qui empoisonnent un quotidien très difficile. Mais aussi l'incapacité du pouvoir à se passer des importations massives de biens. Le grand Vizir déroule devant Salah Bey les échecs du régime et les moyens d'y remédier.
Mais le Bey donne l'impression que le maintien du statu quo renforce son pouvoir et son emprise sur la société. Le seul secteur ayant les faveurs du Régent est le bâtiment. Salah Bey veut faire de Constantine une ville avec des ouvrages d'art gigantesques et des constructions grandioses. D'ailleurs, dans les récits des voyageurs parus dans la presse française du XIXe siècle, on retrouve l'émerveillement devant certaines réalisations à Constantine, surtout le palais du Bey et toutes les légendes qui ont entouré sa construction.
Habib Tengour promène aussi le spectateur/lecteur dans l'envers du décor, en donnant un aperçu des intrigues qui se trament dans le harem du Bey. Khadidja et Anissa, les deux premières épouses, cohabitent en bonne intelligence avec les autres concubines et même Déborah, la favorite du Bey. Ces dames veillent aussi au bien-être du Bey et essayent d'anticiper sur les éventuels coups fourrés qui viendraient de la femme du Dey d'Alger.
Cette dernière voue une haine incommensurable au Bey. A partir de là, on comprend que toute la stratégie du Bey consiste à se maintenir au pouvoir, quitte à se mettre dans une logique sécessionniste, comme l'avait fait le Bey de Tunis. L'auteur de la pièce au fil des scènes introduit des éléments anachroniques pour accentuer le loufoque. On pense ici, à l'apparition dans la pièce des coryphées des supporters des deux clubs légendaires de football du CSC et du MOC.
Ils sont clairement identifiés en tant que tels alors que l'action est supposée se dérouler à la fin du XVIIIe siècle. L'on se rend compte que les supporters incarnent l'anarchie et la contestation. Ils représentent la foule capable des pires actions. L'auteur n'oublie pas de mettre en exergue le rôle joué par les dignitaires religieux dans la cité et le peu d'autorité qu'ils peuvent avoir sur leurs ouailles. En tous les cas, Habib Tengour réussit à nous faire lire une tragédie aux solides références historiques et politiques. La pièce est un pur délice car on a affaire à un vrai texte poétique.


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