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Dahmane El Harrachi, le chanteur de la périphérie
Publié dans El Watan le 15 - 11 - 2014

Thawratou El Harrachi (La révolution d'El Harrachi), le premier documentaire consacré à la vie et à l'œuvre de Dahmane El Harrachi, a clôturé, mercredi soir, à la salle El Mougar, à Alger, les 5es Journées cinématographiques d'Alger (JCA). Le film, écrit et conçu par l'Algérien Mourad Ouabbas et réalisé par la Libanaise Farah Alame, raconte l'histoire de celui qui a révolutionné le chaâbi à sa façon et avec courage. Cassant la tradition du ‘‘qcid'' et du rituel des soirées chaâbies, Abderrahmane Amrani ou Dahmane El Harrachi, né en 1926, à El Biar, à Alger, a inventé la chansonnette gorgée de sagesse populaire et de mélodies châabies.
«Natif d'une famille composée de onze membres, Abderrahmane a vécu son enfance à Belcourt, dans une ancienne maison qui existe encore aujourd'hui. Tous ses amis témoignent de sa modestie et son grand amour pour la musique. Sa vie n'a pas été facile. Il a travaillé comme cordonnier, puis comme revendeur de tickets dans une gare ferroviaire», est-il raconté dans le début du documentaire. La parole a été donnée à certains artistes qui ont connu Dahmane El Harrachi, comme Kamel Hamadi ou Cheikh Namous, et à ceux qui ont repris ses chansons, comme Cheb Khaled.
Le journaliste et chercheur en patrimoine populaire, Mahdi Berrached, a estimé que les chansons de Dahmane El Harrachi interpellaient les profondeurs de la société algérienne. Selon lui, l'interprète de Khebi serek ya el ghafel a dépassé le schéma musical tracé par El Hadj M'hamed El Anka, élève de Hadj Nador, à partir de La Casbah d'Alger. Kamel Hamadi a rappelé que la plupart des chanteurs de chaâbi sont sortis de ce quartier ou de ses alentours, comme Hsissen, Hadj M'rizek et d'autres.
«Dahmane El Harrachi n'était donc pas venu de La Casbah. C'était le fils de la périphérie. Il ne se sentait pas obligé de respecter les codes imposés par la ville ou par El Anka pour le chant chaâbi. El Anka était orthodoxe dans la musique, refusait que l'on change quoi que ce soit. On l'appelait le Cardinal. Certains ne comprenaient pas comment Dahmane El Harrachi pouvait chanter le chaâbi loin de La Casbah, de ses cafés, de ses terrasses et des youyous des femmes», a précisé Mahdi Berrached.
Dahmane El Harrachi s'est installé à partir de 1949 en France, où il devait accompagner certains chanteurs de l'immigration dans les cafés-concerts en tant que musicien. «Lorsqu'il a écouté le premier enregistrement de Dahmane El Harrachi, le producteur de ‘‘La voix du Globe'' a cru que le chanteur était enrhumé. Salah Saâdaoui, qui accompagnait Dahmane, a tenté de le convaincre qu'il chantait de cette manière. Le producteur a refusé de faire sortir le disque», s'est rappelé Kamel Hamadi. Ahmed Hachelaf, responsable à l'époque chez Pathé Marconi, à Paris, produira le disque plus tard.
En 1956, Dahmane El Harrachi sortira Bahdja beidha mathoul, en hommage à Alger qui combattait le colonialisme français. Un ami de Dahmane a révélé qu'au lendemain de l'indépendance, le chanteur et Salah Saâdaoui avaient été arrêtés par des combattants de la Wilaya IV historique pour des raisons inconnues, puis ont été libérés. Sa voix particulière et son jeu du banjo, puis de la mandole ont fait sa réputation. Dahmane El Harrachi écrira plusieurs chansons à partir du milieu des années 1960.
Des chansons qui n'étaient pas aimées par le régime né du coup d'Etat contre Ben Bella. Ya kassi alach zaydli fel demar, qui évoquait les ravages de l'alcoolisme, a été interdite par le pouvoir du colonel Boumediène. «El Harrachi était écouté dans les cafés, les bars ou entre copains en bord de mer. Il ne rentrait pas dans les maisons», a relevé Mahdi Berrached.
Comme le chanteur oranais Ahmed Saber, Dahmane El Harrachi n'était pas apprécié par «le culturellement correct» d'Alger et «le politiquement parfait» du système politico-militaire de Boumediène. Les chansons de Dahmane El Harrachi étaient concentrées sur les maux de la société et sur les rapports humains pollués par les vices. Cheb Khaled a rappelé que l'intro du film et de l'album 1, 2, 3 soleil ; Ya rayah, a redonné vie à cette chanson et dans la foulée à Dahmane El Harrachi. Rachid Taha avait repris Ya rayah en hommage à son père qui aimait cette chanson.
«Je suis fier d'être le fils de Dahmane El Harrachi. J'essaie, ici, en France de passer par le même chemin que celui de mon père, vivre la même histoire. Je tente de rester dans la continuité. Les textes et les airs dans les chansons de mon père ne se ressemblent pas. C'est extraordinaire», a confié Kamel Amrani, assis à côté de sa mère Aïcha, son épouse et sa petite fille. «J'espère que Kamel poursuivra ce qu'a fait son père. Lorsqu'il chante, il me rappelle Dahmane», a déclaré Aïcha Amrani, veuve de Dahmane El Harrachi.
Mourad Ouabbas, qui a travaillé pendant plus d'une année sur le projet, a éprouvé beaucoup de difficultés pour trouver un producteur algérien au documentaire. «Personne n'a voulu prendre en charge le projet ou discuter même l'idée du documentaire. Je n'ai trouvé aucune explication à ce refus et à ce mépris. Les chaînes de télévision, privées et publiques, ont également rejeté l'offre de vente du document, toujours sans aucun argument valable», a-t-il regretté.
La société libanaise, Darkside, a accepté de financer et de produire le documentaire. Il n'existe, selon Mourad Ouabbas, aucun livre ni aucun document sur le parcours artistique de Dahmane El Harrachi en Algérie. L'histoire culturelle du pays est-elle livrée aux quatre vents ? Visiblement oui. «El Harrachi a fait une révolution dans le chaâbi après El Anka. Il a rénové ses chants à sa manière. C'est un modèle unique dans l'histoire de la musique algérienne. Je ne pense pas qu'on aura un autre El Harrachi dans le futur. Il était auteur, compositeur et chanteur, doté d'une voix très particulière. Ce phénomène artistique ne se répètera pas», a souligné Mourad Ouabbas.


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